lundi 21 décembre 2015

année 2015




Nouveau texte : Loyaux-avec-la-foi.blogspot.com




JANVIER  2015
RÉFORMATION 2017
Nous sommes appelés à une réflexion sur les 95 Thèses de Luther en vue de la commé­mo­ration des cinq cents ans de la Réformation, prévue pour 2017.

Un premier chapitre concerne l'Écriture (ou les Écritures).  J'y consacrerai les premiers mois de cette nouvelle année.

- avant d'interpréter, il faut comprendre; avant de comprendre il faut apprendre; pour apprendre, il faut entendre -

Plutôt que des 95 Thèses, je vais partir de la déclaration faite par Martin Luther (note 1) à la Diète (note 2) de Worms, le 18 avril 1521.

Interrogé par ses juges ecclésiastiques, Martin Luther termine sa réponse comme suit :
           
‟ Puisque votre illustre majesté et vos altesses exigent de moi une réponse caté­go­rique,  je la leur donnerai sans cornes ni dents. À moins que je ne sois convaincu par le témoignage des Écritures ou par des raisons évidentes, car je ne puis me soumettre aux décisions seules du pape et des conciles, lorsqu’il est constant qu’ils ont souvent erré et qu’ils se sont même contredits, je suis lié par les textes de l'Écriture que j'ai cités et ma conscience est captive des paroles de Dieu. Je ne puis ni ne veux me rétracter en rien, car il n’est ni sûr ni honnête d’agir contre sa conscience. ” Après cette déclaration, il ajouta [en allemand] : ‟Me voici, je ne peux pas agir autrement ; que Dieu me soit en aide. ” (Revue de deux mondes, texte pris sur Wikipedia)

Banni de l'empire, excommunié de l'Église, grâce à la protection du grand électeur de Saxe (note 3), il est caché au château de la Wartburg où il traduit la Bible complète en allemand à partir des textes hébreu et grec. Cette traduction consacre l'avènement de la langue allemande (jusqu'ici, il existait plusieurs dialectes allemands, mais pas une langue propre à tous). Ainsi Luther promeut-il la lecture privée de la Bible pour tous, qui sera condamnée par le concile de Trente (1545-1563). Au concile de Vatican 2 (1965-1969), la lecture privée de la Bible sera admise avec certaines réserves.

Le  discours, cité plus haut (à l'exception de la dernière phrase) est recomposé, comme tous les discours jusqu'à l'invention de la sténographie (les notarii du Moyen-Âge sont requis pour d'autres fonctions), il n'en reflète pas moins exactement la situation : a) Luther change d'autorité religieuse : il soumet l'Église à l'Écriture et non plus l'inverse ; b) il admet l'usage de la raison dans le dialogue théologique (note 4) ; c) il fait état, non de la liberté de conscience, mais de l'objection de conscience religieuse.

Dans ces lignes je relève les deux expressions: "l'Écriture" et "la Parole". Toutes deux renvoient à la Bible, mais pas de la même manière. L'Écriture concerne une organisation globale structurée des notions bibliques qui permet l'interprétation de l'Écriture  par l'Écriture. La Parole évoque la puissance d'une parole biblique pour toucher les consciences et opérer un changement  d'existence.


(1) Martin Luther, né et mort à Eisleben, 1483-1546, est élevé dans une religion de la peur et un christia­nisme de rites et de mérites, il est religieusement tourmenté.
On lui a présenté la vie de moine comme une antichambre du Paradis, aussi décide-t-il d'entrer en religion. Il choisit l'ordre des Augustins (couvent d'Erfurt).
Suite à son saint patron, Augustin, cet ordre privilégie l'étude de la Bible. C'est, en effet, à la lecture d'un texte biblique (Romains 13, 13-14) qu'Augustin, jeune homme originaire de l'actuelle Tunisie, mais vivant alors à Milan, esprit doué, mais menant une vie désordonnée, changera complètement de manière de vivre, se faisant baptiser, puis devenant prêtre et même évêque.
Luther devient professeur d'Écriture sainte. Il commente le texte biblique à ses étudiants. Les Psaumes, l'épître de Paul aux Galates, puis celle aux Romains. C'est là (Romains 1, 16-17), en 1515 ou 1516, qu'il trouve la réponse à la question fondamentale : comment notre existence peut-elle être justifiée ? Il est hors de notre portée d'opérer cette justification de nous-mêmes, elle nous est déclarée dans et par l'Écriture et reçue par le moyen de la seule foi en cette parole.
Cette découverte tombe au moment-même où des prêcheurs parcourent villes et villages d'Allemagne en vendant aux gens des indulgences grâce auxquelles leur temps de purgatoire sera raccourci. Le montant de ces ventes va servir à l'édification de la Basilique de Saint Pierre à Rome. Pareil commerce du salut scandalise Luther.
En 1517, il publie 95 thèses contre la pratique des indulgences et les autres points de la vie de l'Église qui, selon lui, doivent être réformés. En 1521, il publie un Appel à la noblesse de la nation allemande en qui il voit les artisans possibles de la réformation indispensable. La même année, il publie encore deux autres livres: La Captivité babylonienne de l'Église (un programme de réformation de l'Église) et La Liberté du chrétien (une description de la vie chrétienne selon l'Écriture).  

(2) La Diète est une Assemblée des princes et du haut clergé de l'empire (Allemagne, Autriche et divers royaumes ou principautés). L'empereur, Charles Quint (1500-1558), vient d'être élu (1519) contre la candidature de François 1er. Élection qui sera qualifiée de prévarication: avec de l'argent avancé par le banquier Fugger, d'Augsbourg, le candidat Charles de Habsbourg avait acheté le vote des principaux électeurs.

(3) Il y avait un précédent historique: Jean Hus (1370-1415), réformateur tchèque, avait répondu à une convocation au Concile de Constance (1414-1418), muni d'un sauf-conduit de l'empereur Sigismond (Sigismond de Luxembourg), il devait être protégé, il sera néanmoins arrêté sur place, condamné puis brûlé vif (1415).

(4) Tout en disant, comme Descartes (Méditations), que, avec la raison, nous pouvons soutenir aussi bien une opinion ou une autre, il reconnaît pleinement son usage dans la vie courante et la pensée. Concernant le discours du salut par la foi, il use d'une dialectique des contraires (nous sommes à la fois justes et pécheurs, à ne pas con­fondre avec le oui-mais du manque de foi) qui vient de l'apôtre Paul (‟Nous prêchons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les non-Juifs, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu”, 1 Corinthiens 1, 23-24) qui servira de modèle à Hegel (1770-1831 : thèse, antithèse, synthèse) et que Karl Barth (1886-1968) reprendra avec sa dialectique du "malgré tout" (‟Malgré les limites de notre raison et les révoltes de notre cœur, nous croyons en Dieu”, extrait de sa confession de foi).

1517, Dispute de Heidelberg : Luther y définit, en particulier, la théologie de la Croix (théologie du Sauveur crucifié voir, 1 Corinthiens 1,13), contre la théologie de la Gloire, (théologie scolastique qui est une spéculation humaine).
1519, Dispute de Leipzig : entre le théologien Eck, envoyé du Saint-Siège pour ramener Luther à la bonne doctrine. À ce moment, Luther est allié aux humanistes (huma­nistes du Nord) avec lesquels il rompt ensuite (débat avec Érasme qui soutenait le libre arbitre humain alors que Luther le niait)
1521, Diète de Worms : Luther est sommé de renoncer à ses idées, il ne se rétracte pas : ‟Que Dieu me soit en aide”. Année où Luther publie ses trois grands écrits réformateurs : Adresse à la noblesse allemande, La captivité babylonienne de l'Église , De la liberté du chrétien, avant de se mettre à la traduction de la Bible en allemand.
1526, Diète de Spire : où les princes attachés aux idées de Luther reçoivent pour la première fois le sobriquet de "protestants".

1530 : Confession d'Augsbourg : rédigée par Philipp Melanchthon, elle expose les grands acquis de la Réformation luthérienne. 

Une écoute du langage de l'Écriture
Il ne s'agit plus de tirer divers sens de l'Écriture, mais de se mettre à son écoute.

Adoptant cette attitude, Luther (1483-1546) ne cherche plus les quatre sens (ou plus) de l'Écriture, comme le Moyen-Âge occidental, il écoute ce qu'elle dit, à savoir : la Loi ou l'Évangile. Pour lui, la Loi caractérise essentiellement le Premier Testament et l'Évangile, le Nouveau Testament. Calvin (1509-1564) est plus équitable, il entend le Loi et l'Évangile aussi bien dans le Premier Testament que dans le Nouveau Testament.

Pour Luther, l'unité de l'Écriture se trouve assurée en ceci : la thèse libératrice de la jus­ti­fi­ca­tion par la foi, se trouve toujours de nouveau attestée de multiples façons à travers toutes les Écritures, leur donnant ainsi leur unité. La justification par la foi devient ainsi ce que l'on a appelé le "canon dans le canon". Calvin, lui fait appel au Saint Esprit: c'est le témoignage intérieur (secret) du Saint Esprit qui nous atteste, tout au long de notre lecture biblique, qu'il s'agit de la parole de Dieu. Nous aurons l'occasion d'en reparler plus tard.

Une autre différence entre ces deux réformateur est celle-ci: Luther place la justi­fi­ca­tion avant tout, donc avant la sanctification alors que Calvin,  qui, comme je viens de le dire, confère un rôle prééminent au Saint Esprit, place la sanctification avant la justification. Chez Luther, la justification par la foi se réalise de façon pratique dans la vocation (il fait un rapprochement entre le mot Berufung -vocation- et le mot Beruf -métier- : la justification se concrétise dans une vocation qui se réalise dans un métier) alors que chez Calvin, c'est l'élection, œuvre spécifique du Saint Esprit, qui scelle l'alliance de la justification par la foi et nous conduit à un témoignage (qui peut aussi se concrétiser dans l'exercice d'une profession).

Plus près de nous, Karl Barth (1886-1968), militant anti-nazi, grande voix de l'Église confessante  allemande (Déclaration du Synode de Barmen, mai 1934), qui, dans sa Dogma­tique de l'Église (1932-1967), opère un retour aux réformateurs (l'interprétation de l'Écriture par elle-même), mettra en avant la réconciliation, sur la base d'une prégnance de la pensée christologique. Cependant, avec sa théologie, fondée sur des "doctrines bi­bliques", il fera courir le risque que l' "autorité de l'Écriture" devienne un "autoritarisme de l'Écriture" (le "positivisme de la révélation", comme dira Dietrich Bonhoeffer, pasteur et théologien né en 1906, antina­zi de la première heure, mis à mort sur ordre de Hitler le 8 avril 1945 à la prison de Flossenburg).

Disons que l'Écriture, prise dans son ensemble, peut se prêter à plusieurs organisations significatives autour de l'une de ses affirmations centrales, à l'écoute de l'un de ses accords majeurs.

L'écoute de l'Écriture aura encore d'autres incidences théologiques d'importance. Par exemple :
 (a) la redécouverte du temps linéaire et l'abandon des schémas indous ou grecs du temps circulaire (dont les actuels aboutissement sont, entre autre, les temps avant-derniers et derniers,  de Dietrich Bonhöffer (1906-1945), Éthique, 1949 -posthume- ou la théologie du Process) ;
(b) la ré-acquisition de l'anthropologie biblique synthétique à l'encontre de l'an­thro­pologie grecque. L'être humain n'est pas fait d'un corps qu'une âme vient rejoindre, âme qui, au moment de la mort, se séparera du corps, il est tout entier, tout ensemble, dès la naissance et pour la résurrection : corps-âme-esprit-cœur (exemple: barthisme des années après-guerre);
(c) la conception scripturaire christocentrique de l'image de Dieu qui n'est pas blessée, mais perdue par le péché originel et restaurée par Jésus Christ et en Jésus Christ (exemple : barthisme des années après-guerre) ;
(d) la place du "royaume des cieux" : Jésus n'a annoncé ni l'Église ni le Paradis ni le Purgatoire ni les limbes ni le séjour des bienheureux ni la déification, mais le royaume des cieux déjà-là et pas-encore (Oscar Cullmann, 1902-1999, Christ et le temps, 1966)
(e) le fait que la conscience de la création "bonne" fait suite à l'expérience de la libéra­tion de la servitude et non l'inverse, même si, suivant la logique chronologique mise en œuvre par les scribes sadducéens d'après l'Exil, la Création est placée dans le canon, avant la sortie d'Égypte (Gerhard von Rad, 1901-1970, Théologie de l'Ancien Testament, 1957-1960).

Le mois prochain : une écoute de l'Écriture du Premier Testament.

Jacques Gruber
FÉVRIER 2015


L'ÉCOUTE du LANGAGE de l'ÉCRITURE
La Bible comme document peut être absolutisée dans une lecture fondamentaliste, elle peut être relativisée (jusqu'à l'extrême) par la critique biblique.
Comme autorité de l'Écriture elle peut conduire à une interprétation de l'Écriture par elle-même soit aboutir à un autori­ta­risme de l'Écriture.
Au titre de parole de Dieu, elle signifie la puissance d'orientation (ou de réorientation) personnelle que ces textes déploient, chaque fois de nouveau. Il ne faut pas la confondre avec une nouvelle Parole du Seigneur sur le type de l'inspiration du Premier Testament.


Il ne s'agit plus de tirer divers sens de l'Écriture, mais de se mettre à son écoute.

Adoptant cette attitude, Luther (1483-1546) ne cherche plus les quatre sens (ou plus) de l'Écriture, il écoute ce qu'elle dit, à savoir : la Loi ou l'Évangile. Pour lui, la Loi caractérise essentiellement le Premier Testament et l'Évangile, le Nouveau Testament. Calvin (1509-1564) est plus équitable, il entend le Loi et l'Évangile aussi bien dans le Premier Testament que dans le Nouveau Testament.

Pour Luther, l'unité de l'Écriture se trouve assurée en ceci : la thèse libératrice de la jus­ti­fi­ca­tion par la foi, se trouve toujours de nouveau attestée de multiples façons à travers toutes les Écritures, leur donnant ainsi leur unité. La justification par la foi devient ainsi ce que l'on a appelé le "canon dans le canon". Calvin, lui fait appel au Saint Esprit: c'est le témoignage intérieur (secret) du Saint Esprit qui nous atteste, tout au long de notre lecture biblique, qu'il s'agit de la parole de Dieu. Nous aurons l'occasion d'en reparler plus tard.

Une autre différence entre ces deux réformateur est celle-ci: Luther place la justi­fi­ca­tion avant tout, donc avant la sanctification alors que Calvin,  qui, comme je viens de le dire, confère un rôle prééminent au Saint Esprit, place la sanctification avant la justification. Chez Luther, la justification par la foi se réalise de façon pratique dans la vocation (il fait un rapprochement entre le mot Berufung -vocation- et le mot Beruf -métier- : la justification se concrétise dans une vocation qui se réalise dans un métier) alors que chez Calvin, c'est l'élection, œuvre spécifique du Saint Esprit, qui scelle l'alliance de la justification par la foi et nous conduit à un témoignage (qui peut aussi se concrétiser dans l'exercice d'une profession).

Plus près de nous, Karl Barth (1886-1968), militant anti-nazi, grande voix de l'Église confessante  allemande, qui, dans sa Dogmatique de l'Église, opère un retour aux réformateurs (l'interprétation de l'Écriture par elle-même), mettra en avant la réconciliation, sur la base d'une prégnance de la pensée christologique. Cependant, avec sa théologie, fondée sur des "doctrines bi­bliques", il fera courir le risque que l' "autorité de l'Écriture" devienne un "autoritarisme de l'Écriture" (le "positivisme de la révélation", comme dira Dietrich Bonhoeffer).

Disons que l'Écriture, prise dans son ensemble, peut se prêter à plusieurs organisations significatives autour de l'une de ses affirmations centrales, à l'écoute de l'un de ses accords majeurs.

L'écoute de l'Écriture aura encore d'autres incidences théologiques d'importance. Par exemple :
 (a) la redécouverte du temps linéaire et l'abandon des schémas indous ou grecs du temps circulaire (dont les actuels aboutissement sont, entre autre, les temps avant-derniers et derniers,  de Dietrich Bonheoffer (1906-1945), Éthique, 1949 -posthume- ou la théologie du Process) ;
(b) la réacquisition de l'anthropologie biblique synthétique à l'encontre de l'an­thro­pologie grecque. L'être humain n'est pas fait d'un corps qu'une âme vient rejoindre, âme qui, au moment de la mort, se séparera du corps, il est tout entier, tout ensemble, dès la naissance et pour la résurrection : corps-âme-esprit-cœur (exemple: barthisme des années après-guerre);
(c) la conception scripturaire christocentrique de l'image de Dieu qui n'est pas blessée, mais perdue par le péché originel et restaurée par Jésus Christ et en Jésus Christ (exemple : barthisme des années après-guerre) ;
(d) la place du "royaume des cieux" : Jésus n'a annoncé ni l'Église ni le Paradis ni le Purgatoire ni les limbes ni le séjour des bienheureux ni la déification, mais le royaume des cieux déjà-là et pas-encore (Oscar Cullmann, 1902-1999, Christ et le temps, 1966)
(e) le fait que la conscience de la création "bonne" fait suite à l'expérience de la libéra­tion de la servitude et non l'inverse, même si, suivant la logique chronologique mise en œuvre par les scribes sadducéens d'après l'Exil, la Création est placée dans le canon, avant la sortie d'Égypte (Gerhard von Rad, 1901-1970, Théologie de l'Ancien Testament, 1957-1960).
Ce ne sont pas ni des concepts ni des croyances, ce sont des notions bibliques ou "vérités scripturaires". La naissance virginale de Jésus, sa résurrection corporelle, l'expiation par le sang versé sur la croix, l'inerrance de la Bible en matière historique, géographique, scien­tifique et morale (les articles fondamentaux de la Convention de Niagara, États-Unis, 1895) sont des croyances.

