alleztheo premier trimestre 2020
PAROLE
La source hébraïque n'est pas la source
grecque, elle est aussi discursive et cohérente, mais elle est logique sans
être rationalisante.
La source hébraïque est dialectique (elle
utilise des opposés non contradictoires, qui suscitent la réflexion, qui ouvrent
des perspectives). Aisi, elle parle d'une justice qui est miséricorde en même
temps que d'une miséricorde qui est justice et elle nomme cela non pas Principe, Absolu, Sacré,
Liberté, mais Parole qui renvoie à la Sainteté du Saint Unique de la Bible.
Concept dialectique réciproque, autosuffisant.
Ce n'est pas ce que l'on appelle un oxymore
(la justice inique, la miséricorde sans pitié). Ce n'est pas ce que l'on nomme un
dilemme : deux termes entre lesquels il faudra nécessairement opter. Ce n'est pas
une harmonie des contraires puisque ce sont des opposés pas de contraires. Ce n'est
pas un paradoxe stérile, qui reste u jeu de mots, un jeux entre des concepts. C'est
un paradoxe du style dialectique justement, qui produit quelque chose, comme, par
exemple, le hasard et la nécessité de
qui découle l'univers. Ce n'est pas non plus le pro-jet qui est liberté, c'est l'ouverture
(autre façon de dire: le don) d'un a-venir (toujours à-venir), histoire, et
Histoire.
Suivant la Bible, la Sainteté n'est pas
offerte, elle est donnée, à la fois individuellement et universellement,
surtout, elle est toujours en avant de nous. La dialectique de la justice qui
est miséricorde en même temps que miséricorde qui est justice, produit la
Transcendance: une Parole d'à-venir qui ne cesse de venir à nous (non liberté,
mais libératrice). En tant qu'elle est une délibération libérante, elle reste
logique de bout en bout, mais comme toujours à-venir, elle n'est pas
rationalisante. Parole donneuse de sens inépuisable, elle établit une relation
toujours novatrice de personne à personne, ce que ne font pas le hasard et la
nécessité.
La Bible, comme Premier Testament, contient
les Paroles adressées historiquement et prophétiquement au peuple Juif et,
ensuite, de même, à ceux qui sont "En Christ", dans le Christ Jésus
de Nazareth, avec la charge de les apporter à
tous les autres.
Paroles qui suscitent la confiance parce
qu'elles sont libératrices, qu'elles parlent au cœur et à l'imagination,
qu'elles font penser et poussent à l'action et à la créativité.
Ajoutons que c'est ordinairement dans un
deuxième temps que je rapporte cette Parole à Celui qui, seul, peut les avoir
inspirées. Plus tard encore j'ai appris que celui qui se nomme lui-même ici
"Seigneur Dieu" est le Saint Unique qui est justice et miséricorde,
miséricorde et justice, jamais justice sans miséricorde, miséricorde sans
justice (Ps 99, 8-9, Ps 103, le "Dieu jaloux"
d'Exode 20,5-6) autrement dit: "paix". Et, mieux encore, à la suite
de l'Évangile de Jésus: "le
Père".
‟Mon âme, bénis le Seigneur ” (Ps 103, 1)
Question préliminaire : est-ce nous qui
bénissons le Seigneur ou est-ce le Seigneur qui nous bénit ? Nous comprenons
qu'ici le mot BâRaK est l'équivalent
de "remercier" ou "louer".
La traduction courante de NèPhèCh par "âme" n'est pas entièrement
heureuse parce que, pour beaucoup, le mot d'âme
est compris au sens grec de la psychè.
Dans l'anthropologie biblique, la NèPhèCh ne se sépare pas du corps, de
l'esprit et du cœur (l'âme peut mourir avec le corps: Matthieu 10, 28), alors
que, dans la pensée grecque, la psychè,
immortelle par essence, s'unit avec un corps dont elle se sépare au moment de
la mort. Pour la Bible, le corps, l'âme, l'esprit et le cœur ne se séparent ni
dans la vie ni dans la mort. Dans le
monde grec, à la naissance, une âme immortelle, issue des sphères célestes,
s'unit, pour un temps, avec un corps mortel. Lors de la mort, la psychè quitte le corps et, selon ce qu' été sa vie
dans le corps, rejoint soit son lieu d'origine, soit l'Hadès
(Enfers).
