lundi 3 février 2020

année 2020



alleztheo premier trimestre 2020



PAROLE



La source hébraïque n'est pas la source grecque, elle est aussi discursive et cohérente, mais elle est logique sans être rationalisante.

La source hébraïque est dialectique (elle utilise des opposés non contradictoires, qui suscitent la réflexion, qui ouvrent des perspectives). Aisi, elle parle d'une justice qui est miséricorde en même temps que d'une miséricorde qui est justice et elle nomme  cela non pas Principe, Absolu, Sacré, Liberté, mais Parole qui renvoie à la Sainteté du Saint Unique de la Bible. Concept dialectique réciproque, autosuffisant.

Ce n'est pas ce que l'on appelle un oxymore (la justice inique, la miséricorde sans pitié). Ce n'est pas ce que l'on nomme un dilemme : deux termes entre lesquels il faudra nécessairement opter. Ce n'est pas une harmonie des contraires puisque ce sont des opposés pas de contraires. Ce n'est pas un paradoxe stérile, qui reste u jeu de mots, un jeux entre des concepts. C'est un paradoxe du style dialectique justement, qui produit quelque chose, comme, par exemple,  le hasard et la nécessité de qui découle l'univers. Ce n'est pas non plus  le pro-jet qui est liberté, c'est l'ouverture (autre façon de dire: le don) d'un a-venir (toujours à-venir), histoire, et Histoire.

Suivant la Bible, la Sainteté n'est pas offerte, elle est donnée, à la fois individuellement et universel­lement, surtout, elle est toujours en avant de nous. La dialectique de la justice qui est miséri­corde en même temps que miséricorde qui est justice, produit la Transcendance: une Parole d'à-venir qui ne cesse de venir à nous (non liberté, mais libératrice). En tant qu'elle est une délibération libérante, elle reste logique de bout en bout, mais comme toujours à-venir, elle n'est pas rationalisante. Parole donneuse de sens inépuisable, elle établit une relation toujours novatrice de personne à personne, ce que ne font pas le hasard et la nécessité.

La Bible, comme Premier Testament, contient les Paroles adressées historique­ment et prophétiquement au peuple Juif et, ensuite, de même, à ceux qui sont "En Christ", dans le Christ Jésus de Nazareth, avec la charge de les apporter à  tous les autres. 



Paroles qui suscitent la confiance parce qu'elles sont libératrices, qu'elles parlent au cœur et à l'imagination, qu'elles font penser et poussent à l'action et à la créativité.



Ajoutons que c'est ordinairement dans un deuxième temps que je rapporte cette Parole à Celui qui, seul, peut les avoir inspirées. Plus tard encore j'ai appris que celui qui se nomme lui-même ici "Seigneur Dieu" est le Saint Unique qui est justice et miséricorde, miséricorde et justice, jamais justice sans miséricorde, miséricorde sans justice (Ps 99, 8-9, Ps 103, le "Dieu jaloux" d'Exode 20,5-6) autrement dit: "paix". Et, mieux encore, à la suite de l'Évangile  de Jésus: "le Père".


ci-dessous : des exemple de la Parole : 

‟Mon âme, bénis le Seigneur ” (Ps 103, 1)



Question préliminaire : est-ce nous qui bénissons le Seigneur ou est-ce le Seigneur qui nous bénit ? Nous comprenons qu'ici le mot BâRaK est l'équivalent de "remercier" ou "louer".



La traduction courante de NèPhèCh  par "âme" n'est pas entièrement heureuse parce que, pour beaucoup, le mot d'âme est compris au sens grec de la psychè.

Dans l'anthropologie biblique, la NèPhèCh ne se sépare pas du corps, de l'esprit et du cœur (l'âme peut mourir avec le corps: Matthieu 10, 28), alors que, dans la pensée grecque, la psychè, immortelle par essence, s'unit avec un corps dont elle se sépare au moment de la mort. Pour la Bible, le corps, l'âme, l'esprit et le cœur ne se séparent ni dans la vie ni dans la mort.  Dans le monde grec, à la naissance, une âme immortelle, issue des sphères célestes, s'unit, pour un temps, avec un corps mortel. Lors de la mort, la psychè  quitte le corps et, selon ce qu' été sa vie dans le  corps,  rejoint soit son lieu d'origine, soit l'Hadès (Enfers).