Jacques Gruber











Exemple d'une écoute de l'Écriture :

la double descendance de Dieu dans le premier testament
- théologie biblique -
                  YAH, YAHOU                                                  ÉL, EÉL, AÉL
                   Le Seigneur  *1                                         dieu, mot générique
               ‟ Le Seigneur parle ”                                  ‟ Dieu y es-tu ? M'entends-tu ? ”                                       
         YHWH-ADoNaY  ELoENou  : Le Seigneur notre Dieu (le Chema de De 6, 4)                                         
ÉLOHYM : le Créateur
NTN, racine du verbe NâTâN : donner *2
             donne NeTâNYaHou              ou                      NeTâNAÉL  ,  ELNaTaN
                don du Seigneur                                            don de Dieu
Netanyah, Yeremyah (Jérémie),                             Israël, Samuel, Ézéquiel, etc
Zekareyah (Zakarie), et tous les                       Gabriel (Dieu est fort), Mi­chel
autres noms finissant en -ie                          (Dieu combat),  Raphaël (Dieu guérit)
YAH devient YOH en début de mot                                                                           
Yehohnatan (Jonatan, signifie aussi
don du Seigneur) et voir tous les autres
noms commençant par Yehoh (tel,
YehohChouaHr - le Seigneur sauve-
Josué, Jésus)                                   
Élie réunit les deux: ÉLYaH ou ÉLYaHou
Dieu (ou : Mon Dieu) est  Yah ou Yahou
on trouve la formule ‟ YHWH-Adonaï (le Seigneur) ÉLoHéNou est notre dieu ” (ou : pour nous, Dieu c'est le Seigneur dont le nom YHWH est et reste imprononçable) *3 dans de nombreux versets d'Ésaie (12), de Jérémie (14), des Psaumes ( 25), par exemple, et surtout dans le Chema, la confession de foi d'Israël: YHWH-Adonaï  ÉLoénou  HraD : Le Seigneur notre Dieu est Un (ou Unique), De 6,4.
Sur ce YHWH-Adonaï (le Seigneur), l'Écriture nous en dit plus: il est le SAINT (le Saint -QaDôCh- d'Israël, ­És 30, 15) qui est Justice et Miséricorde, Miséricorde et Justice, jamais Justice sans Miséricorde, Miséricorde sans Justice, une Justice qui est Miséricorde, une Miséricorde qui est Justice (c'est un concept dynamique ou dialectique).
Le Dieu  Saint de l'Écriture n'est ni sacré (qui implique le profane) ni divin (ou Divinité) ni pur (qui implique l'impur) ni moraliste (qui implique le bien et le mal). Voir le dieu que le Tentateur propose à Adam et Eve: ‟ Vous serez comme des dieux (ÉLoHYM), connaissant le bien et le mal ” (Ge 3, 5).
Le sacré et le divin (ÉL, ÉLoHYM) conduisent à des religions du pur et de l'impur, de rites et de mérites, servies par des intermédiaires cléricaux, de la continuation ininterrompue de l'histoire sainte alors que la Sainteté du Seigneur relève de la seule foi de l'Alliance, grâce à un seul Médiateur (‟Celui qui vient au Nom du Seigneur” , Ps 118, 26) à ses témoins, au sacerdoce universel et au "salut dans l'histoire" (Oscar Cullmann, Le salut dans l'histoire, 1966). On pourrait être tenté d'éliminer ÉL, mais la Bible d'Israël ne le fait pas. ÉL est un élément constitutif de la condition humaine, il a un rôle fonctionnel, mais il est là pour être oublié comme nos organes (cœur, poumons, estomac, intestins etc.). Dès lors que nous ressentons nos organes, c'est que nous sommes malades de quelque manière.
Tout ce qui est porté sur le côté gauche de cette feuille, relatif au Seigneur est unique au monde, unique dans l'histoire, cela ne se retrouve dans aucune civilisation, sagesse, religion, philosophie, mais c'est fragile alors que le religieux qui relève de "Dieu", le côté droit est fort, c'est le pot de terre contre le pot de fer. Toujours de nouveau la religion de Dieu tend à subvertir l'alliance du Seigneur *4. On pense pouvoir servir à la fois Yah et Él *5.
notes
*1 Le Seigneur, le Dieu des armées (YHWH Sebaoth), le Très-Haut (HrèLèYon), le Tout-Puissant,  Les Cieux (HaChaMaYm) etc. ne sont pas les noms du Dieu de l'Alliance, ce sont des appellations. YAH, YAHOU peuvent être considérés comme des indicatifs qui rattachent une figure au Dieu de l'Alliance.
*2 Nous écrivons Nathan, Jonathan avec une "h", mais la racine hébraïque ne s'écrit pas avec le "th" -thèth- hébraïque, elle s'écrit avec un "t" simple (tav).
*3 Au xix éme siècle, les hébraïsants ont cherché à vocaliser le tétragramme YHWH. Ils ont obtenu soit YéHoWaH (que nous retrouvons avec les témoins de Jéhovah ou dans la Légende des siècles de Victor Hugo), soit YaHWéH ou YaWoH. Laisser ce mot vo­lon­taire­ment imprononçable est plus satisfaisant : c'est une marque de respect en même temps que de reconnaissance de l'être humain envers quelqu'un de tout autre que lui, la transcendance (le Tout-Autre de Karl Barth).
*4 Le Temple de Jérusalem, son culte et son sacerdoce se rattachaient au divin (ÉL) et des traces de ce religieux subsistent dans le judaïsme :la vénération de la Thôrâh, les tephil­lim, la mezouzah, le chande­lier à sept branches, les valeurs mystiques attachées aux nombres.
*5 Élie combattait les baals (maîtres) qui se rattachent aux phénomènes naturels. Les israélites de ce temps ne trouvaient pas contradictoire de servir à la fois YHWH-Adonaï, le Seigneur et les baals. Ils boitaient des deux pieds (1 Rois 18, 21)
Jacques Gruber




Les textes de ce blog peuvent être reproduits ou cités pour un usage personnel avec l’indica­tion : © Jacques Gruber « alleztheo »,  suivie de la mention du mois et de l’année de la parution.
Je répondrai aux commentaires à la mesure de mes moyens dans l’édition du mois suivant.

MARS 2015

AUTORITÉ  DE  L'ÉCRITURE

LA NOUVELLE  ALLIANCE

Écoute et étude de l'Écriture (Nouveau Testament)

            Comment passer de la culture hébraïque qui distingue YaH de EL à la culture grecque qui ne connaît que  EL (ho théos), latin : deus ? La ligne YaH se continue par Jésus (YeHoH­ChouaHr : Seigneur et Messie -MaChiaHr- Sauveur, en grec : Ièsous) elle consiste à mettre sa confiance en Jésus, vivre de son Évangile. La ligne EL va devenir celle d'un Dieu unique, non plus justice et miséricorde, mais bonté et rétribution qui sera rapidement rattrapé par le divin et le sacré.
                              
            selon les Évangiles synoptiques : croire en Dieu*, notre Père** des cieux (BaCha­MaYM)  qui n'est pas Loi, mais Amour (Luc 15), qui a été manifesté en Jésus (YeHoH­ChouaHr, Seigneur qui sauve, EMMaNouEL, Dieu (sous-entendu: Seigneur Dieu) au milieu de nous selon Ésaie repris par Matthieu, És 7, 14 dans Mt 1, 23), Saint de Dieu, Fils de l'homme*** qui nous entraîne à sa suite dans l'œuvre du Seigneur (Roy­aume des cieux-ou de Dieu) et en qui nous reconnaissons le Christ (MaChyaHr-Messie) d'Israël pour Israël et pour les Nations.
* En grec : ‟croire  eis théon” = mettre sa confiance en Dieu  - non ‟croire en théô” : croire qu'il existe un Dieu (même chose en latin où l'on distingue entre en deum ou en deo).
** Le Premier Testament connaît la nomination du Seigneur comme Père, voir le nom de YoHaV (le Seigneur est mon père). Il s'agit cependant d'une comparaison: le Seigneur est comme un père (minuscule) pour nous (Ps 103, 13-14). La relation de Jésus au Père (majuscule) est d'un autre ordre: la même condition éternelle. Le Père de la Nouvelle Alliance est Père et Amour, Amour et Père, jamais Père sans Amour, jamais Amour sans Père, non Père-Loi (Freud).
*** Dans les Évangiles synoptiques, Jésus ne dit jamais "Je", "moi", encore moins "le Christ", il dit "le Fils de l'homme". Il emprunte ce titre à un personnage de vision, tiré de Daniel 7,13,  personnage qui annonce les tout derniers temps, ceux de l'accomplissement des promesses, de l'Alliance, de la Loi,  des  prophéties.
           
            selon le quatrième Évangile : Rendre, avec l'aide de l'Esprit Saint (non divin, non sacré) un culte en esprit et en vérité à Dieu le Père, Parole créatrice et re-créatrice, qui a été faite être humain en Jésus de Nazareth le Fils* (grâce et vérité : grâce sans faiblesse, vérité qui ne nous détruit pas) avec lequel Il ne fait qu'un, lequel a donné sa vie pour chacun de nous, qu'il n'appelle plus serv­i­teurs, mais amis, et qui,  ressuscité pour l'éternité, nous envoie le Saint Esprit.

* Dans le 4ème Évangile, Jésus prend le titre de "Fils", mais pas de Messie et parle de lui à la première personne:   ‟Moi, je suis” (la lumière, le bon berger,  le chemin, la vérité et la vie, le cep, la résurrection et la vie). Ce n'est pas de la gnose (le salut qui vient d'un accès à Dieu par le moyen de  la connaissance de ce qu'il est)  cela reste dans la ligne d'Exode 3, 14: ‟Je suis qui je suis ou serai”  (ce que je suis ne vous regarde pas) dans la ligne de ‟la foi: ce sont des expressions pour exprimer la confiance mise en Jésus; et dans le Seigneur,  par Jésus.

            selon Paul : Liberté de pensée et d'action de celui qui, justifié par la foi en la justice et la miséricorde de Dieu le Père (le Créateur), vit dans le Seigneur Jésus, Messie (oint, Christos en grec), Maître d'œuvre transnational de la réconciliation*, qui a choisi d'être présent dans et par la cène, au sein du peuple établi selon le libre choix de Dieu, formé de pécheurs pardonnés (toujours pécheurs, toujours) qu'est l'Église, laquelle ne se substitue pas au peuple d'Is­raël, dans l'espérance du jour où Israël et l'Église (réunissant au dernier moment tous les humains) ne feront qu'un.      * Rédempteur et médiateur sont de concep­tu­a­­lisations théologiques.

            selon l'apocalyptique: Les chrétiens persécutés ne se vengent pas, la rétribu­tion ap­par­tient au Tout-Puissant qui leur rendra la vie qui leur a été ôtée de force. La commu­nion avec Jésus est marquée par la robe blanche des martyrs (les témoins) lavée dans le sang de , l'A­gneau (Ap 7, 13-14)*. La puissance persécutrice (la Bête) sera vaincue, la civilisation op­pri­mante (symbolisée par Babylone) anéantie, les pécheurs endurcis seront définiti­ve­ment exclus, le règne du Seigneur ** descendra des cieux, il n'y aura plus ni cri ni douleur, ce ne sera pas la fin, mais l'ac­com­plissement de l'Histoire***, le Seigneur y  règnera éternelle­ment avec nous.

* Ici, Jésus n'est pas victime expiatoire, mais celui dont le sang nous protège, voir sortie d'Égypte, Ex 12, 21-23).    ** La Jérusalem  nouvelle, la Cité où il n'y a pas de Temple parce que le Seigneur en personne y de­meure  On ne parle pas de retour au jardin du Paradis. *** Nous constatons à l'échelle mondiale le mouvement des campagnes vers les villes (70% de la population française vit aujourd'hui en ville). Le panorama signifiant de la Bible va d'un Jardin à une Cité.  L'histoire n'est ni niée ni anéantie, elle trouve son accomplissement dans la Cité du Seigneur.

Le Seigneur Jésus nous donne le Père en amont, le royaume en aval, le Messie aujourd'hui.
Jacques Gruber





            hors autorité de l'Écriture, suivant l'autorité de l'Église  : le courant traditionnel de l'Église (orthodoxie, catholicisme) cherche à s'adapter à l'éloignement du retour de Christ (Parou­sie) et à s'assimiler à la culture gréco-romaine dans l'idée d'ouvrir une nouvelle  Ere, l' Ere chrétienne. Il continue la ligne de EL, le divin, la divinité (‟Il est né le divin, enfant” et non ‟Le Seigneur”) et revient au temps cyclique. Il cherche à 'entrer en consonance avec le religieux universel jusqu'à créer de nouveaux mythes  (Purgatoire, limbes, séjour des bienheureux -christianisation des Champs Élysées*-, l'âme). L'incarnation a pour consé­quence qu'un élément de divin a été introduit de façon définitive dans l'humanité (eucharistie, reliques, médailles saintes, théanthropie) et que l'Église en a la gérance pour le temps et pour l'éternité. Il s'agit de croire dans le Dieu (eis théon, in deum, non  en théô, in deo) bon, Créateur Tout-Puis­sant, Omni­scient, Éternel, rétributeur selon nos mé­rites, au Père consub­stan­tiel du Fils. De donner foi aux cro­yances, aux doctrines, aux dogmes (christologie, Trinité, Église) transmis par la Tradi­tion sacro-sainte. De recevoir les sacrements, par des inter­médiaires qui en ont reçu le pouvoir et d'accomplir les rites institués par l'Église, sans quoi on ne peut sé­rieu­se­ment espérer le salut (une déifi­ca­tion).

*Dans la culture gréo-romaine, les douze dieux vivaient sur l'Olympe, les personne vertueuses avaient accès aux Champs Élysées.
                                                                                          Jacques Gruber

            Les tableaux qui suivent résument, d'une part : A : l'apport du Nouveau Testament, d'autre part, B : les transformations apportées au message biblique par l'assimilation au monde gréco-romain.
                                                                                   


Écouter et étudier l'Écriture avec le Nouveau Testament

A : le Nouveau Testament
vit dans l'attente prochaine du retour du Christ Jésus
Le ‟Seigneur Jésus”
(= le ‟Seigneur” du Premier Testament, qui est à la fois Justice et Miséricorde, c'est le Christ Jésus
qui est, ensemble, Grâce et Vérité)

La  ‟Parole”
par qui tout a été fait
(4ème Évangile)

Il(Elle) a été fait(e) être humain

Le ‟Fils de l'homme”
(titre d'un personnage de vision de fin des temps dans Daniel 7, 13 repris par Jésus, qui ne dit pas "Je", "moi")

lequel est reconnu comme
‟Messie” (hébreu) =  ‟Christ” (grec),
=  ‟Sauveur” (français)
qui nous a donné
1- le ‟Père des cieux”
‟Notre Père qui es aux cieux …”
et
2- le ‟royaume des cieux”
ou ‟royaume de Dieu”
le ‟chantier du Seigneur”
d'où
Le ‟Père et le Fils”
(surtout dans le 4ème Évangile)
_____________

L'anthropologie du Nouveau Testament
est synthétique (l'être humain est indisso­lublement corps, âme, esprit, cœur).
__________________

La destinée humaine  est linéaire, coupée en temps et lieux par la verticalité de la transcendance
d'où 1- la ‟conversion” (Évangiles synoptiques), la ‟nouvelle naissance” (4ème Évangile), la ‟nouvelle créature”, le ‟nouvel être humain”, la ‟vie en Christ” (non le Christ en nous, Paul)
2- le ‟salut par la grâce”, ‟par la foi”
avec le soutien du ‟don du Saint Esprit”,
les charismes et les ministères.
Il est moins question de fin de notre vie, de fin du monde, que
3- d'accomplissement de notre existence par et dans la ‟résur­rec­­tion personnelle” et
4- d'accom­plisse­ment de l'Histoire dans la ‟vie éternelle”




B : l'Assimilation au monde gréco-romain

L'Église s'adapte à l'éloignement du retour de Jésus Christ et, dans l'in­tention de créer une nouvelle ère (chré­tienne), est tentée de christianiser les éléments du monde ambiant.

Le Seigneur Jésus
qui devient le Dominus et le Deus
entrainant les idées de domination, de divin, de sacré, d'Absolu

le Logos grec, idée-force du monde hellénistique qui pourrait se rapporter au ‟Dieu (ÉLoHyM) dit” de Genèse 1

qui devient l'Incarnation ininterrompue, la Théanthropie, l'histoire sainte continuée

sauf dans le IVème Évangile où Jésus dit :
‟Moi, je suis” (la lumière, le chemin, le berger, le cep, la résurrection)
‟Le Christ” est devenu un article de foi, une évidence religieuse
le Rédempteur, le Médiateur
Le Père entre dans les catégories hiérarchiques,  patriarcales ou paternalistes

le royaume est déjà commencé dans l'Église,
il s'oriente vers l'adoration, l'ascèse, la contemplation, la mystique, les dévotions, la vie religieuse (couvents)
devenu La Sainte Trinité
comprise en un sens substantialiste
______________________

L'anthropologie grecque sépare le corps (mortel) et l'âme (immortelle).

_______________________

La destinée humaine est circulaire, animée par l'aspiration naturelle vers Dieu ; ‟Tout vient de Dieu et tout retourne à Dieu”, le but à atteindre est
la déification ou divinisation pour certains mystiques, il s'agit de la formation de Dieu en soi;
la conversion est comprise comme conversion à la vraie foi, la vraie Église
les moyens sont les rites, rituels, sacrements, vœux perpétuels, mérites : ‟Hors de l'Église pas de salut”
on recherche le bien mourir
il y a une résurrection des corps que l'âme (qui s'en était séparée au décès) rejoint pour le Jugement
parallèlement à notre monde, il existe un Enfer, un Purgatoire, des Limbes (pour les enfants décédés sans baptême), un Séjour des bienheureux (les Champs Élysées grecs), un Paradis (le Ciel)
Jacques Gruber




AVRIL 2015


LA  PAROLE de  VIE

La Parole, c'est un peu court, la Parole du Seigneur est réservé aux oracles du Premier Testament, la Parole de Dieu fait appel à ce mot valise de "dieu", on pourrait dire la Parole de Vie.
La Bible est l'expression par laquelle nous désignons ce document littéraire du Proche Orient de l'Antiquité qui peut être absolutisé par les fondamentalistes ou relativisé (jusqu'à l'extrême) par la critique.

Par le mot Écriture, nous désignons une écoute et une étude du texte biblique fondées sur les notions (non les concepts) bibliques (ou vérités scripturaires) qui reviennent toujours de nouveau, formant l'armature et l'unité de la pensée de ces textes par ailleurs disparates. On peut citer : YHWH-l'Unique Saint, Le Seigneur, le péché, l'élection, l'alliance, la bénédiction, la vocation, la repentance, la conversion, le pardon, la sainteté, l'amour, la Parole, l'Esprit Saint, la récon­ci­lia­tion, le roy­aume des cieux, la résurrection et plusieurs autres. Elles diffèrent des croyances telles que : "Dieu", "le Christ", la naissance virginale de Jésus, sa résurrection corporelle, l'ex­pia­tion par le sang versé sur la croix, l'inerrance de la Bible en matière historique, géogra­phique, scien­tifique et morale (les articles fondamentaux de la Convention de Niagara, États-Unis, 1895) et des dogmes christologique, trinitaire ou autres, la rédemption, la médiation, les sacrements, etc..