Dans le cadre de l'anthropologie
synthétique biblique, "mon âme" est l'équivalent de "mon être
tout entier", "ma vie tout entière", "avec toute mon
existence".
Selon une histoire bien connue, depuis
qu'elle a été étudiée par Adolf von Harnack ( le courant principal du
christianisme, en ses débuts, s'est fortement hellénisé. La pensée scientifique
se superposant à cette évolution, on a pu en arriver à une série de difficultés
: - à quel moment l'âme s'unit-elle
au corps? Est-ce lors de la conception, avec l'embryon ou avec le fœtus ?
-
étant donné la séparation de l'âme et du corps lors du décès, il faut
imaginer qu'à la résurrection des cops (Symbole des Apôtres), l'âme va revenir
pour s'unir à nouveau au corps.(Catéchisme
catholique, p.).
La résurrection n'est pas non plus
facile à concevoir dans le cadre de l'anthropologie synthétique biblique. Si le
corps et l'âme sont unis dans la vie et dans la mort, avec le décès tout
disparaît (en quoi nous rejoignons le positivisme). Selon l'apocalyptique
biblique, la résurrection universelle des humains au Dernier Jour se produit par
une Parole de justice et de miséricorde qui prononce notre nom à partir de
rien.
Mais l'espérance chrétienne ne se borne
pas à cela. Elle tient compte d'une donnée nouvelle qui s'exprime de deux
façons: en termes bibliques, d'une façon générale : ‟Vos noms sont inscrits dans les cieux” et
avec l'expression christologique particulariste : ‟ ceux qui sont en Christ”.
‟Vos noms, inscrits dans les cieux” (Lc
10-20):
‟En Christ”:
La laïcisation de la mort nous a donné
des expressions du genre : ‟Tout retourne dans le circuit de la Nature”,
‟Il-Elle est dans la lumière”, ‟Il-Elle nous regarde de là haut”, ‟Son âme se
promène dans les nuages”. Piste à suivre: accomplir, accomplissement: Il-Elle
est accompli-e, dans son accomplissement (équivalent de la "Gloire").
Il n'et pas question de Paradis, mais cet accomplissement n'est pas solitaire,
il est solidaire du royaume des cieux annoncé par Jésus.
‟Mon âme, bénis le Seigneur” pour la vie
et pour l'espérance qu'il te donne.
C'est l'invite à reconnaître nos dettes:
ceux qui nous ont donné le jour, un-e-tel-le et un-e-tel-le, tous ceux
(éducateurs, enseignants, médecins) grâce à qui nous sommes devenus les adultes
que nous sommes (même en remontant haut dans l'histoire), la Parole qui nous
apporte l'appui nécessaire pour chaque jour.
Quand nous remercions le Seigneur pour
tous ceux qui nous ont permis de devenir ce que nous sommes, nous faisons que
la bénédiction du Seigneur repose sur eux. Ce qui peut entraîner la question:
Est-ce qu'il y a des gens à qui j'ai permis de devenir ce qu'ils sont pour le
meilleur ? Cela ne peut se savoir entièrement, cela reste un vœu.
LE CULTE
LOGIQUE de Romains 12,1
"Je
vous exhorte donc, frères et sœurs, par les compassions de Dieu, à présenter
votre corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu. Ce sera de votre
part un culte logique" (Romains 12,1).
Logique,
puisque, dans l'ordre de ce que Jésus a vécu, lui qui n'était ni prêtre ni
lévite, mais qui vivait au quotidien sa relation exceptionnelle avec le Père.
La
confiance dans le Père, via Jésus, sans rites, mais vécue dans la vie
quotidienne comme écoute de la Parole, prière personnelle, actions caritatives.