Dans le cadre de l'anthropologie synthétique biblique, "mon âme" est l'équivalent de "mon être tout entier", "ma vie tout entière", "avec toute mon existence".



Selon une histoire bien connue, depuis qu'elle a été étudiée par Adolf von Harnack ( le courant principal du christianisme, en ses débuts, s'est fortement hellénisé. La pensée scientifique se superposant à cette évolution, on a pu en arriver à une série de difficultés :        - à quel moment l'âme s'unit-elle au corps? Est-ce lors de la conception, avec l'embryon ou avec le fœtus ?  

-  étant donné la séparation de l'âme et du corps lors du décès, il faut imaginer qu'à la résurrection des cops (Symbole des Apôtres), l'âme va revenir pour s'unir à nouveau au corps.(Catéchisme catholique, p.).



La résurrection n'est pas non plus facile à concevoir dans le cadre de l'anthropologie synthétique biblique. Si le corps et l'âme sont unis dans la vie et dans la mort, avec le décès tout disparaît (en quoi nous rejoignons le positivisme). Selon l'apocalyptique biblique, la résurrection universelle des humains au Dernier Jour se produit par une Parole de justice et de miséricorde qui prononce notre nom à partir de rien.



Mais l'espérance chrétienne ne se borne pas à cela. Elle tient compte d'une donnée nouvelle qui s'exprime de deux façons: en termes bibliques, d'une façon générale :  ‟Vos noms sont inscrits dans les cieux” et avec l'expression christologique particulariste : ‟ ceux qui sont en Christ”.

‟Vos noms, inscrits dans les cieux” (Lc 10-20):

‟En Christ”:



La laïcisation de la mort nous a donné des expressions du genre : ‟Tout retourne dans le circuit de la Nature”, ‟Il-Elle est dans la lumière”, ‟Il-Elle nous regarde de là haut”, ‟Son âme se promène dans les nuages”. Piste à suivre: accomplir, accomplissement: Il-Elle est accompli-e, dans son accomplissement (équivalent de la "Gloire"). Il n'et pas question de Paradis, mais cet accomplissement n'est pas solitaire, il est solidaire du royaume des cieux annoncé par Jésus.



‟Mon âme, bénis le Seigneur” pour la vie et pour l'espérance qu'il te donne.



C'est l'invite à reconnaître nos dettes: ceux qui nous ont donné le jour, un-e-tel-le et un-e-tel-le, tous ceux (éducateurs, enseignants, médecins) grâce à qui nous sommes devenus les adultes que nous sommes (même en remontant haut dans l'histoire), la Parole qui nous apporte l'appui nécessaire pour chaque jour.



Quand nous remercions le Seigneur pour tous ceux qui nous ont permis de devenir ce que nous sommes, nous faisons que la bénédiction du Seigneur repose sur eux. Ce qui peut entraîner la question: Est-ce qu'il y a des gens à qui j'ai permis de devenir ce qu'ils sont pour le meilleur ? Cela ne peut se savoir entièrement, cela reste un vœu.





LE  CULTE  LOGIQUE  de Romains 12,1

"Je vous exhorte donc, frères et sœurs, par les compassions de Dieu, à présenter votre corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu. Ce sera de votre part un culte logique" (Romains 12,1).

Logique, puisque, dans l'ordre de ce que Jésus a vécu, lui qui n'était ni prêtre ni lévite, mais qui vivait au quotidien sa relation exceptionnelle avec le Père.

La confiance dans le Père, via Jésus, sans rites, mais vécue dans la vie quotidienne comme écoute de la Parole, prière personnelle, actions caritatives.