La Parole (biblique) est encore différente. Nous pouvons dire, d'une façon  globale, en pensant à Jésus qui l'incarne, que c'est une Personne, mais cette Personne parle et agit et elle agit par son message.  Généralement, il s'agit d'une "parole" biblique de l'un ou l'autre Testa­ment qui, dans une circonstance particulière de notre existence, nous frappe d'une telle manière ­ qu'elle modifie l'orientation de notre vie (classiquement : la conversion -qui implique une connotation de jugement, qui peut s'avérer culpabilisante-) et affermit notre esprit. La Parole ne se situe ni dans le domaine du fondamen­ta­lisme ou de la critique, ni dans le cadre de l'écoute et de l'étude biblique, mais, carrément, sur le plan du salut.

Or, dans le christianisme, le salut peut être conçu de deux manières, l'une qui est mythologique, l'autre qui est historique.

La conception traditionnelle du salut
sur le modèle de l'univers à trois étages (Enfers, Terres, Cieux) répandu dans le monde méditerranéen à l'époque de l'Antiquité préscientifique

D I E U ou TRINITÉ
l'Absolu, L'Infini, L'Éternel
dans le langage apocalyptique: Le Tout-Puissant
L E  C I E L
le Paradis, le Bonheur (NB : l'Eden des origines est un jardin, en hébreu : PaReDèCh)
L'Église triomphante
Les Limbes
(séjour des enfants morts avant d'avoir été baptisés)
Le Séjour des bienheureux (suite à une Béatification)
récupération des Champs Élysées gréco-romains

-ici commencent Les Cieux , l'Éternité-

Le Purgatoire

l'Au-delà
la transcendance

l'Incarnation, le Christ
l'Église militante
dans laquelle on entre par le baptême qui enlève le péché originel
qui est en charge sacramentelle de l'Incarnation ininterrompue du sacrifice eucharistique

La Chute et le péché originel héréditaire qui marquent toute notre existence humaine
sans compter les péchés actuels, sur
La Terre

*

Les Enfers
Le Premier Testament parle du CheôL, une caverne souterraine où les vivants qui sont décédés, vidés de toute vie, mènent une existence d'ombres, ensuite s'y ajoute la Gehenne, séjour punitif où vont les gens mauvais. L'apocalyptiques du Nouveau Testament et le christianisme s'approprieront la conception de l'Antiquité gréco-romaine voire iranienne des Enfers, lieux de proscription et de peines, du feu inextinguible.


Ce tableau peut être lu du haut en bas ou du bas en haut. La Chute descend brutale­ment du haut vers le bas et la rédemption consiste en une lente remontée du bas vers le haut : 1 baptême; 2 participation à l'Église militante (ses sacrements, son action); 3 si l'on fait une "bonne mort" on est dirigé vers le séjour du Purgatoire dont la durée varie en fonction de nos mérites et des messes que les vivants font dire pour nous ; 4 ensuite on entre dans l'Éternité pour bénéficier du Séjour des Bienheureux qui peuvent "voir Dieu" ; 5 enfin on va être "en Dieu" (dans la Trinité selon certains auteurs), c'est la déification ou divinisation.

Excepté l'Église militante, sur laquelle repose tout l'édifice, tout est mythologique dans cette concep­tion.




Schéma possible selon les Écritures

1 la Parole de Vie

Justice (TseDaKaH)                              et                             Miséricorde (RaHraMYm)


L' Unique ADoNAY, Seigneur,
l'ÉLoHYM Créateur, par sa Parole
le SAINT (De 6, 4) (ni sacré ni divin)
création d'un espace pour un peuple prophétique :
la Loi, la possession d'une Terre, l'inspiration,
la Première Alliance, l'histoire sainte


Jésus de Nazareth
et la foi des premières communautés
qui reconnaissent en lui le Messie, le Seigneur et le Sauveur

 ________________________ CENTRE, __________________temps linéaire__
                                                      A      et      ῼ
Articulation entre la Première et la Nouvelle Alliance (pas de théologie de la substitution)
Centre de l'Histoire et de nos histoires personnelles
un événement historique qui ne s'est produit qu'une fois pour toutes (éphapax, Rm 6, 10)



Le PÈRE
qui est Amour et Liberté (Lc 15, 11-32)
la Nouvelle Alliance
le Salut dans l'Histoire : ouverture d'un espace pour la foi, l'Évangile, le royaume :
annonces de la résurrection et de la vie éternelle



Grâce  (charis)                                  et                                     Vérité (alèthéia) (Jean 1, 17)


L'Évangile

notre venue au monde ______________   ! _______  X____(nouvelle naissance,  la réorientation de notre vie et l'affermissement de notre esprit)_________   ! _____________________  X   (la vie en Christ qui reprend le dessus après l'épreuve)____ !    ____________ X___(la vie en Christ affer­mie)_______ L'AMeN,  notre mort soli­daire de l'accomplissement final universel;     temps linéaire

Les espaces vides marqués !  indiquent des ruptures du temps par les atteintes du mal. Les X indiquent les moments où une parole biblique nous a  été donnée comme une Parole de Vie, la Bonne Nouvelle de l'É­van­gile.  Cet X représente tout le schéma précédent, il ne le répète pas, ce n'est pas une réplique, c'est ce schéma tout entier qui devient actualité en un clin d'œil.

Cette manière de représenter les choses ne se veut  ni scientifique ni non scientifique, du moins, elle ne recourt plus à une représentation mythologique du monde et peut accueillir celles que les sciences se forment.

Ces schémas ne tiennent pas compte du Saint Esprit qui est ici à l'œuvre, nous y consacrerons le prochain blog.                                       
Jacques Gruber

MAI 2015

 DE  l'inspiration à l'illuminisme

L'ACTION  DU  SAINT ESPRIT  DANS  LA  PAROLE  DE  VIE

Le texte biblique n'est pas une Parole de Vie automatiquement, mais grâce au Saint Esprit : le même Esprit qui a inspiré le texte le fait parler aujourd'hui.

Le Seigneur-Saint Esprit n'est ni visible ni représentable (les flammes, la colombe, sont des symboles). C'est rétrospectivement (après-coup, avec recul) que nous prenons cons­cience de son action que ce soit dans notre histoire ou dans l'Histoire.

L'Église a été fondée par le don du Saint Esprit à la Pentecôte, mais est-il donnédirectement (les charismes dans les églises pauliniennes), est-il filtré par des intermédiaires (clergé, rites) ou lié à l'écoute de la Parole ?

Si l'Esprit est donné sans intermédiaires (qu'il souffle où il veut, Jean 3, 8), il nous est donné, nous ne le possédons pas. Il souffle où il (lui, pas nous) veut, mais il n'est à salut que s'il est en rela­tion avec la Parole.

Le sens du canon : il signifie que le Judaïsme et les Églises jugent les temps de l'inspiration terminés, la révélation close. Le canon du Premier Testament est l'œuvre des rabbin au cours de plusieurs siècles. Pour le Nouveau Testament, la définition s'étale sur plus d'un siècle, elle est  moins l'œuvre des autorités re­ligieuses, que des Églises qui échangent des informations sur les livres qui sont ou non en usage chez elles. Ainsi, les Églises d'Occident vont-elles accepter l'Apocalypse et celle d'Orient accepter l'Épître aux Hébreux. Les canons, même les plus courts, apportent tout ce qui est nécessaire et suffisant pour le salut). Nécessaire et suffisant, comme la trousse de secours dans un car, un avion, la trousse de couture de la ménagère. Le canon du Premier Testament est nécessaire et suffisant pour les Juifs, celui du Nouveau Testament, pour les chrétiens.

Il s'agit de faire la différence entre :

a) L'inspiration de la Parole (propre aux textes canoniques: la "Parole du Seigneur" des oracles prophétiques, par exemple), source et accompagnement de l'histoire sainte (le peuple du Seigneur qui fait l'Histoire), la Révélation. Les effets de l'action du Saint Esprit sont ici: l'élection, l'Alliance, les oracles prophétiques, la sagesse, la poésie biblique, le messia­nisme, l'apocalyptique.
Pour la période paulinienne (où aucun texte du Nouveau Testament n'est encore écrit), ce sont les mêmes effets avec insistance sur la prédestination, la vocation, les charismes et les ministères, le Seigneur, c'est Jésus, la foi accomplit la Loi, l'Alliance est ouverte aux non-Juifs.

b) L'as­sis­tance du Saint Esprit (donnée à l'Église ou à chaque chrétien ?). L'assis­tance du Saint Esprit donnée à l'Église comme institution conduit à une histoire sainte conti­nuée par et dans l'Église. L'Église devient intermédiaire du salut. La Tradition vaut parole de Dieu (elle est viva vox evangelii, Vatican 2,  Dei Verbum 8)

 L'appropriation de la Parole biblique opérée par le Saint Esprit dans une circon­stance particulière, chez une personne particulière, par le moyen de la foi (la confiance don­née en une personne  -le Seigneur Jésus - et en sa parole). Cela ne s'invente pas. Moment où une parole biblique en situation "fait tilt", expérience comparable à la cristallisation en amour dont parlait Flaubert. Le témoignage intérieur (secret) du Saint Esprit de Jean Calvin (1509-1564) en est une expression. Nous ne sommes alors plus dans l'histoire sainte qui fait l'Histoire, nous inscrivons le salut dans l'Histoire.

d) L'illuminisme ou retour de l'inspiration. À l'époque de la persécution des hugue­nots où les temples sont tous détruits, les pasteurs mis à mort sur la roue, les femmes emprisonnées à vie, les pasteurs autoproclamés ou "prédicants" donnent naissance à des "Prophètes cévenols"  (début du xviii éme siècle) qui retrouvent l'inspiration et apportent des révélations, les Réveils (fin xviii éme  et xix éme siècle) prendront la suite (donnant un rôle prédominant au don de la glossolalie), le Pentecôtisme (États-Unis, fin du xix ème s.) élargira encore les mani­fes­ta­tions spectaculaires du Saint Esprit (baptême du Saint Esprit, "born again", guérisons etc).

La prochaine fois, nous achèverons le cycle Bible-Écriture-parole de Dieu avec le témoignage intérieur (secret) du Saint Esprit.

Jacques Gruber

JUIN 2015



LE  ‟TÉMOIGNAGE  INTÉRIEUR (secret) DU  SAINT ESPRIT”
Cette formulation de l'action du Saint Esprit vient de Jean Calvin (1509-1564). Pour un exposé d'ensemble, voir Jacques Gruber Entendre la Parole, éditions du Cerf, 2003, p. 146-150.
Ne perdons pas de vue que, lorsque nous parlons du Saint Esprit, nous parlons du Seigneur tout aussi bien que lorsque nous parlons de Jésus.
Pour matérialiser les choses, on peut faire appel à un schéma qui reproduit l'es­sen­tiel du fonctionnement de la machine à coudre : la bobine qui porte le fil de chaîne, l'aiguille qui guide ce fil, la navette qui porte le fil de trame. La bobine représente la Bible comme do­cu­­­ment littéraire ancien, le fil porté par la bobine représente l'inspiration biblique par le Saint Esprit et le fil de la navette, l'action secrète du Saint Esprit. Il y a ainsi une action con­co­mi­tante du Saint Esprit, dans la plan vertical et dans le plan horizontal.
Application à l'œuvre du Saint Esprit dans le cas de la Parole de Vie.
Le Saint Esprit peut souffler où et comme il veut (Jean 3,8), mais il s'est lui-même créé dans l'histoire un rendez-vous privilégié, celui de la méditation biblique.  Le même Esprit qui a ins­piré la Parole biblique approprie cette Parole à celui qui la médite (dans le schéma de la ma­chine à coudre, le fil de la navette noue celui de la bobine si bien qu'un point s'inscrit sur le tissu).
Le salut est gratuit, il ne requiert pas de conditions morales ou religieuses, mais des données pratiques (donnée à prendre au sens fort de don gratuit).
1) Un contact avec le texte biblique révélé (canonique) nécessaire (il n'y a pas de magie). 
2) Témoignage intérieur : Le re­cueil­le­ment : voir l'enfant perdu de Luc 15, qui, pour la première fois de sa vie, "entre en lui-même" (Luc 15, 17). La méditation biblique pratiquée par le piétisme ne se sépare pas du monde (contrairement à l'ascèse individuelle ou conventuelle), mais tient le monde à dis­tance. On peut entendre le monde à la façon dont le IV éme Évangile en parle ou considérer qu'il s'agit de la société. La méditation biblique est à la fois l'attention portée à un texte, une des­cente en soi (pas une introspection) et une présence au monde (de l'ordre de l'exégèse et de l'interprétation).
Cette manière d'être que Calvin a préconisée, est appelée "éthique dans la monde". Elle fait penser à la "ré­duc­tion phéno­mé­nologique" du philosophe Edmund Husserl 1859-1938 qui servira de référence aux grands noms de l'existentialisme, Martin Heidegger 1889-1976 ou Jean-Paul Sartre 1905-1980. Husserl n'était pas protestant de naissance, mais il avait adhéré au  protestantisme au début de sa carrière. Dans la sincérité de cette adhésion, on peut penser à une influence du recueillement sur la réduction phénoménologique, sur le plan des idées et des expériences. "Être dans le monde et tenir le monde à dis­tance", pour prendre une image, on pourrait évoquer le nageur, complètement plongé dans l'eau et qui avance en tenant la mer à distance. L'éthique dans le monde de Jean Calvin sera ret­rouvée, hors de toute influence de Calvin, dans les dernières années du xix éme siècle par Thèrèse de Lisieux (1873-1897), ce qui lui vaudra d'être faite "Docteur de l'Église" par le pape Jean-Paul 2. Ainsi, le Saint Siège adopte-t-il, sans le savoir, un point central de la pensée calvinienne et calviniste.
3) Témoignage secret (voir Matthieu 6, 6 ; "Ton Père qui voit dans le secret"): le Saint Esprit agit sur le plan de notre psychisme des profondeurs, là où se créent les complexes, les névroses, les psychoses. Il ne s'identifie pas aux diverses cliniques psychanalytiques, que l'on connaît (Freud, Jung, Adler, Lacan), mais agit dans notre psychisme des profondeurs et sur celui-ci, à notre insu, scellant en nous la parole (ap­pro­pria­tion), orientant notre existence, il est AMeN, con­fir­ma­tion, accomplisse­ment.
Dans le cas de la parole de Dieu (Parole de Vie), Parole du Seigneur biblique, le Saint Esprit agit à la fois par en-haut et par en-dessous. Par en haut : le texte biblique comparé à la bobine de fil et l'aiguille, dans le schéma de la machine à coudre et par en-des­sous avec l'attestation du Saint Esprit comparable au travail de la navette, dans ce même schéma. Il n'est pas l'inconscient, il est le "Saint", Justice et Miséricorde, "grâce et vérité" (IV ème Évangile), le "Père" qui voit -agit- dans le secret (Matthieu). Non le Père-la-Loi de Freud, mais le Père-des-cieux de Matthieu, le Père-Amour de Luc 15.
Aujourd'hui, dans le Nouvelle Alliance, le Saint Esprit agit comme une confir­ma­tion (un AMeN), dans le secret. Nous n'en avons aucune appréhension (mis à part certains cas d'illuminisme qui ne peuvent pas être généralisés comme le baptême du Saint Esprit, les conversions spectaculaires, les révélations nouvelles - qui doivent être mesurées à  la norme de la révélation scripturaire biblique- etc.).
Le témoignage intérieur secret du Saint Esprit, en lui-même, est un moment mys­tique, mais ne nous fait pas connaître le sens mystique (caché) des choses, des gens, des événe­ments (gnosticisme), au contraire, il nous éclaire, nous ouvre et nous approprie le texte de la Révé­la­tion né­cessaire et suffisante qui existe déjà.
L'appropriation, qui a pour effet qu'un texte biblique devient Parole de Vie pour nous (produisant une réorientation de notre existence), est l'effet constatable de l'œuvre du Saint Esprit qui, en tant que telle, se situant sur le plan de la psychologie des profondeurs, sans relever de celle-ci, reste secrète Chaque parole biblique qui nous a été appro­priée par le Saint Esprit laisse une trace dans le tissu de notre existence. De même, la gravi­ta­tion ne s'ap­pré­hende d'aucune manière comme telle, mais uni­que­ment sur les effets qu'elle produit. La contingence de notre existence (ou le hasard biologique), d'une part, la finitude de l'existence (ou les nécessités de la vie), d'autre part, ne s'effacent pas pour autant, comme par magie, mais, désormais, des points de repère, des points d'attache, des points d'appui, un centre, se trouvent inscrits dans notre existence.
Le témoignage intérieur, secret, du Saint Esprit est la formalisation d'un vécu de premier plan dans le salut chrétien. La Parole de Vie remplace tous les rituels (les œuvres).
Jacques Gruber

le prochain blog sera publié en septembre 2015
































JUILLET  2015


                                                                                 
SYNODE  NATIONAL, Sète,    2015

couples de même sexe

une réaction personnelle au texte voté au dernier Synode national de l'Église protestante unie de France

Ce que j'en pense de bien : Il était courageux d'aborder ce sujet et de commencer par une consultation des églises locales qui, à ce qu'il semble, ont bien joué le jeu. Il est capital que, dans le texte voté au Synode national, jamais le mot de "mariage" ne soit écrit.

Ce que j'en pense de moins bien : Pourquoi ne pas avoir rappelé qu'il y a, ou peut y avoir demain, des homosexuel-les dans toutes nos familles, même celles où la foi est la plus vivante. Qu'il peut s'en trouver dans toutes nos églises, aussi fidèles soient-elles et qu'il est même surprenant qu'il n'y en ait pas. Pourquoi ne pas avoir souligné qu'un-e homosexuel-le peut avoir une foi aussi authentique que n'importe quel chrétien-ne.

Pourquoi  avoir noyé le sujet dans un texte relatif à la bénédiction de façon générale ? Alors que dans nos églises le mariage est une bénédiction et non un sacrement ? Cela ne va-t-il pas engendrer un confusionnisme, surtout si l'on tient compte des pressions qui entourent déjà les mariages que nous bénissons ?

Le texte synodal reflète-t-il la réflexion théologique, anthropologique, culturelle, pas­to­rale que soulève la légalisation du "mariage pour tous" ? Alors que ce dernier touche à l'ordre (ou l'Alliance) de la création. Alors qu'un couple de même sexe ne peut pas être considéré pure­ment et sim­ple­ment comme le couple de sexes opposés dont nous avons l'expérience. Alors que les requêtes des couples homosexuels pour s'assimiler toutes les formes de l'hétérosexualité  (leur désir mimétique) renvoient à une souffrance individuelle et sociale et relèvent d'une interprétation existen­tielle de la justifica­tion.

Dire : ‟Tous aussi nous recevons le témoignage des Écritures qui font de l’amour fidèle d’un couple homme-femme une parabole de la fidélité de Dieu pour son peuple. Mais nous n’en tirons pas tous les mêmes conséquences : pour certains, seuls de tels couples peuvent être bénis liturgiquement, tandis que pour d’autres, la bénédiction de Dieu ne saurait être liée à l’orientation sexuelle ” laisse à penser que tout se vaut en matière d'interprétation du texte biblique, que celui-ci n'est qu'un "nez de cire" (Luther, Descartes utilisera la même image à propos de la raison), que, par suite, rien ne vaut rien, bénédiction comprise. Le Synode veut ménager les "orthodoxes" et les "libéraux", il nous propose une motion de synthèse à la manière socialiste française, mais je lis cela comme un aveu d'im­puissance  théologique et anthropologique. La bénédiction d'un couple de même sexe est-elle ou non une béné­dic­tion nuptiale, un mariage ? Si c'est une bénédiction d'un autre genre, comment la nomme-t-on ?
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Sur le plan pastoral, on aurait pu rappeler que, suite à des évolutions culturelles, des notions nouvelles (les esprits, Séraphins, archanges sont des apports de Babylone, lors de l'Exil) ont fait l'apparition dans la Thôrâh. Certaines prescriptions bibliques ont été abandon­nées pour d'autres (le baptême substitué à la circoncision comme signe d'appartenance à l'Alliance). On aurait pu signaler que d'autres catégories de personnes condamnées explici­te­ment dans les Écritures, comme celles qui mettent leur confiance dans les richesses, sont honorées dans l'Église qui ne leur refuse ni les actes pastoraux ni les responsabilités ecclésiales. Le texte du Synode ne dit pas si une bénédiction de couple de même sexe est ouverte au tout-venant multitudiniste de tels couples où s'il s'agit de couples homosexuels dont l'un des membres au moins est un chrétien engagé.

Le Synode n'a pas tenu compte de la position prise par d'autres Églises membres de la Fédération protestante de France : lors de leur Synode de 2015, les Églises d'Alsace-Lorraine, interrogées sur le même sujet, ont rejeté toute bénédiction de couples de même sexe. Nous avançons désunis face aux défis de l'actualité.

 Que penser enfin d'une décision synodale non contraignante ? Pareille innovation méritait aussi une explication. Je  comprends ceci : chaque conseil presbytéral reste pasto­r­a­le­ment responsable de bénir ou non des couples de même sexe, mais, le cas échéant, il est tenu d'accomplir cet acte en conformité avec les directives nationales et non de façon disparate.

 Ce que j'en pense quand même de bien : Le synode a adressé un signe de paix aux homosexuel-les et aux couples de même sexe. Il ne s'est pas voulu conformiste, mais ac­cueillant.  Il demande au Seigneur de l'accompagner pour qu'il ne trébuche pas dans ce pas­sage culturel majeur de l'hu­ma­nité.

Jacques Gruber
















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ANNEXES

1) Texte adopté au Synode National de l'Église protestante unie de France
le 17 mai 2015 au Lazaret de Sète
Bénir. Témoins de l’Evangile dans 1 Décision adoptée par le Synode national l’accompagnement des personnes et des couples du Lazaret (Sète), le 17 mai 2015


Bénir
Témoins de l’Évangile dans l’accompagnement des personnes et des couples
Décision adoptée par le Synode national
Le Lazaret (Sète), le 17 mai 2015
0.1. Comment accompagner nos contemporains au plus près de leurs existences, dans leurs joies et dans leurs peines, dans les chemins qu’ils choisissent et ceux qu’ils subissent, dans leurs alliances et leurs séparations, pour leur permettre d’entendre une bonne nouvelle qui donne sens et saveur à leur vie tout entière ? Cette question que l’Église évangélique luthérienne de France et l’Église réformée de France ont déjà abordée lors de nombreux synodes depuis une vingtaine d’années s’inscrit dans la volonté de l’Église protestante unie de France d’honorer sa vocation à témoigner de l’Évangile.
0.2. Dans la société actuelle qui est plus sensible à ce qui est donné à voir qu’à ce qui est donné à entendre, le « geste-parole » de bénédiction constitue une façon très précieuse de partager quelque chose du Dieu de Jésus-Christ qui veut du bien pour chacun de nous.
1. Bénir : un don à recevoir, une richesse à partager

1.1. Nous trouvons la source de notre joie dans le « oui » premier que le Dieu de grâce pose sur nous en Jésus-Christ et que l’Esprit saint nous permet d’accueillir. Telle est la bénédiction qui fonde nos existences.
1.2. Partager cette joie en étant à notre tour porteurs de bénédiction pour les femmes et les hommes d’aujourd’hui, telle est notre vocation. L’Église protestante unie de France reçoit avec humilité et confiance cette mission d’être témoin de l’Évangile dans l’accompagnement des personnes et des couples. L’accueil de toutes celles et tous ceux qui s’adressent à elle et les gestes de bénédiction qu’elle peut offrir de la part de Dieu, sont autant de façons de dire la bonne nouvelle de son amour premier et de relayer son appel à vivre en relation avec lui.
1.3. « Bénissez, car c’est à cela que vous avez été appelés, afin d’hériter la bénédiction » (1Pierre 3, 9) : cette exhortation de l’épître de Pierre nous rappelle que bénir est source de bénédiction pour celui qui reçoit comme pour celui qui donne ! Bénir. Témoins de l’Evangile dans 2 Décision adoptée par le Synode national l’accompagnement des personnes et des couples du Lazaret (Sète), le 17 mai 2015

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1.4. L’Église protestante unie de France, qui vit et invite à vivre de cette bénédiction, se veut attentive aux aspirations de ses contemporains, tout en restant vigilante et critique. Sans figer les Écritures dans la lettre d’une loi immuable, elle entend être fidèle à l’Évangile de Jésus-Christ et à son exigence, fondement de sa foi et de son espérance.
2. La bénédiction : accueil gratuit de Dieu, promesse de sa présence et appel à vivre de l’Évangile

2.1. En nous redisant l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, la grâce de Dieu signifiée par la bénédiction nous décentre de nous-mêmes et nous libère de tout souci d’autojustification. Elle nous appelle à laisser cet amour transformer nos vies pour les mettre au diapason de l’Évangile. Ainsi, selon les textes bibliques, la bénédiction est à la fois accueil, promesse et envoi ; ne retenir qu’un seul des trois pôles ne rendrait pas compte du mouvement même de la bénédiction.
2.2. Bénir, c’est offrir un signe et une parole qui disent l’amour de Dieu et sa présence ; ce n’est pas faire un acte magique qui contraindrait Dieu à nous être favorable ; ce n’est pas non plus signifier qu’il approuverait nos projets. Puisqu’elle renvoie à celui qui fait toutes choses nouvelles, puisqu’elle suscite la confiance en lui, la bénédiction est vraiment source de paix et d’espérance, elle ouvre l’avenir et oriente une dynamique de vie renouvelée.
2.3. Être béni est un cadeau qui nous est offert par grâce, à recevoir dans la foi ; c’est un appel à accueillir les joies de la vie avec gratitude et un appui pour assumer nos difficultés avec courage et confiance.
2.4. Car la bénédiction atteste la présence de Dieu auprès de nous dans nos échecs comme dans nos succès, dans nos marches assurées comme dans nos errances. Elle ne nous dispense ni des incertitudes de la vie humaine, ni des risques de nos projets, ni de nos responsabilités, mais soutient notre confiance en la bienveillance de Dieu.
3. Cheminer ensemble

3.1. Sur la base de cette compréhension de la bénédiction, le Synode national appelle donc les fidèles, les paroisses et Églises locales, à accueillir pour eux-mêmes ce don de Dieu et à poursuivre la réflexion sur leurs propres pratiques de bénédiction.
3.2. L’Église protestante unie de France confesse que la communion de l’Eglise est don de Dieu, toujours à accueillir. Elle entend traduire ce don en marchant dans la communion fraternelle telle qu’en témoignent les Écritures. Il ne s’agit ni de confondre la légitime diversité avec une juxtaposition de convictions et de pratiques individuelles (simple pluralité), ni d’assimiler l’unité de l’Église avec l’imposition à tous d’une conviction et d’une pratique uniques (uniformité). La communion fraternelle est une manière de vivre ensemble en Église, en valorisant nos différences par l’intérêt que nous leur portons, dans la confiance et la gratitude d’être frères et soeurs, enfants divers d’un même Père céleste. Ainsi, ouvrir un chemin ensemble, c’est considérer précisément comme une bénédiction le fait que Dieu nous parle aussi à travers nos différences. Bénir. Témoins de l’Evangile dans 3 Décision adoptée par le Synode national l’accompagnement des personnes et des couples du Lazaret (Sète), le 17 mai 2015

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3.3. La communion fraternelle se construit en particulier dans la lecture partagée des textes bibliques. La diversité de nos interprétations nourrit et enrichit notre foi quand celles-ci se fondent sur la conviction commune que Jésus-Christ est le Seigneur.
3.4. Dans cet esprit, le Synode se réjouit que des questions concrètes, parfois sensibles, concernant la bénédiction des personnes et des couples aient pu être travaillées et débattues dans les Églises locales et les Synodes régionaux. Il n’éprouve pas le besoin d’uniformiser les pratiques de bénédiction, mais appelle les Églises locales et paroisses à accueillir les différences comme une interpellation et une richesse tout en poursuivant le dialogue en leur sein et entre elles, dans la communion fraternelle.
3.5. De la même manière, le Synode est convaincu que cette communion fraternelle doit être vécue dans le dialogue avec les autres Eglises, notamment au sein de la Fédération protestante de France. Elle repose sur notre commun enracinement en Jésus-Christ, notre Seigneur et Sauveur, par-delà les pratiques différenciées dans l’accueil et l’accompagnement des personnes et des couples.
4. Bénir en Eglise

4.1. Attentif au désir de beaucoup de nos contemporains que leur soit manifestée la bienveillance inconditionnelle de Dieu dans le concret de leurs existences, dans leurs épreuves et leurs joies, le Synode invite les paroisses et Églises locales et les ministres à exercer pleinement leur responsabilité pastorale à leur égard,
- en accueillant avec bienveillance et sérieux les personnes et les couples qui, dans leur grande diversité, s’adressent à eux, parce qu’ils veulent placer leur existence devant le Dieu de Jésus-Christ,
- en les accompagnant dans leurs efforts pour discerner le projet que Dieu a pour eux,
- et en explorant les voies possibles pour leur signifier en Église la bénédiction de Dieu.

4.2. Les paroisses et Églises locales ont particulièrement réfléchi à la demande formulée par un certain nombre de couples de même sexe, membres de notre Eglise, qu’une bénédiction soit prononcée sur eux à l’occasion de leur mariage civil.
4.2.1. Le Synode prend acte des positions diverses qui se sont fait entendre à ce propos au sein de l’Eglise protestante unie au cours de la démarche synodale – comme il en existe d’ailleurs dans d’autres Églises. Il affirme que ces différences ne sauraient remettre en cause la communion fraternelle, fondée en Jésus-Christ et non dans l’unanimité de nos convictions..
Nous lisons tous dans les Écritures la joie d’un engagement à vivre un amour respectueux de l’autre. La bénédiction témoigne alors du « oui » de Dieu à l’amour entre deux personnes qui devient alliance et projet, chemin et promesse.
Tous aussi nous recevons le témoignage des Écritures qui font de l’amour fidèle d’un couple homme-femme une parabole de la fidélité de Dieu pour son peuple. Mais nous n’en tirons pas tous les mêmes conséquences : pour certains, seuls de tels couples peuvent être bénis liturgiquement, tandis que pour d’autres, la bénédiction de Dieu ne saurait être liée à l’orientation sexuelle. Bénir. Témoins de l’Evangile dans 4 Décision adoptée par le Synode national l’accompagnement des personnes et des couples du Lazaret (Sète), le 17 mai 2015

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4.2.2. Le Synode est soucieux à la fois de permettre que les couples de même sexe se sentent accueillis tels qu’ils sont et de respecter les points de vue divers qui traversent l’Église protestante unie. Il ouvre la possibilité, pour celles et ceux qui y voient une juste façon de témoigner de l’Évangile, de pratiquer une bénédiction liturgique des couples mariés de même sexe qui veulent placer leur alliance devant Dieu.
5. Coordonner nos pratiques

5.1. Afin de vivre pleinement la communion fraternelle, il est utile de nous donner les moyens de coordonner nos pratiques, à propos des bénédictions de couples de même sexe, aussi bien au sein des Églises locales et paroisses qu’entre elles.
5.2. Les bénédictions liturgiques, qui relèvent du discernement pastoral, ne peuvent pas se faire sans un dialogue en Conseil presbytéral. Si, concernant les situations concrètes, le ministre (ou la personne titulaire d’un mandat) est tenu au secret professionnel, y compris vis à vis du Conseil presbytéral, il lui faudra, à l’occasion d’une première demande et dans le souci d’exercer pleinement son ministère d’unité, s’accorder avec son Conseil sur le principe de telles bénédictions liturgiques.
5.3. Le Synode décide de la création d’une part d’une « Équipe d’accompagnement des bénédictions » et d’autre part d’une « Équipe liturgique pour les bénédictions ».
5.3.1. Équipe d’accompagnement des bénédictions :
5.3.1.1. Cette équipe sera composée de 5 à 7 membres nommés par le Conseil national.
5.3.1.2. Elle aura la responsabilité d’accompagner les Églises locales et les paroisses qui le souhaitent dans leurs réflexions et leur décision. Elle pourra aussi proposer une intervention sur la suggestion du Conseil régional.
Elle pourra être consultée par un ministre (ou une personne titulaire d’un mandat) désireux d’avoir un interlocuteur pour discerner le meilleur chemin à suivre dans telle situation concrète ; les membres de l’équipe qui interviendront alors seront soumis au secret professionnel.
5.3.2. Équipe liturgique pour les bénédictions :
5.3.2.1. Cette équipe sera composée de 5 à 7 membres nommés par le Conseil national.
5.3.2.2. Elle aura la responsabilité de collecter, élaborer et diffuser des supports liturgiques concernant la bénédiction des couples de même sexe à l’occasion de leur mariage. Ces éléments seront utilisables à titre temporaire, jusqu’à ce que les synodes soient saisis d’un projet de liturgie instruit par quelques années d’expérience. En attendant, toute liturgie pour une telle bénédiction sera élaborée en dialogue avec cette équipe.
6. Envoi

Le Synode exhorte les Églises locales et paroisses à exercer ainsi la liberté des enfants de Dieu, en ayant le souci les uns des autres, dans la bienveillance et la communion fraternelle.
Avec l’aide de l’Esprit saint, osons la confiance entre nous, dans la confiance au Dieu de Jésus-Christ, qui nous bénit et nous appelle à bénir !









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2) mon blog de juin 2014
"Mariages" dits homosexuels
CHACUN  SON  MOT
-un point ce vue protestant personnel-
Une Église confessante devant le nihilisme envahissant (tout se vaut)

Au moment où l'Église protestante unie de France procède à une consultation de ses membres sur la question du "mariage" homosexuel, je reviens sur cette question (voir  septembre 2012). J'attribue la demande de mariage de la part de couples homo­sexuels à un embourgeoisement. Il faut en tenir compte et il me semble que c'est, pour les Églises, une occasion de savoir se rendre inventives dans la foi plutôt que de se conformer à la société ou de tomber dans l'into­lé­rance
Dès lors que l'État reconnaît un "mariage pour tous", l'Église est amenée à prendre position face à des demandes de "mariage" émanant de partenaires homosexuels civilement "mariés".
C'est d'abord une question de termes:
a) sur le plan linguistique, le mariage signifie la réunion d'élé­ments différents et qui restent tels: quand on "marie" des saveurs cela veut dire qu'elles sont différentes et qu'au goût, chacune d'elles subsiste distinctement des autres. Ne vaudrait-il pas mieux parler d'une "union simil­sexuelle familiale";
b) car il serait souhaitable, en effet, de parler d'unionsdissexu­elles * (dissimilis) ou simil­sexuelles (similis) -éviter de dire "simil i sexuel", qui a un autre sens- plutôt que hé­té­ro­sexuelles ou homosexuelles (en français, on compose des mots latin-latin ou grec-grec).
             * Abréviation pour 
dissimilsexuel-le.
NB: Les unions dissexuelles et similsexuelles se distinguent des unions pluri­sex­u­elles: polyga­mie, pédophilie, zoophilie, unions sado-masochistes.
 Toutefois, pour ne pas alourdir mon texte, je continuerai d'utiliser les expressions devenues courantes: "mariages hétérosexuels", "mariages homosexuels".

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Ensuite, une question spirituelle : Admettons-nous que des partenaires homosexuels souffrent sur le plan de l'intégration sociale et qu'au moins l'un d'eux puisse partager la même foi chrétienne que nous ? Pensons-nous que l'Église puisse apporter à leurs attentes une réponse correspondant à leur profil et qui leur soit un soulagement  ?
Le salut est inconditionnel, mais l'Église (au sens des responsables comme du peuple de l'Église) se doit d'être attentive aux interprétations et aux utilisations qui sont faites des actes liturgiques qu'elle est appelée à accomplir dans, par et avec la foi. Nous nous devons, en tout cas, d'éviter la céré­mo­­nie de com­plai­sance, prétexte à la fête. Que la fête se situe de préférence le jour du mariage civil.
Si la demande des couples de même sexe  est celle de la satisfaction du désir mimé­tique de faire un mariage comme les autres, l'Église se trouve en porte-à-faux : si elle défère à la demande, c'est au prix d'un reniement (celui de l'anthropologie de la foi biblique), si elle la refuse, c'est au prix d'un autre reniement (le salut inconditionnel).
En revanche, si la demande émane de chrétiens qui, sans cacher leur orientation sexuelle, veulent rester fidèles à la Parole de Dieu pour l'en­semble de leur vie et souhai­tent former un couple et fonder une famille sur le mode d'une vocation, sous cet aspect, l'Église peut prendre cette demande en considération et lui donner une réponse spé­ci­fique.
Quelle est la motivation spirituelle des demandeurs? Quel est l'engagement dans la foi de chacun? Quelle est leur conception de la vie commune? Quel est ou peut être la place de chacun ou de leur couple dans la vie courante de l'Église? Pourquoi présentent-ils ou -elles une demande à caractère religieux à côté de la sanction civile? Que repré­sente pour eux une alliance, un sacrement, un charisme, une vocation, une com­mu­nion, une commu­nauté, une famille? De quelle manière se situent-ils ou elles par rap­port à l'annonce du royaume des cieux (ou de  Dieu) par Jésus dont les Évangiles se sont fait les té­moins?
Selon le sens que les intéressés donneront à leur démarche, nos Églises pour­raient leur proposer un
"Acte de recon­naissance de l'existence d'une vocation commune à former un couple et à fonder une famille".
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L'acte de reconnaissance n'est ni un sacre­ment ni une bénédiction (même s'il s'accom­pagne parfois d'une bénédiction).
Dans nos Églises, on bénit des mariages et on reconnaît les charismes, les voca­tion­, les minis­tères. C'est dans ce cadre, me semble-t-il, que la re­quête spirituelle, pré­sen­­­tée par des partenaires de même sexe, suite à leur "mariage" civil, peut trouver sa ré­ponse la mieux appro­priée dans l'Église.
Je laisse ainsi de côté la bénédiction qui brouille les cartes parce que, dans nos Églises, elle est cons­­ti­­tutive d’un mariage. Traiter des questions que les mariages de couples de même sexe posent aux Églises à partir de la bénédiction, c'est enfoncer une cheville carrée dans un trou rond, il faut changer de registre, passer à la reconnaissance d'un don. Une reconnaissance de vocation n'est pas un succédané de mariage, un mariage au rabais, c'est autre chose.
Fondement biblique : Ge 1, 26-31 : l’être humain voulu par la Parole créatrice est homme et femme, c’est le couple avec sa descendance. D'où, les notions bibliques d'al­liance, de vocation et d’espérance, de royaume des cieux -de Dieu et d’Église, de famille. L'anthropologie biblique du couple de sexe différent appartient à l'ordre de la création et constitue la règle du jeu dans toute la tradition issue de la Bible. Que l'ordre ou l'alliance de la création soit perturbé par l'être humain, c'est un fait à la fois de nature et de société que l'on ne peut que constater; qu'il existe d'autres règles pour d'autres jeux est possible, mais on ne demande pas de jouer dans une équipe de basket (l'Église) avec les règles du jeu du football (la postmodernité).
L'attitude que nous adoptons en ce qui concerne l'ordre ou l'alliance de la création est déterminante. S'il s'agit d'un ordre qui s'impose, il n'est plus "bon" (ToV) comme le veut le texte de Genèse 1. S'il s'agit d'une réalité physique, personnelle et sociale qui nous est donnée afin que nous puissions nous appuyer dessus ou nous adosser contre elle en toute confiance, cet ordre, cees règles, cette régulation, sont "bons". Dans le cas d'une reconnaissance de vocation à former un couple et fonder un foyer, l'ordre de la création devient même un projet (tout comme fondamentalement aussi, d'ailleurs, dans le cas des mariages hétérosexuels).
Base théologique sotériologique de la Réformation :
a) la conversion fait de nous des pé­cheurs pardonnés (non repentis, mais pardonnés) : toujours pécheurs et tou­jours par­don­nés, toujours pardonnés et néanmoins pécheurs;
b) le salut est donné (pas seulement offert) sans conditions, tels que nous som­mes, quels que nous soyons. Il n’y a aucune bonne conscience, pas plus que de tour­ments concernant le salut par grâce, pourtant Dietrich Bonhöffer nous a rendus attentifs au fait que le don gratuit coûte : suivre Jésus n'est pas un chemin semé de roses (Nach­folge, 1937)
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Conséquences ecclésiologiques: l'Église n'a aucune raison de principe de refuser en son sein un-e homosexuel-le ou des partenaires homosexuels qui vivent leur foi, de les écarter de la cène, de leur refuser la bénédiction finale du culte, voire l'élection à un ministère. Pourtant, devant une demande de mariage, elle se doit d'exercer un discer­ne­ment. La demande d'une béné­dic­tion doit "convenir" au cas particulier pour lequel elle est demandée. On peut bénir séparément chacun des partenaires homosexuels, mais suivant l'inspiration de l'an­thro­pologie bi­blique la bénédiction de mariage ne convient pas pour un pareil cas.
L'Église a la possibilité de bénir le mariage d'un couple hétérosexuel ou de re­con­naître la vocation de partenaires de même sexe à former un couple et fonder une famille, sans que cela implique un jugement de valeur. La reconnaissance d'une vocation com­mune est différente d'un mariage, elle ne lui est pas spirituellement inférieure.
Question subsidiaire : Quelle réponse donner à un couple hétérosexuel qui demanderait une béné­dic­tion de mariage avec la volonté déclarée de ne pas avoir d'enfants?
Situation culturelle : Le christianisme doit-il s’adapter ou peut-il réentendre avec fidélité la Parole de Dieu dans la post-modernité occidentale ?
Pour cette dernière, la sexualité humaine n'est pas que la nature, c'est aussi la société. C'est la société tout en restant la nature. La nature qui peut avoir des hésitations, la société qui peut faire des erreurs. Mais la foi s'incarne toujours dans des possibilités d'existence personnelles appropriées, qui, dans l'histoire, se sont souvent révélées nou­velles ou renouvelées.
Il y a des couples de même sexe qui, dans leur vie courante, se réclament de l'Évangile ("les pécheurs et les prostituées vous devancent dans le royaume des cieux", Matthieu 21, 31-32), quand bien même le jugement de la Loi les stigmatise.
Dans ce cas, est-il licite d'interpréter la parole de Paul : "En Christ il n'y a plus ni homme ni femme" (Galates 3, 28: "ni mâle ni femelle", selon la traduction Darby-), au sens de la post-modernité qui distingue entre homme ou femme et masculin ou féminin?
a) "Pour ceux qui sont en Christ, il n'y a plus de masculin ou de féminin même s'il existe toujours des hommes et des femmes sur le plan physique";
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b) Ou, au contraire: "En Christ, le masculin ou le féminin demeurent, mais, au-delà de toute apparence physique, il n'y a plus d'hommes ou de femmes" ?
Ces deux formules pourraient, chacune à sa manière, justifier l'homosexualité aussi (et considérant, par ailleurs, les fortes paroles de Paul contre les mœurs homosexuelles de Romains 3) vaut-il mieux penser que la portée de la parole de Paul est sociale:
c) "En Christ, homme et femme sont socialement égaux,  il n'y a plus de supério­ri­té de l'homme (du masculin) sur la femme ou de la femme (du féminin) sur l'homme"?
Comme le plus souvent, Paul emploie l'expression "en Christ". Cette expression a une dimen­sion de devenir, celle même de lavocation chrétienne, l'actualité eschatolo­gique du roy­aume des cieux -de Dieu) plutôt que l'une des expressions qui suggèrent un état: "ceux qui ont Christ en eux", "en qui Christ demeure", "qui possèdent Christ".
Le "nouvel Homme" paulinien est un être humain réconcilié par grâce, au moyen de la foi, avec le Seigneur, avec les autres, avec lui-même. En Christ, la masculinité et la féminité qui nous constituent sont appelées à vivre en­semble, réconciliées (ce que C-G. Jung a traduit par les compensations réciproques entre animus etanima: Dialectique du moi et de l'inconscient ", Idées / Gallimard, 1973 p 179 et 181). Dans l'Église les hétérosexuels et les homosexuels qui ont une même  espérance en Christ, ont vocation à vivre réconci­liés.
La proposition présentée ici consiste en un acte liturgique accompli, de part et d'autre, dans et par la foi, acte attestant que les aspirations vécues par les couples de même sexe sont une vocation commune à former un couple et fonder une famille. Réconciliation non seulement en marche, mais en œuvre.
Contrairement aux apparences, la différence établie par Judith Butler entre sexe (nature) et gender (société) (Troubles dans le genre, Le féminisme et la subversion de l'identité, La Découvete, 2006) peut nous aider en l'occurrence. Il est d’expérience que dans les couples de même sexe l’un tient le rôle de la femme, l’autre celui de l’homme, ainsi, nous pouvons croire que des partenaires de même sexe, en formant des couples, peuvent, si nous prenons la grâce au sérieux, re­trou­­ver l’an­thropologie biblique non plus sur le plan d'un homme et d'une femme réalisant l’être humain dans leur union, mais d’un semblable accomplisse­ment retrouvé sur un plan culturel à travers une vocation masculine ou une vocation féminine auxquelles ils ont souscrits quelle que soit leur confi­gu­­ra­tion phy­si­que.
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Observons que, au sein des couples hétérosexuels qui ont reçu la bénédiction nuptiale dans nos Églises, la répartition des rôles (soins aux enfants, cuisine, gagne pain, brico­lage, ménage-repassage, sport, etc.) n’est souvent plus fonction d’un sexe ou de l’autre et que les repères extérieurs, vestimentaires ou autres, ne sont plus discriminatoires.
Conditions légales : en France, depuis que le « mariage pour tous » a été re­con­nu, on peut légalement procéder à un acte ecclésiastique de reconnaissance d'une voca­tion conjugale et familiale.
La suggestion pratique serait celle-ci : après que le "mariage" civil a eu lieu; suite à une préparation qui portera sur la connaissance et l’adhésion aux éléments bi­bliques, théologiques et ecclésiologiques rap­pe­­lés ci-dessus, la reconnaissance litur­­gique d’une vocation (ni aptitude ni capacité, mais vocation au royaume des cieux -de Dieu) à former un couple et à fonder une famille peut être envisagée.
L'acte liturgique, conçu dans un culte ou en-dehors d'un culte, comportera essentiellement:
1) un accueil comportant au moins une confession de foi (à laquelle les intéressés peuvent avoir travaillé) ;
2) une instruction rappelant le sens de la reconnaissance d'une vocation;  
3) la question :
« Voulez-vous répondre à la vocation commune qui vous est adressée par Dieu (par le parole de Dieu, par le Saint Esprit) pour former un couple et fonder une fa­mille dans la perspective du royaume des cieux -de Dieu ? » 
et la réponse commune : « Oui, nous le voulons. Que le Seigneur nous soit en aide » ;
4) suite à cela, l'officiant pro­nonce ces paroles  :
« L’Église protes­tante unie de France reconnaît votre vocation commune à former un couple et à fonder une famille dans la perspective du royaume des cieux -de Dieu où nous nous plaçons nous-mêmes, elle prie avec vous pour que s'affermisse cette vocation,  AMeN ».
Il n'y a ni bénédiction ni échange d'anneaux, mais, au moment où il prononce ces dernières paroles, l'officiant peut éventuellement prendre, entre ses mains une main de chacun des déclarants.

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Après quoi, on peut envisager d’offrir une Bible ou tout autre ouvrage qui con­vien­dra pour la réalisation de cette vocation.
5) vient alors le moment de la prédication ou du message, d'une prière d’inter­cession pour les conjoints en pré­sence, pour leur famille, pour les couples et les familles proches ou lointains, prière suivie du Notre Père;
6) l'acte liturgique se termine par la bénédiction finale de l'assemblée, debout.
Chants à la convenance.

Ne pas tomber dans le nihilisme (tout se vaut, le n'importe quoi) sans rejeter personne, 
donner une réponse correspondant aux réalités en présence.

Jacques Gruber




SEPTEMBRE 2015
pour encourager la théologie
  
Je me propose de publier ici, dix fois par an, un texte théologique ou spirituel, des compte-rendus critiques de lectures. Je suis de culture protestante, mais ma question con­cerne la façon dont le christianisme peut s’anticiper aujourd'hui. Pareille, perspective ne peut s’ac­com­moder d’une attitude purement confessionnelle ou dogmatique.
Je tire une inspiration indépassable de la source biblique et je m’adosse à la tradition chrétienne dont je suis solidaire. En même temps, je vis en tension l’incomplétude actuelle de la réalité et de la vérité (ce qui est différent du doute), avec les autres religions et cultures, la mo­dernité et la postmodernité.

Le CORAN
Il me semble que, pour des millions de musulmans qui ne lisent pas l'arabe de la Mekke de notre septième siècle, le Coran (Qur'an ; "ce qui est récité") c'est d'abord l'appel modulé du Muezzin dans une langue inconnue, mais mélodieuse et attirante qui appelle au rassemble­ment des hommes à la mosquée. C'est ensuite, le texte, incompréhensible pour eux, que l'on fait apprendre par cœur par des enfants dans les écoles coraniques. Sur certaines expressions, les savants de l'Université Al-Azar du Caire avouent aux traducteurs qu'ils ne peuvent se prononcer clairement.

Dans les sourates de la Mekke, en particulier, les versets se succèdent sur les mêmes asso­nances (par  exemple : les sons èn, àn,  ìn , ùn, èn) produisant une scansion musicale par ailleurs propre à la mémorisation.   En pra­tique, pour la grande masse des musulmans (arabes ou autres), le Coran est essentiellement ce chant, comme si nous entendions une Bible en poésie occitane.  Un exemple sensible  en traduction  française : Sourate 3, La famille de Hrimrân, versets 127/133 à 130-136. Avec le temps, on passe des hymnes à la prédication puis les textes s'allongent et le discours remplace la poésie et le prêche.

Cette situation peut avoir eu pour conséquence que la Sunnah (qui est lisible et audible) a pris de l'impor­tance dans la vie des croyants musulmans.
Le Qur'an, c'est ensuite quelque chose comme le Christ, le Médiateur, pour nous (Muhammad, 570-571-580 à 632, l'Envoyé d'Allah en est l'Apôtre). En ce sens, on peut parler d'une "religion du livre" (alors que nous serions une religion de la Parole). Livre, au reste peu lu à cause de l'obstacle de la langue si bien qu'il peut n'être qu'un Livre fermé ou devenir un Livre fétiche.
La confession de foi musulmane s'exprime ainsi : "Il n'y a de Dieu qu'ALLaH et Muhammad est son Envoyé (le Prophète)". Le Coran parle aussi du "Seigneur des Mondes", du "Seigneur de Moïse et d'Aaron" (Sourate 7, 118/121), mais sa conception d'un Dieu que l'on connaît par son Nom (Allah) est tout différente de celle de la Bible qui ne prononce pas le Nom par excellence et le remplace par des appellations telles que le Seigneur (Adonaï), le Nom (HaChem). Les cinq piliers de l'islam sont la prière cinq fois par jour, l'aumône, le jeûne, le pèlerinage de La Mekke au moins une fois dans sa vie, la guerre sainte (le djihad) contre nos mauvais penchants et contre les ennemis de l'islam (voir Sourate 2, 172).

Le projet de Muhammad est de donner aux Arabes une religion et un Livre, comme les Juifs et les chrétiens. Au départ, il vise sa tribu, d'où une religion tribale identitaire (circoncision) qui veut s'imposer à toute l'humanité.
Le Coran se donne pour la révélation d'une seule personne (Gabriel) à une seule personne (Muhammad). La période où Muhammad reçoit ces révélations va de 612 à 632. Il s'adresse prioritairement aux Arabes, puis aux "hommes", aux hommes circoncis (les fidèles), ayant la foi en Allah (les Croyants), étant soumis (muslim) à Allah et aux paroles de son Prophète, Muhammad (‟Obéissez à Allah et à son Envoyé”), à l'Ummah (la communauté mondiale des hommes circoncis qui obéissent à Allah et à son Envoyé).
À la Mekke, Muhammad  s'élève contre le paganisme polythéiste et engage un combat pour le Dieu unique Allah, Misé­ri­cor­­dieux et Compatissant, Tout-Puissant, Tout-connaissant, Tout-présent, Exclu­sif pour tous ceux qui ne font pas sa volonté ou restent en dehors (les Associateurs qui ajoutent d'autres personnes à côté d'Allah), il prêche la soumission (islam) à Allah, le renoncement à la vie immédiate égoïste en vue de la vie dernière, du Jour du Jugement, d'un Paradis musulman.

Les paroles apportées par Muhammad ont été rédigées sur tout espèce de support (papyrus, parchemins, peaux, tessons, etc.). Lors du recueil des textes sous l'autorité du deuxième Calife (Umar -ou Omar-, 634-644) les Sourates -chapitres- ont été classées de la plus longue à la plus courte. Les critiques peuvent observer qu'une sourate est composée de plusieurs sourates mises à la suite lors de la constitution du Coran. Ensuite le Calife a veillé à ce que la totalité des originaux soit détruite. L'actuel Coran date de notre 9e siècle. Une ver­sion plus ancienne, retrouvée à Sanaa (Yémen), reste interdite.

Les critiques du Coran classent les  sourates (chapitres divisés en verstes) en quatre séries, selon qu'elle font réfé­rence internes à des moments de la vie de Muhammad. Exemple important : la guerre sainte, Sourate 2, vv. 186/190 à 189/193, autre : Sourate 4, vv. 76/74 à 78/76 ou il y a opposition entre "vie immédiate" et "vie dernière"). A la Mekke, Muhammad est un quidam qui gène et que l'on chasse (hégire), à Médine c'est un Prophète écouté qui devient le chef, à tendance théocratique, d'un peuple en quelque sorte élu, qui exclut voire voue à la destruction, les images de quelque sorte que ce soit, les insoumis, incirconcis, incrédules (de la parole de Muhammad), les ennemis de l'islam.
Le contenu des Sourates (chapitres) présente des thèmes récurrents: Allah, Mu­ha­m­mad, l'un ou l'autres sujet de législation (par exemple : les interdits alimentaires), l'un ou l'autre des cinq piliers (voir Sourate 2, vv. 163/168 à 172/177), les Juifs, les "associateurs". Parmi ceux-ci, les chrétiens trinitaires. Compte-tenu que, pour le Coran, la Trinité est : - le Père, le Fils et Marie -.
Selon toute vraisemblance, Muhammad n'a jamais lu aucun passage de la Bible, la connaissance qu'il en a découle des entretiens qu'il a eus avec des marchands Juifs ou chrétiens, même si les choses sont présentées comme venues de l'archange Gabriel (figure tiré de l'apocalyptique juive).
Muhammad se donne comme le dernier prophète (l'Esprit annoncé dans les Évangiles (en particulier, Jean 15, 17), le sceau de la prophétie, le Coran est l'ultime révélation qui corrige les précédentes (présentées comme des falsifications). Cette idée est juste, dès lors que les souvenirs (et, sans doute, non les textes) bibliques rapportés par les collègues de Muhammad étaient déjà faussés. Notons qu'après  la révélation biblique plusieurs révélations ont fleuri: Le Coran, le Livre de Mormon …, comme le genre évangile après les Évangiles canoniques.
Le Coran et la Bible :
1 Unicité absolue (monolithique) de la Divinité dont on connaît et utilise le nom: Allah.  Il dirige qui il veut, il égare qui il veut. Le Coran se plaît à énumérer toutes les qualités d'Allah.
2 Abraham  père des croyants au Dieu unique (hranif, Sourate 3 v. 60/67 ;  créateur, avec Ismaël, du culte de la Kaabah à la Mekke, Sourate 2, v. 122/127). Il quitte Ur à cause de ses idoles, il offre son fils (tantôt Isaac, tantôt Imaël). Le hranifisme a été régénéré et complété par Muhammad, Sourate 3, vv. 73/79 et suivants, avec , confession de foi des croyants (v. 78/84, voir aussi, Sourate 4, v. 135/136 ;  Sourate 6, 74-83).
3 dans les énumérations de personnages bibliques, Ismaël vient d'habitude avant Isaac; il est le premier des fils d'Abraham; dans les allusions à la ligature du fils d'Abraham, il s'agit  tantôt d'Ismaël, tantôt d'Isaac.
4 Jésus est un prophète, il n'a pas été crucifié, un autre homme lui a été substitué au dernier moment.
5 Virginité perpétuelle de Marie, mère de Jésus (Sourate 3, 40-43; 66,12) qui se trouve, par ailleurs, confondue avec Marie sœur de Moïse (Sourate 19, 29/28-30/29).
 6 Le Coran parle de Jésus, de Jonas, de Joseph, de Noé et autres personnages bibliques mais pour donner toujours un seul et même messages : ce sont des témoins, des exemples de la foi=soumission au Dieu Unique Allah et appuyer les nombreux avertissements à vivre selon les paroles du Coran, les coutumes et la culture dont il découle et qu'il promeut. Exemple, la voca­tion de Moïse
Le Coran, comme la Bible, connaît un temps linéaire, il pose que l'histoire (univer­selle) du monde dépend de l'histoire particulière d'un seul "peuple"(Israël, Église, Umma mu­sul­mane), mais également le monde (mythologique) à trois étages cieux - terres - enfers.
Le discours coranique est répétitif, il revient toujours de nouveau sur les (pseudo-) origines des arabes ; sur les exclusivismes: idolâtres, Juifs, associateurs ; sur AL-ILLaH Dieu dont on connaît le nom que l'on prononce à tout bout de champ ; sur Muhammad ; mais pas tellement moraliste ou législatif (cela reviendra à la Sunnah) ; sur les avertissements. Ni Loi ni Évangile (peu de législation, peu de prescriptions), mais des avertissements. Les thèmes qui reviennent dans chaque Sourate sont: les Juifs, les idolâtres, les associateurs, les ennemis de l'islam en général, Allah, Muhammad. On ne trouve ni récit ni poésie ni prières ni raisonnements suivis, mais surtout des affirmations péremptoires (‟Dis …”). Les croyances sont princi­pa­le­ment: Allah (Absolu, Unique et Seul, Omnipotent, Omniscient, Omniprésent), les Anges et les démons, les prophètes,  l'opposition entre la Vie immédiate et la Vie Dernière, le dernier Jour, la Résurrection, le Jugement sur nos œuvres (par ailleurs dirigées par Allah, détermi­nisme : "Allah dirige qui Il veut et égare qui Il veut " -introduction de Régis Blachère, p. 17-), les Jardins (le Paradis), les Tourments éternels. Ce que le Coran appelle  la foi, c'est être soumis (muslim) à Allah (sa volonté est notre destinée, Inch Allah !), au texte coranique et à celui de la Sunnah, tous deux pris à la lettre (Mektoub !), avec les croyances citées ici.
La SUNNAH
Le Coran apporte  des prescriptions rituelles, ce n'est proprement ni un texte éthique (même s'il édicte une série de devoirs moraux) ni un texte législatif (les textes sur les femmes, le mariage et la répudiation, les contrats, la guerre sainte ressortissent aux rituels, mais vont consacrer le vocabulaire juridique musulman) ni une liturgie, c'est un texte charismatique qui contient cependant l'em­bryon d'un Code civil et criminel dont la Sunnah va s'inspirer
La Sunnah, la Tradition, contient des prescriptions concernant la vie courante, une législation (la Chariah) et des récits de la vie de Muhammad ainsi que des paroles (non-coraniques) de ce dernier (les Hadith). Il y a des interférences entre Coran et Sunnah; dans plusieurs cas on (les non-musulmans et les musul­mans eux-mêmes) ne sait pas s'il s'agit d'un texte du Coran ou d'un texte de la Sunnah. Il n'y a pas eu de fermeture du canon coranique, le Coran continue d'être écrit au fil des temps.
Dans son ensemble, le Coran reflète son les circonstances de sa rédaction (son Sitz im Leben) : la prise de pouvoir théocra­tique de Mouhammad à Médine sa victoire sur les idoles et les images, les Juifs et les asso­cia­teurs chré­tiens, contre les mauvaises tendances de chacun et contre les ennemis de l'Islam.
Un facteur de confusionnisme : Pour des chrétiens-iennes qui n'ont pas une bonne connais­sance de l'histoire biblique et aucune expérience vécue de la Parole de Vie, le risque est de penser et de dire que le Coran et la Bible, c'est la même chose.
note biographique : Muhammad, né en 570 ou 571  ou 580 à la Mekke, mort à Médine en 632. il a une vision de l'archange Gabriel. Il se met à communiquer dans des sortes d'extases la volonté du Dieu unique Allah (al-Illah) : se détacher des idoles et les détruire (le Coran retient d'Abraham qu'il avait quitté Ur pour fuir l'idolâtrie de ses habitants); renoncer à la vie immédiate égoïste en vue de la vie dernière, du Jour du Jugement; d'un Paradis musulman. Muhammad et ses frères obligés de fuir à Médine en 622 (Hégire). En dix ans il organise là un État théocratique et une société où la loi nouvelle remplace les us et coutumes tradition­nels. Le djihad qui pose le devoir absolu de combattre ceux qui s'opposent à l'Islam, le me­nacent ou vivent simplement selon d'autres règles fait partie de ces institutions, les cinq piliers de l'Islam (les cinq prières quotidiennes, l'aumône, le pèlerinage à la Mekke, le jeûne du Ramadan, le djihad). Après de durs affrontements (624, 625, 627) la Mekke se rend à Muhammad en 630: l'Arabie est acquise à l'Islam. Les califes, successeurs de Muhammad entreprendront de conquérir par les armes les contrées voisines et amorceront l'expansion de l'Islam. (d'après le PLI).
Textes choisis au fil du Qur'an
Traduction, introduction et notes de Régis Blachère, Paris, Librairie orientale et américaine, 198, boulevard Saint-Germain.
Un rappel de l'alliance du Sinaï : [Rappelez-vous,) quand nous fîmes alliance avec vous et que Nous élevâmes au-dessus de vous le Mont [Sinaï, en disant] : ‟Prenez avec force l'Écriture qui vous est donnée et rappelez-vous ce qu'elle contient ! Peut être serez-vous pieux. [Mais] par le suite, vous vous êtes détournés et, n'eussent été la faveur et la miséricorde d'Allah, vous auriez certes été parmi les Perdants.” (2, 60-61)
L'institution du pèlerinage de la Mekke : Et [rappelez-vous] quand nous fîmes du Temple [de la Kaabah de la Mekke] un lieu de visitation et un asile pour les Hommes, [quand] ceux-ci tirèrent du Maqâm [lieu, emplacement] d'Abraham un lieu de Prière. Nous fîmes pacte avec Abraham et Ismaël [en leur disant :] ‟Purifiez Mon Temple pour ceux qui font la circumambulation, [pour] ceux qui font retraite pieuse [pour] ceux qui s'inclinent et se prosternent.” (2, 119)
La soumission : Et [rappelez-vous] quand le Seigneur dit à [Abraham] : ‟Soumet-toi [au Seigneur] !” [Abraham] répondit : ‟ Je me soumets au Seigneur des Mondes”. [Abraham] a recommandé cela à ses fils, et Jacob, [lui aussi a dit] : ‟O, mes fils! Allah vous a délégué le Culte. Ne mourez point autrement qu'en Soumis [à Lui] !” (2, 125-126)
Le combat : Combattez dans le chemin d'Allah ceux qui vous combattent [mais] ne soyez pas transgresseurs. Tuez-les partout où vous les atteindrez ! Expulsez-les d'où ils vous ont expulsés ! La persécution [des Croyants] est pire que le meurtre. [Toutefois] ne les combattez point près de la Mosquée Sacrée [la Kaabah] avant qu'ils vous y aient combattus ! S'ils vous y combattent, tuez-les ! Telle est la récompense des Infidèles.
L'intervention d'Allah : La Vie Immédiate [est parée de fausses apparences] pour ceux qui sont infidèles et se gaussent de ceux qui croient. [Mais] ceux qui sont pieux seront au-dessus d'eux; au Jour de la Résurrection. Allah attribue [Ses bienfaits] à qui il veut, sans compter. (2, 208) […] Allah dirige qui Il veut vers une Voie Droite. (2, 213, fin du verste)
La figure d'Abraham : Abraham ne fut ni Juif ni chrétien, mais fut hanif [croyant au Dieu unique] et soumis (muslim) [à Allah] il ne fut point parmi les Associateurs. (3, 60)
La communauté [Ummah] musulmane : Vous êtes la meilleure communauté qu'on ait fait surgir pour les Hommes: vous ordonnez le Convenable, interdisez le Blâmable et croyez en Allah. Si les Détenteurs de l'Écriture [Juifs et chrétiens] avaient cru [en Allah], cela eut été mieux pour eux. Parmi eux, il est des Croyants, mais la plupart sont des Pervers. (3, 106)
Le "chemin d'Allah" : Que combattent dans le chemin d'Allah ceux qui troquent la Vie Immédiate contre la [Vie] Dernière. À ceux qui, combattant dans le chemin d'Allah, sont tués ou sont vainqueurs Nous donnerons une rétribution immense. (3, 76)
Contre ceux qui donnent des "associés" à Allah : Allah ne pardonne pas qu'il lui soit donné des Associés, alors qu'Il pardonne à qui il veut les péchés autres que celui-là. Quiconque associe à Allah des [épouses] est dans un égarement infini. (4, 116)
Avertissement aux croyants et aux non-croyants : O vous qui croyez ! , croyez en Allah , en son Apôtre, à l'Écriture qu'Il a fait descendre sur son Apôtre et à l'Écriture qu'il a fait descendre antérieurement ! Quiconque ne croit pas en Allah, [en] Ses Anges, [à] ses Écritures, [en] Ses Apôtres et au Dernier Jour est dans un égarement infini? (4, 135)
Jésus n'a pas été crucifié : [Nous les avons maudits] pour avoir dit : ‟Nous avons tué le Messie, Jésus fils de Marie l'Apôtre d'Allah”, alors qu'ils ne l'ont ni tué ni crucifié, mais que son sosie a été substitué à leurs yeux. (4, 156)
Les sous-titres de la Sourate 5 : La Table servie : (1-5) ‟Au Nom d'Allah, le Bienfaiteur et miséricordieux” suivi d'avertissements pour tous ceux qui désacralisent ce qui a été déclaré sacré ou sacralisent ce qui a été déclaré non sacré ; ‟Aujourd'hui J'ai parachevé votre religion, et vous ai accordé Mon entier bienfait. J'agrée pour vous l'Islam comme religion.”    (5,5);    suivent les paragraphes suivants :   (6-7) Des permissions alimentaires et matrimoniales ;    (8-9) De l'ablution:    (10-14) Admonition aux croyants, rappel des bienfaits d'Allah;    (17-22) Contre les Juifs médinois; contre les chrétiens et les Juifs;    (23-29) Contre les Juifs médinois, rappel des désobéissances à Moïse ;    (30-44) Le crime de Caïn;    (45-55) Contre les hypocrites et les Juifs médinois, rappel aux Juifs et aux chrétiens d'avoir à arbitrer selon la Thôrâh et  l'Évangile, compléments apportés par la nouvelle révélation de Mouham­mad;    (56-63) Interdiction faite aux Croyants de pactiser avec les Juifs et les chrétiens;    (64-75) Contre les Juifs médinois et les chrétiens;    (76-81) Contre les chrétiens: (82-89) Contre les Juifs, éloge des chrétiens; (89b-97) Interdictions alimentaires et autres; (98-104) De quelques sacralisa­tions, abolition de certaines pratiques; (105-108) Dispositions testamen­taires;    (109-120) Jésus simple prophète, ses miracles : Marie membre de la Trinité    (v. 116) : ‟O Jésus, fils de Marie, est-ce toi qui as dit aux Hommes: Prenez-nous, moi et ma mère comme divinités en dessous d'Allah ?” .
NB : Il n'y a pas de Sourate qui ne contienne de nombreux versets contre les Juifs et les chrétiens … de Médine. Mais ces textes ont été, de tout temps, généralisés.
Inspiration divine de Mouhammad : [Ceci est] une Écriture qu'on a fait descendre vers toi - que nulle gène ne soit en ta poitrine à son égard - afin que, grâce à elle, tu avertisses et [qu'elle soit] une Édification pour les Croyants. (7, 1)
Allah identifié comme le "Le Seigneur des Mondes" ["Dieu des Armées" biblique]: (7, 102) Moïse dit : ‟O Pharaon! Je suis un Apôtre du Seigneur des Mondes.” […] (7, 117-118) Les magiciens tombèrent prosternés et dirent : ‟Nous croyons au Seigneur des Mondes, au Seigneur de Moïse et d'Aaron”.
Appels au combat : Combattez ceux qui ne croient point en Allah ni au Dernier Jour, qui ne déclarent pas illicite ce qu'Allah et Son Apôtre ont déclaré illicite. […] Les Juifs ont dit : ‟Hozaïr est Fils d'Allah”. Les chrétiens ont dit : ‟Le Messie est Fils d'Allah”. Tel est ce qu'ils disent, de leur bouche. Ils imitent le dire de ceux qui furent infidèles antérieurement. Qu'Allah les tue ! Combien ils s'écartent [de la Vérité] ! (9, 30)
Tiré de l'Annonce faite à Marie (19, 16-41) : Elle (Marie) vint donc aux siens , portant [l'enfant]. ‟O Marie”, dirent-ils, ‟Tu as accompli une chose monstrueuse ! O sœur d'Aaron  ! Ton père n'était pas un père indigne ni ta mère une prostituée !” Marie fit un signe vers [l'enfant]. ‟Comment”, dirent-ils, ‟parlerions-nous à un Enfançon qui est au berceau ?” Mais [l'enfant] dit : ‟Je suis serviteur d'Allah. Il m'a donné l'Écriture et m'a fait Prophète”. (19, 28-30)
Le Buisson ardent d'Exode 3 : Est-ce que t'est parvenue l'histoire de Moïse lorsqu'il vit un feu et dit à sa famille : ‟Restez ! En vérité je distingue un feu. Peut-être vous en rapporterai-je un tison ou retrouverai-je, par ce feu, notre chemin.” Quand il fut arrivé à ce feu, il lui fut crié : ‟Moïse ! Je suis ton Seigneur. Ote tes sandales ! En vérité tu es dans la Vallée sacrée de Towâ. Moi, Je t'ai choisi. Écoute ce qui [te] sera révélé ! En vérité, je suis Allah. Nulle divinité excepté Moi ! Adore-Moi ! Accomplis la Prière pour m'invoquer ! ” (20, 8-14)
Suite à une calomnie accusant d'infidélité Aïcha, l'une des épouses de Muhammad et s'adressant à celles et ceux des Croyants qui y ont donné foi : N'eussent été la faveur d'Allah envers vous et Sa miséricorde en la [Vie] Immédiate et Dernière, vous auriez été atteints par un tourment immense pour l'œuvre à laquelle vous vous êtes livrés en colportant de votre langue et en disant de votre bouche ce dont vous n'avez nulle connaissance. Vous comptez cela pour bénin alors que devant Allah c'est immense. Quand vous avez entendu [cette calomnie], que n'avez-vous dit : ‟Il n'est point de nous de parler de cela. [Seigneur !] gloire à Toi ! C'est une immense infamie !” Allah vous exhorte à ne jamais commettre cela si vous êtes croyants. (24, 14-16)
Histoire de Jonas : En vérité, Jonas fut au nombre des Envoyés quand il s'enfuit vers le navire chargé, qu'il tira au sort et fut au nombre des perdants et que le poisson l'avala, tandis qu'il [se) blâmait. S'il avait été du nombre de ceux qui exaltent [le Seigneur] il serait demeuré dans le ventre du poisson jusqu'au Jour de la Résurrection. Nous le rejetâmes, dolent, sur la terre nue. Nous fîmes croître au-dessus de lui un pied de calebassier. [Ensuite] nous l'envoyâmes à cent mille [infidèles] ou plus. Ils crurent et Nous leur donnâmes la jouissance [de ce monde] pour un temps. (37, 139-148)
La poésie des premiers appels à la Mekke : Au nom d'Allah, le Bienfaiteur miséricor­dieux. Par la Clarté diurne ! Par la Nuit quand elle règne !, ton Seigneur ne t'a ni abandonné ni haï. Certes, la [Vie] dernière sera meilleure pour toi que la [Vie] Première ! Certes, ton Seigneur donnera et tu seras satisfait  ! Ne te trouva-t-il pas orphelin* si bien qu'il te donna un refuge ? Ne te trouva-t-il point égaré si bien qu'Il [te] guida ? Ne te trouva-t-il point pauvre si bien qu'il [t'] enrichit ? L'orphelin, ne le brime donc pas ! Du bienfait de ton Seigneur, parle [à autrui]. (sourate 93)
*Muhammad était orphelin, élevé par un oncle
Des premiers appels à la Mekke : Au nom d'Allah, le Bienfaiteur miséricordieux : Dis : ‟O ! Infidèles ! je n'adorerai pas ce que vous adorez. vous n'êtes pas adorant de ce que j'adore. Je ne suis pas adorant de ce vous avez adoré et vous n'êtes pas adorant de ce que j'ai adoré. Á vous, votre religion ! Á moi, ma religion !” (sourate 109)
Premiers appels, à la Mekke : Au nom d'Allah le Bienfaiteur miséricordieux : Dis : ‟Il est Allah, unique, Allah le Seul. Il n'a pas engendré et n'a pas été engendré. Nul n'est égal à Lui, personne !” (sourate 112)
La dernière et la plus courte sourate : Au nom d'Allah, le Bienfaiteur miséricordieux : Dis : ‟Je me réfugie auprès du Seigneur des Hommes, du Souverain des Hommes, du Dieu des Hommes, contre le mal du Tentateur furtif qui souffle [la tentation] dans la poitrine des Hommes, [tentateur] issu des Djinns et des Hommes.” (sourate 114)
 Je termine sur une impression générale qui vaut ce qu'elle vaut : Pour ceux qui peuvent lire le Coran, mais le lisent au premier degré (sans critique littéraire et historique, sans recourir aux interprétations) et schématisent le Message, cela rejoint le terrorisme intellectuel : Allah Miséricordieux et Com­patis­sant, UNIQUE, Om­ni­po­­­tent, Omnis­cient, qui garde en permanence un œil sur nous, nos pensées et nos actions "di­rige qui il veut et égare qui il veut";   le "chemin d'Allah" qui consiste à éliminer ou soumettre les non-musulmans (idol­â­tres, Juifs, chrétiens -mis dans la catégorie des associa­teurs-) autorise la violence morale et physique ;   il n'y a que deux alternatives : les Tour­ments éternels ou l'éternelle Félicité;   Juifs et chrétiens ont falsifié la révélation que Mu­ham­mad (qui est l'Esprit promis -Jean 14 et 17) via Gabriel restitue dans son authen­ticité.

Jacques Gruber

OCTOBRE 2015
L'  I S L A M

On écrit "Islam" (majuscule) quand on parle de la civilisation islamique et "islam" (minuscule) quand on parle de la religion, mais il est, le plus souvent, difficile de distinguer à quel "islam" on a affaire.

Le cœur de la civilisation et de la religion, jusqu'à l'obsession, est ALLAH, qui pré­side, de façon arbitraire, aux destinées des personnes (une sorte de prédestination), de la na­ture, de l'histoire. Le musulman vit dans l'environnement du sacré (de la vocation de Moïse, où nous voyons avant tout la déclaration émanant du buisson ardent sur le Nom de Dieu : ‟Je suis qui je suis” -ou ‟Qui je serai”- , le Coran retient essentiellement le rite du déchaussement avant de pénétrer sur une zone sacrée).

LES  ORIGINES
L'Islam possède une langue (l'arabe), une révélation (le Coran), une tradition (la Sun­nah).
Il se rattache à Abraham qui, selon la tradition musulmane, fuit Ur à cause des polythéistes attachés à des idoles. Pour cela, il est salué comme "le Père des croyants". Selon la même tradition, quittant Ur, Abraham s'installe à la Mecque où il respecte la Kaabah. L'Is­lam appelle "hanifisme" le monothéisme d'Abraham, la religion, qui découle de la révéla­tion dont Muhammad est le Prophète, sera celle de la soumission (islam).
Après Abraham, l'Islam se rattache à Ismaël, le premier de ses fils, issu de la servante Agar. Il connaît également Isaac, né de Sarah, l'épouse légitime, mais ne lui accorde qu'une place effacée. Le récit du "sacrifice" d'Abraham, dans le Coran présente soit la "ligature"  d'Ismaël soit celle d'Isaac, selon les sourates.
L'Islam que nous connaissons remonte au 7ème siècle lorsque Muhammad commence à annoncer le message de la soumission reçu d'Allah par le truchement de l'archange Gabriel.
L' "ère musulmane" commence en 622, date de l'exode (Hégire) de Muhammad-Mahomet de la Mecque à Médine.

L'EXISTENCE  MUSULMANE
On naît musulman, la circoncision en est la marque chez les hommes. Les termes d'incroyant ou d'infidèle s'adressent aux non-circoncis. Il est interdit de quitter l'Islam sous peine de mort.
Le monothéisme islamique exige de ne se donner aucune image et de détruire celles-ci, mais la calligraphie du Coran et les décors floraux sont admis. Il existe cepen­dant des miniatures persanes qui représentent de petits personnages et même Mahomet (dont le visage est remplacé par un ovale vide). Malgré leur monothéisme strict (on peut dire : monolithique), les musulmans ont conservé quelques croyances pré-islamiques comme les "djinns" par exemple.
La religion est réglée par un ensemble de rites : les cinq Piliers de l'Islam qui sont : la confession de foi (chahadah); les cinq prières quotidiennes, tourné vers la Mecque; l'aumône; le jeûne du mois de Ramadan; le pèlerinage à la Mecque au moins une fois dans sa vie. Les deux croyances dominantes sont les Délices éternelles du Paradis ou les Éternels tourments de l'Enfer.
La Prière ou Grande Prière du vendredi n'est pas un culte, mais une "prière" particu­lière­ment solennelle, elle comporte un message de l'imam (souvent un discours politique ou moralisateur).
Le djihad (soit la lutte contre nos mauvais penchants soit le combat de conquête ou de défense pour l'Islam, la "guerre sainte") n'est pas mentionnée dans les cinq Piliers, c'est, semble-t-il, une prescription de la Sunnah (ou même de la Chariah, à l'intérieur de la Sunnah).
Qui veut connaître la piété et la morale musulmane peut consulter le livre de l'imam An-Nawawî, Les Jardins des vertueux, édition bilingue arabe-français, avec commentaires, éditions Tawhid, 2011 qui donne les hadiths (propos de Mahomet hors Coran) authentiques. On notera la beauté de l'écriture arabe, le grand nombre d'obligations et d'interdictions et les commentaires qui confinent à la casuistique. Le premier chapitre de ce livre a, le plus, attiré mon attention. Il est consacré à l'intention : rien ne vaut que par l'intention de soumettre sa pensée et ses actions à Allah, les actes profanes ou religieux ne valent que pour autant que cette intention les anime.
La religion musulmane n'a pas de clergé (les imams -guides- sont souvent autopro­cla­més), s        auf dans sa version chiite qui possède des mollahs et des ayatollahs. La société musu­l­mane ne connaît pas de séparation de la théologie et de la politique, elle s'accompagne d'un contrôle moral, politique et religieux qui peut être lourd. Selon les temps et les lieux, l'Islam s'est donné des califes (successeurs de Mahomet, choisis parmi les membres masculins de sa famille), des Sultans (rois), des Émirs (princes).
Ce contrôle par la religion dans son interprétation intégriste est à l'origine du déclin de la philosophie, la poésie, les contes, l'astronomie et les mathématiques islamiques florissantes en un premier temps, déclin que l'on peut dater de notre 11 éme siècle.
Le sens de l'appartenance à la grande communion des "frères en Islam" (l'Ummah), que l'on soit arabe ou d'autre peuple, est très développé face au monde des non-musulmans, mais les musulmans entre eux connaissent des rivalités et se sont souvent entretués dans l'histoire.
La condition de la femme se borne au service de son époux, à la tenue de la maison, à l'éducation des enfants. En principe, un musulman peut avoir jusqu'à quatre épouses, mais, si sa fortune lui permet d'en entretenir plus, il peut encore en avoir d'autres.
Dans un État islamique, on admet quelques minorités religieuses qualifiées de "reli­gions du Livre", telles que Juifs ou chrétiens, mais ce sont des nationaux de seconde zone, des "dimis".

LE  MONDE  MUSULMAN
Il compte plus d'un milliard de croyants et se divise en deux branches : les Sunnites (les plus nombreux) qui se rattachent à la Tradition (en particulier à la Chariah qui règle la vie courante) et les Chiites (Iran, Irak) qui remontent au dernier Calife (Ali, gendre de Mahomet), assassiné en son temps et dont ils attendent le retour (le Madhi, le Messie). .
D'autres courants encore traversent l'Islam : le soufisme, le wahhabisme, le salafisme principalement. 
Les Alaouites, descendants d'une tribu de Syrie du Nord de l'Ansariya, 10 à 12 % de la population syrienne, dont est issue la famille des Hassad. Existent aussi au Liban et en Tur­quie.
Les soufis, confréries mystiques nées en Iraq au 8e siècle en opposition au légalisme officiel,
Le Tabligh société de Réveil active en Inde (originaire du Mewat), datant de la fin des années 1920.
Les Derviches tourneurs, confréries mystiques musulmanes, atteindre l'extase en tour­nant sur soi une main vers le ciel, une autre vers la terre;
Le wahhabisme (Arabie saoudite, intégristes puritains, Abd al-Wahhab, 1703-1792, écrasés par les Ottomans, il revit à partir de 1902),
Les Ottomans, empire Ottoman, début du 14e s. à 1922 : Turcs et domination turque avec pour centre Istanboul (ancienne Constantinople, ancienne Byzance), des Sultans, allant de l'Égypte à la Serbie. Alliés de l'Allemagne dans les derniers conflits. Occidentalisation avec Mustafa Kemal Atatürk, 1881-1938, alphabet latin, abolition du califat en 1924, capitale Ankara. Retour à d'islamisation avec le parti actuel de l'AKP.
Les frères musulmans, association panislamiste fondée en 1928 par Hassan al-Banna, en Égypte. Antioccidentaux, officiellement non violents, considérés comme terroristes par le gouvernement égyptien actuel. Le Hramas palestinien en est une émanation. Il est la branche armée dans la guerre contre Israël en 1948. Réprimés en Syrie par le père de Bachar el-Hassad. Il a une implantation aux États-Unis.
Les salafistes (pour la prédication et la conquête) : origine: commune au wahhabisme, (Muhammad ben Abdelwahhab, 18e siècle), ce sont des sunnites qui prêchent le retour à l'islam des ori­gines. Du mot "salaf" : prédécesseur, ancêtre (voir le roi du Maroc qui se dit descendant du Prophète et Commandeur des croyants). Deux familles : les salafistes pour la prédication (voir les pro­pa­gandistes musulmans allemands qui distribuent des Coran en traduction) et les salafistes pour le djihad, la conquête par la guerre sainte. Alliés du wahhabisme avec Muhammad ben Saoud, ils se sont, aujourd'hui, séparés.

Il existe, en France, divers mouvements musulmans réunissant un certain nombre d'associations cultuelles, chacun de ces mouvements se rattache à un pays d'origine (Algérie, Maroc, Turquie, Afrique, Comores, Antilles).Le Conseil National du Culte Musulman, en France, est le répondant officiel des musulmans pour l'État français.


MISE  EN  PERSPECTIVE
Dans la culture française actuelle, le qualificatif dépréciatif d' "islamophobe" peut relever du terrorisme intellectuel. Il faut pouvoir tenir sur l'islam un discours courageux afin d'aider les musulmans eux-mêmes.
Après une période florissante, la civilisation musulmane (littérature, science, astro­no­mie, médecine, mathématiques, philosophie, architectures, arts artisanaux - tapis, carreaux de faïence … Avicenne vers 980-1037 -Iran-, Khayyàm vers 1050- vers 1120-1135 -Iran-, Averroès 1126-1198 -Cordoue-Marrakech-) s'est effondrée sous le poids de l'obscu­ran­tisme religieux. L'islam, comme le bouddhisme, a été réveillé par la colonisation et les luttes de libération. Il se réclame de l'universalisme. D'autre part, un islam intégriste a repris force grâce aux inventions occiden­tales en matière industrielle (la rente pétrolière), en matière de communications et d'arme­ments qui peuvent être utilisés sans mettre l'idéologie en péril et retournées contre leurs inven­teurs (les occi­den­taux), c'et celui dont on parle le plus, mais il existe toujours aussi un courant d'islam spirituel (soufisme) et, particulièrement dans le pays occidentaux, un islam qui se veut ouvert à la modernité sans renier son héritage historique.
Il ne faut pas minimiser les résultats de la terreur qui sévit aujourd'hui dans le Proche-Orient. Simone Weil pensait que les nations peuvent passer, mais que l'esprit (culture, civilisation) ne peut être définitivement éradiqué, or, après un séjour dans le midi de la France, elle explique, dans un article paru dans Les Cahiers du Sud en 1942, que la civilisation occitane a bel et bien été éradiquée, tout comme le catharisme, par la terreur de l'Inquisition utilisant le pouvoir royal à titre de "bras séculier" (Simone Weil, L'Inspiration occitane, publié aux éditions de l'Éclat, par Claude Le Manchec, en 2014). N'oublions pas qu'il en a été de même pour les Vaudois du Lubéron, exterminés ainsi que leur Église, par François 1er. Semblable génocide a été mis en œuvre contre les Huguenots, en France (Massacre de Wassy, Saint Barthélémy, révocation de l'Édit de Nantes, dragonades). Le terrorisme érigé en idéologie étatique est une menace pour la civilisation musulmane elle-même qu'elle peut éteindre.


Nous sommes partie-prenante du bras-de-fer historique entre Occident et Islam : ou l'Islam se modernise ou l'Occident s'islamise. Importance de l'éducation et de l'instruction.

Jacques Gruber
Le périodique Paroles protestantes, Pays du Sud, a publié dans son numéro de l'Été 2015, un dossier sur l'islam.

Annexe : je vous donne, ci-dessous, le témoignage d'un musulman (Iranien) de notre 11ème siècle : Umar Khayyàm :

L'obscurantisme déjà en marche. Omar ou Umar Khayyàm, vit au 11e siècle en Iran (Perse). Mathématicien qui publie un livre d'Algèbre, qui a classé toutes les équations, astronome, poète auteur d'un recueil venu jusqu'à nous (les "Quatrains"), philosophe qui publie un livre sur l'existence (50e, 59e Quatrains), il aime les femmes et le vin sans s'en cacher (45e Quatrain), d'où des difficultés avec l'autorité politico-religieuse. Comme Kierke­gaard, philosophe occidental du 19e siècle, il est frappé par le désespoir (Kierkegaard: Traité du désespoir, 1843, vainc le désespoir existentiel par la foi, le livre susdit s'ouvre par une méditation sur le sacrifice d'Isaac), mais rien ne lui permet de surmonter ce désespoir dont il s'accommode ("Je vais noyer la misère de ce monde dans le vin", 21e Quatrain et son athéisme : "On me dit : Que Dieu te donne le repentir ! Il ne me le donnera pas, je n'en veux pas, n'en parlons plus", 64e Quatrain"). Il exprime un fatalisme que l'on a plusieurs fois associé à l'Islam : "Dieu savait dès le premier jour que je boirai du vin, Si je ne buvais pas la science de Dieu serait vaine", 75e Quatrain, "Nous sommes les pièces du jeu que joue le Ciel", 94e Quatrain. Déjà à cette époque, le poids du contrôle moral et social de la religion musulmane obscurantiste (qu'il critique: "Les guides eux-mêmes ont le vertige", 58e Quatrain), se fait sentir. Si Muhammad parle de la Bible sans en avoir jamais rien lu, des musulmans à sa suite l'ont fait et en ont une idée positive. Exemple, son 13e  Quatrain :

Voici maintenant pour le monde un peu de bonheur possible
Chaque cœur vivant a des aspirations vers la solitude.
Sur chaque branche, on croit apercevoir la blanche main de Moïse, [Exode 4, 6 : la main blanche de lèpre ou la main purifiée de la lèpre ?]
Chaque brise semble vivifiée par le souffle de Jésus”.

et le 70ème  :

Voici la saison où la terre se décore sous les brises du printemps
Et laisse s'ouvrir les yeux pleins d'espoir de la pluie,
Les mains de Moïse semblent argenter les jeunes branches,
Le souffle de Jésus s'exhale de la terre.”

Nous sommes loin des condamnations des non-musulmans (Juifs et Chrétiens, en particulier) que l'on peut lire dans le Coran.

Jacques Gruber


NOVEMBRE 2015
Préparation de l'anniversaire de la Réformation de 2017
après les textes centrés sur la Bible (la distinction entre Bible, Écritures et Parole, de janvier 2014 à octobre 2015), j'ouvre ici le second chapitre qui concerne l'Église. Afin de mieux situer la Réformation, je me propose de parcourir les grandes étapes de l'histoire de l'Église.
LA  PREMIÈRE  ÉGLISE   :  L'Église de la Pentecôte
 les deux premiers siècles
En cent-cinquante ans, partie de rien, l'Église, nouvelle venue sur la scène historique, a con­quis les esprits au-delà de tout pronostic.
Le mot d' "église" (ekklèsia)* servait à nommer l'assemblée des citoyens (masculins), réunis, sur l'Agora d'Athènes, pour délibérer des problèmes de la Cité et prendre les décisions nécessaires par voie de vote, de manière démocratique. Ce mot, passé dans le langage chrétien, retient l'idée d' assemblée : le QaHaL, le rassemblement d'Israël, au Désert, devant la Tente du Ren­dez-vous, laquelle abritait l'Arche qui contenait les Table de la Loi (les Dix Paroles, ou com­man­­dements).
* Le mot ekklèsia désigne l'assemblée des citoyens (mâles) d'Athènes, sur  l'Agora, en vue de décider des affaires de la Cité par des votes démocratiques. Jésus n'a pas employé ce mot, il parle du "royaume de Dieu". Les versets des Évangiles où ce mot est mis dans la bouche de Jésus sont à mettre au crédit des rédacteurs de ces Évangiles (ce que l'on appelle : le kérygme). En revanche, ce mot se trouve couramment sous la plume de Paul qui désigne par là non l'ÉGLISE, comme institution universelle, mais des églises locales.
Le choix de ce terme grec dénote l'intention des auteurs du Nouveau Testament d'être entendus de tous, car, à cette époque, le grec populaire (de la koïnè) était la langue du com­merce et de l'administration dans l'empire romain.
En 30 ou 31, cinquante jours après la crucifixion et la résurrection de Jésus, comme le relate le Livre des Actes des Apôtres (chapitre 2), le jour de la Pentecôte (fête juive des Semaines ou des Moissons : Chavouoth), les disciples reçoivent le Saint Esprit, à Jérusalem, dans la chambre haute où ils avaient coutume de se réunir, en particulier pour la cène. Les personnes présentes, parlant plusieurs langues différentes, entendent simultanément les paroles que Pierre adresse à la foule.
On ne parle pas encore de "chrétiens"*, le groupe des premiers disciples de Jésus auquel, Jacques, frère de Jésus s'est joint, continue de fréquenter le Temple, mais, rapide­ment, les Juifs vont s'opposer à ce groupe considéré comme hérétique. On relève deux persécu­tions juives : 1- celle qui suit la mise à mort d'Étienne qu'avait approuvé Saul (Paul), mais au cours de laquelle ce même Paul se ralliera au groupe des premiers "chrétiens", suite à l'apparition de Jésus reçue sur le chemin de Damas, et 2- celle d'Hérode-Agrippa 1er où périt Jacques (dit le Majeur), le frère de Jean (Ac 12), en 43 ou 44.
La prédication des Apôtres s'adresse aux Juifs comme aux non-Juifs (Grecs, païens), si bien que les premières églises vont être composées de membres issus du judaïsme (dits: "judéo-chrétiens") et issus du monde grec et du paga­nisme (dits "hel­lé­nistes" ou "pagano-chrétiens").
L'épître aux Galates fait allusion à des divergences graves entre Paul et Pierre (qualifié d' hypocrite, Ga 2, 11-14). En 48 ou 49, Pierre, Jacques et Jean, les dirigeants de l'église de Jérusalem, rencontrent Paul à Jérusalem (Ac 15). Ils y décident que Pierre aura en charge la mission auprès d'Israël et Paul, auprès de païens; qu'il ne sera pas exigé de circoncision ni d'interdits alimentaires (cachrout juive) pour les prosélytes d'origine non-juive.
Ces missions chrétiennes vont entrer en concurrence avec la mission juive qui ré­pon­dait aux aspirations de nombreux païens au salut du monothéisme juif. Pour les prosélytes qui reculaient devant la circoncision, celle-ci était remplacée par un "baptême des prosélytes". Par la suite, la mission chrétienne auprès des Grecs, que dirige Paul, aura pour effet que le nombre de chrétiens d'origine grecque dépassera vite et de beaucoup celui des chrétiens d'origine juive : l'Église deviendra entièrement "grec­que".
*Ce nom qui signifie quelque chose comme "les huilés", les "gominés", leur sera donné quelque années plus tard, à Antioche, par dérision (Ac 11, 26).
La particularité de cette toute première Église est qu'elle ne possède pas d'Écritures propres. Elle dispose du Premier Testament grec (la Septante, qui date de cent-cinquante ans déjà), de quelques lettres de Paul (écrites entre 51 et 56 ou 57) que les églises s'échangent et de traditions orales concernant les "paroles" ou les actes de Jésus. C'est une Église (des églises) dirigée(s) directe­ment par le Saint Esprit. Le Livre des Actes en donne de nombreux exemples, l'un des plus significatifs con­­cerne le passage de l'Évangile en Europe que relate Actes 16 (années 50-52).
Les églises ultérieures en­vie­ront  cet état de choses et chercheront parfois à le repro­duire (ce que l'on appelle "repris­ti­na­tion"), allant au devant de bien des déboires. 
À la fin des années 50, Pierre et Paul se trouvent ensemble à Rome. L'Évangile de Marc, premier du genre,  est rédigé autour de l'an 60. En 64, sous le règne de Néron, éclate le premier des grands incendies qui ravageront la Ville (en 64, puis en 80). Néron, accusé d'avoir lui-même mis le feu en accusera les chrétiens. Ce sera la première persécution romaine, persécution au cours ou à la suite de laquelle on pense que Pierre et Paul périront. En 64, à Rome, les chrétiens sont donc clairement distingués des Juifs, ce qui est une étape importante dans l'identification publique de l'Église.
Dans les mêmes années, Israël, désireux de re­couvrer son indépendance, affronte, par deux fois, la puissance romaine occupante. Sous le règne de Vespasien (69-79) première "Guerre juive"* qui se termine par l'incendie, puis la destruction du Temple de Jérusalem en 70 et la seconde qui prend fin en 135 avec l'expulsion des Juifs d'Israël (Grande Diaspora qui va durer jusqu'en 1948) qui devient alors "Palestine" (terre des Philistins, alors que ces derniers n'avaient jamais possédé jusque là que la Bande de Gaza). Au cours de cette période troublée, sont rédigés les Évangiles de Matthieu et de Luc (autour de 80) puis celui de Jean (vers 90) et les épîtres qui nous sont parvenues sous les  titres de "Aux Hébreux", Pierre, Jacques, Jean et Jude ainsi que le Livre de l'Apocalypse.
* La "Guerre juive" et les "Antiquités judaïques" sont les titres des deux livres écrits par Josèphe (Flavius Josèphe, né vers 37 à Jérusalem, mort vers 100 à Rome). Général juif, commandant la Galilée, c'est un témoin de première main. Révolté par les méthodes terroristes employées par ses soldats (zélotes, Juifs, nationalistes extrémistes), il change de camp et passe du côté romain où il se consacre, entre autre, à  la rédactions des livres précités.
En 70, le Sanhédrin s'est replié à Yavné (ou Yamnia) autour du Rabbi Yohannan Ben Sakkaï; les chrétiens s'étaient réfugiés à Pella (ville située au-delà du Jourdain, à la hauteur de la Samarie).
          Au second siècle, le christianisme connaît un succès certain auprès des Grecs ou "païens". Ce succès peut s'expliquer par un certain nombre de facteurs. Il y a d'abord la conjoncture : le monde romain de l'époque aspirait à une religion de salut, celles qui étaient proposées (manichéisme, gnose, religions à mystères, culte de Mythra, le Soleil invaincu etc.) n'entraî­naient  qu'un effet de mode. Beaucoup étaient séduits par le judaïsme de la mission juive de l'é­poque, mais étaient repoussés par divers aspects (interdits alimentaires, circonci­sion). L'É­glise était porteuse des principaux éléments du  monothéisme  juif elle n'avait pas d'interdits ali­mentaires et avait pour rite d'adhésion le baptême qui convenait aux femmes autant qu'aux hommes. Pourtant, le facteur décisif reste le message évangélique qui, par le Saint Esprit à l'œuvre, apportait une réelle libération de l'intelligence et des mœurs.
Nous possédons un témoignage de ce rayonnement avec l'œuvre de Justin : philosophe grec, né en Samarie vers 100, païen converti au christianisme, mort martyr à Rome en 165. Écrivain prolixe, il ne nous reste pas grand-chose de son œuvre, mais un livre de controverse avec un Juif qu'il appelle Tryphon. La visée du livre est d'attester que l'Église est le véritable Israël (pas le "nouvel" Israël, mais le "véritable"), que le christianisme est la "véritable" phi­loso­phie. Dès la moitié du deuxième siècle, on voit ainsi s'affirmer un universalisme totalisant   (et, peut-être, virtuellement totalitaire) qui sera exprimé par le mot de "catholique" (étymo­lo­gi­quement: "qui existe selon le tout", qui concerne et intéresse la totalité de ce qui peut exis­ter).
Au deuxième siècle, l'Église est déjà organisée autour d'un épiscopat hiérarchique (prêtres, évêques, archevêques, voir les Lettres d'Ignace d'Antioche) alors qu'à l'origine (voir les épîtres de Paul) les évêques (épi­scopes) sont des "surveillants" (il peut y en avoir plusieurs pour une seule église) ; il existe déjà des conciles où n'ont de voix délibérative que les évêques ; avant les Écritures, alors qu'il n'y a pas encore de canon du Premier Testament ni du Nouveau Testa­ment, il existe une doctrine imposée, obligatoire, qu'exprime le Symbole des Apôtres ; la su­pé­rio­rité des clercs (prêtres) sur les laïcs est déjà affirmée.
Jacques Gruber
suite, pour le mois de décembre, l'Église dans l'empire romain, le christianisme à la fin de l'Antiquité.

DÉCEMBRE  2015

L'ÉGLISE  CONSTANTINIENNE

PERSÉCUTIONS

Les persécutions romaines s'étendent sur une durée de plus de deux cent cinquante ans à partir de celle de Néron en 64, même l'empereur philosophe Marc-Aurèle (121-180) s'y est livré, la dernière, la plus virulente, étant celle de Dioclétien (303-305).
Les motifs et leur étendue sont variables, le point de départ était essentiellement le refus des jeunes gens arrivés à l'âge de citoyen de rendre hommage à l'empereur en jetant publiquement une boule d'encens dans le feu sacré. On connaît les chrétiens jetés aux bêtes dans les jeux du cirque, ils ont aussi servi de bouc émissaire (accusés d'un tremblement de terre en Thrace), connu la discrimina­tion, subi toute sorte de supplices, les jeunes femmes étaient envoyées dans les bordels des légionnaires.
Une des question posées  par ces persécutions concerne les chrétiens (principalement évêques et prêtres) qui avaient abjuré leur foi pour échapper à la mort au cours de la persé­cu­tion de l'empereur Dioclétien, au début du IVème siècle. Pouvait-on les réintégrer dans l'Église ? L'Église d'Afrique du Nord s'était divisée sur le sujet entre rigoristes (menés par l'évêque Donat, 270-355) et tolérants. En se rangeant du côté de la tolérance, l'Église officielle a pris une tonalité humaniste qu'elle conservera désormais, dès lors que les fautifs feront pénitence et rentreront au bercail. L'Église donatiste durera jusqu'au Vème siècle où Augustin la combattra vigoureusement.
Cette période a fait l'objet de discours apologétiques (Eusèbe de Césarée, dans son Histoire ecclésiastique, Chateaubriand dans Les Martyrs), les historiens d'aujour­d'hui ont tendance à minimiser les faits. En tout cas, personne ne note qu'en quelque lieu ou temps les chrétiens auraient pris les armes pour se défendre, mais plutôt que ces martyres n'ont pas empêché les ad­hé­sions au christianisme, selon la formule : ‟Le sang des martyrs était la semence des chré­tiens”.

CONSTANTIN (empereur de 306 à 337)

LA RECONNAISSANCE OFFICIELLE DE L'ÉGLISE

Le point de départ de la "conversion" de Constantin à la foi chrétienne est-il vraiment connu ? Il peut s'agir  d'une décision d'ordre purement politique (les chrétiens sont devenus la première force d'avenir de l'empire), d'un miracle attribué au Dieu des chrétiens (la victoire décisive sur son compétiteur Maxence, au Pont Milvius : ‟Ce signe te donnera la victoire”), de l'aboutissement d'une maturation intellectuelle et religieuse personnelle. À ma connais­sance, Constantin ne s'est pas exprimé sur le sujet. On sait que (pour des raisons qui peuvent nous paraître superstitieuses) l'em­pe­reur différera son baptême jusqu'à ses derniers instants.
En 313, par l'Édit de Milan, Constantin institue la liberté religieuse dans l'empire. On ne peut plus être poursuivi pour un motif religieux, mais le choix connu de l'empereur pour le christianisme vaut une confirmation publique qui constitue un avantage pour ce dernier dont l'essor n'est désormais plus contenu.  
En 330, l'empereur quitte Rome et inaugure la ville de  Constantinople (aujourd'hui : Istanbul), bâtie  sur le site de l'ancienne Byzance, qui devient ainsi la nouvelle capitale de l'empire. Il se rapproche ainsi des frontières orientales de l'empire, à cette époque les plus exposées aux poussées des peuples qualifiés de ‟barbares”.
C'est dans ces circonstances que naît l' ‟Église constantinienne”. Ce n'est pas encore une Église d'État, mais une Église appuyée sur le pouvoir, profitant de ce pouvoir et qui s'en inspire en plusieurs de ces aspects. On peut citer la division en diocèses (le même terme que celui de l'administration romaine) ayant un évêque à leur tête, les décisions de l'autorité suprême appelées ‟dogmes" (décrets), les édifices dédiés au culte appelés ‟basiliques" (mai­sons royales) et construits sur le plan des édifices publics (voir la Basilique de Trèves, la Madeleine, à Paris), les églises se doivent d'être aussi somptueuses que les palais royaux, les liturgies encore usitées aujourd'hui comportent des actes (baisers, génuflexions) et utilisent des vêtements liturgiques qui repro­duiraient certains usages et habits de la Cour byzantine. L'Église comme Sacerdoce renoue avec le modèle du Temple de Jérusalem cible fréquente des prophètes et même de Jésus.

LES  PREMIERS  CONCILES

En 325, Constantin convoque un concile à Nicée. Les évêques de l'empire sont réunis pour mettre un terme aux débats christologiques qui divisent les esprits. C'est Constantin qui préside l'assemblée et dirige les débats. À l'issue de ceux-ci, un texte, appelé Symbole de Nicée, énonce le dogme des deux natures, divine et humaine, de Jésus  (nature : en grec : ousia, traduit par substance, voire essence). Le prêtre alexandrin Arius (256-336) qui ne reconnaissait que l'humanité de Jésus est condamné. Il n'en continuera pas moins d'avoir encore longtemps et jusqu'à aujourd'hui, des parti­sans (le Coran et les musulmans à sa suite, soutiennent cette position).
Les pères de ce concile et des conciles suivants, ont travaillé à la conception  mono­théiste de la Divinité, avec la notion religieuse du "divin", au lieu du Dieu vivant, Seigneur à la fois saint et miséricordieux, dont on ne prononce pas le nom; adoptant la lecture grecque d'Exode 3, 14 (Dieu est l'Être), pensant avec les catégories hellé­nis­tiques de nature et de substance.
Il fallait avoir le courage de traiter ces questions fondamentales posées à notre foi, mais à l'époque, les esprits étaient influencés par la culture grecque ou, du moins, voulaient être entendus par celle-ci. Ainsi va naître la théologie qui aboutira à la définition spéculative de la Trinité (Symbole de Nicée-Constantinople, 381). À cette définition, comme telle remar­quable, mais difficile­ment accessible à tous les esprits, corres­pond une autre approche appelée "trinité écono­mique" : ‟Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l'amour de Dieu [le Père] et la communion du Saint Esprit soient avec vous tous !” (2 Co 13, 13).

Les dogmes christologique et trinitaires font appel à une raison spéculative que tout le monde n'a pas. Ce n'est pas une raison pour imposer ces définitions en leur conférant une valeur de Décret absolu. Il vaut mieux indiquer à tous que ces con­ceptualisa­tions renvoient à des intuitions essentielles qu'il ne faudrait pas évacuer sans discernement.

La suite montrera que les esprits n'étaient pas apaisés pour autant : une minorité soutenait encore une autre pro­po­si­tion (celle du patriarche de Constantinople Nestorius) : une seule nature de Jésus, en même temps humaine et divine. Rejetée au concile de Constan­ti­nople, sous le règne de Théodose 1er, en 381 (d'où le Symbole de Nicée-Constantinople), puis condamnée au concile d'Éphèse de 431, cette concep­tion gardera des partisans (les mono­physites) qui vont former une Église à part, l'Église nesto­rienne. Il faudra attendre Jean-Paul 2 pour qu'une réconcilia­tion intervienne entre Église nestorienne et Église ca­tholique.
Le concile de Chalcédoine (451), tenu sous le règne de l'un des petits-fils de Théodose le Grand, Théodose 2 (401-450), achèvera la doctrine christologique orthodoxe : le Christ possède deux natures, humaine et divine (contre Nestorius) unies ‟sans confusion, change­ment, division ni séparation” en une seule personne (l'union hypostatique) (contre Eutychès). De cette totale identification entre Jésus et Dieu découlera l'expression ‟Marie, Mère de Dieu” (grec : théotokos) ainsi que la sacralisation de toutes les personnes, tous les lieux ou objets en relation directe, effective ou supposée, avec Jésus, de tous les gens d'Église dont la position remonte aux temps apostoliques par une succession légitime (la succession apostolique). Dans Les Noms divins du pseudo Denys (ouvrage datant du Vème siècle), on lit "David Père de Dieu",  Jacques "Frère de Dieu". C'est un retour en force du sacré (lequel était, dès le principe, écarté par le récit de la création où il n'y avait d'existence que pour des créatures).
Les conciles mettront en évidence des luttes de pouvoir entre évêques qui forment des clans. Ainsi, celle qui a opposé Cyrille d'Alexandrie (380-444) à Nestorius (380-451) pour le siège du patriarcat de Constantinople. Grégoire de Nazianze (330-390, Patriarche de Constan­ti­nople, Père de l'Église, qui luttera pour obtenir la reconnaissance de la divinité du Saint Esprit) avait présidé la première session du concile de Cons­tantinople de 381, il ne présidera pas la seconde. Écœuré par cette atmosphère de co­te­ries il se retirera et rentrera chez lui. Mais la plus tristement célèbre est celle qui se déroule au concile d'Éphèse de 449 (concile non reconnu œcuméniquement) où un évêque (Flavien) sera tué par les sbires d'un autre (Dioscore). Le pape Léon 1er parlera du ‟brigandage d'Éphèse”.
UNE  PRIME  DONNÉE À L'ASCÈSE

Dans le monde méditerranéen de l'époque, l'ascèse était regardée comme un mode de vie d'élite. Elle touchait beaucoup de ceux qui aspiraient à une vie nouvelle, autant dans les rangs des diverses religions d'alors, des Sagesses, que parmi les philosophes (le stoïcisme par exemple ou la pensée de Philon). Certaines sectes gnostiques qui opposaient fortement le corps et l'esprit ont versé dans une stricte ascèse qui pouvait conduire au libertinage (puisque le corps était hautement méprisable). Les encratites, qui engageaient à ne plus du tout se marier, allaient très loin. Jean le baptiste est une figure ascétique, mais Jésus prendra une autre orientation, (Mat­thieu 11, 18-19; Jean 2, 1-2 et plusieurs autres endroits des Évangiles, voir aussi 1 Co  7,9 et les textes de Paul sur les libertins dans la même épître). Dans le premier christianisme, l'ascèse est présente dans les rangs des pagano-chrétiens, les œuvres de compassion des chrétiens ont fait l'admiration d'un homme comme Celse (2ème siècle), pourtant adversaire de la foi chrétienne. L'ascèse va se développer dans le christianisme du Proche Orient avec les ermites décidés à sa couper du monde pour mieux atteindre la sainteté (Pacôme 287-347, Jérôme 347-419, les ermites de Cappadoce dès la fin du IVème siècle), ensuite, ce seront des communautés entières de chrétiens, hommes ou femmes, qui se re­ti­re­ront dans des couvents pour entrer dans la condition nouvelle de moine ou moniale. L'ascèse connaîtra une accen­tua­tion avec le développement de l'éthique pénitentielle de l'Église. On peut y rattacher le courant d'éthique ecclésias­tique qui va prôner la virginité et la chasteté.

THÉODOSE 1er, empereur de 379 à 395

L'ÉGLISE d'ÉTAT

De 361 à 363, un empereur non chrétien, Julien, soutiendra une réaction païenne qui fera long feu. En 379, ce sera le tour d'un général d'origine espagnole, chrétien nicéen : Théodose 1er, dit "Le Grand". En 380, il promulgue un édit, l'Édit de Thessalonique, qui fait du christianisme la religion officielle de l'empire et de l'Église une Église d'État. Il s'ensuitune persécution des païens (temples rasés, statues brisées,discriminations). Dans cette atmos­phère surviendra, en 415, à Alexandrie, l'émeute au cours de laquelle les chrétiens s'en pren­dront à Hypatie, mathématicienne, philosophe néoplatonicienne, qui sera lynchée. L'Église d'État est la solution qui servira de modèle et qui règnera dans les monarchies absolues d'Oc­cident jusqu'à la Révolution française (et même, en France, jusqu'à la Troisième République). Nous retrou­vons le même régime aujourd'hui dans la plupart des États musulmans.
L'Église, désormais puissante, se sentira appelée à moraliser le pouvoir. Ambroise, évêque de Milan, obtiendra que Théodose vienne faire acte de pénitence suite à la répression de troubles civils à Thessalonique qui avaient fait plusieurs milliers de morts. Ambroise se réfère sans doute à la remontrance de Nathan adressée à David, lors de son adultère avec Bath-Chébah pour lequel le roi n'avait pas hésité à sacrifier le mari devenu importun (Uri) (2Samuel 11 et 12), mais Ambroise agit de puissance à puissance alors que Nathan utilise la simple parole.
À la mort de Théodose, l'empire, qui avait déjà, à plusieurs reprises, été scindé  en deux, sera définitivement divisé entre ses fils : l'Orient, avec Constanti­nople, revenant à Arcadius et l'Occident, avec Rome pour capitale, à Honorius. L'empire d'Orient subsistera jusqu'en 1453, lorsqu'il sera conquis par les Turcs, celui d'Occident se terminera en 476, lorsque le roi barbare Odoacre déposera le dernier empereur Romulus-Augustule. Déjà, en 410, Alaric, roi des Wisigoths, avait pillé Rome ("ville éternelle"), événement majeur, point de départ de la réflexion d'Augustin qui aboutira à son célèbre livre La Cité de Dieu (413-426) où il oppose la Cité de Dieu et la cité des hommes.
 Au IVéme siècle, en Orient comme en Occident, l'Église prend deux tournants déci­sifs : celui  d'une Église comme Sacerdoce et celui d'une théologie spéculative hellénisante.

En Occident, à partir de 476 commence le Moyen Âge. 
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