samedi 28 mai 2011

année 2009, archives "alleztheo"




Nouveau texte : Loyaux-avec-la-foi.blogspot.com





pour encourager la théologie
Je me propose de publier ici, dix fois par an, un texte théologique ou spirituel, des compte-rendus critiques de lectures. Je suis de culture protestante, mais ma question con­cerne la façon dont le christianisme peut s’anticiper aujourd'hui. Pareille, perspective ne peut s’ac­com­moder d’une attitude purement confessionnelle ou dogmatique.
Je tire une inspiration indépassable de la source biblique et je m’adosse à la tradition chrétienne dont je suis solidaire. En même temps, je vis en tension l’incomplétude actuelle de la réalité et de la vérité (ce qui est différent du doute), avec les autres religions et cultures, la mo­dernité et la postmodernité.
Jacques Gruber

Janvier 2009

LA FEUILLE DE ROUTE DE JESUS



texte de Mt 5, 3-12
À propos de ce texte, André Chouraqui a fait la remarque que l’équivalent araméen du « bienheureux » (makarios) grec était ACheREY = « en avant, en marche ».
2 Et, prenant la parole, Jésus les enseignait:
3 "En avant les humbles : le Royaume des cieux est à eux.
4 En avant les doux: ils auront la terre en partage.
5 En avant ceux qui pleurent: ils seront consolés.
6 En avant ceux qui ont faim et soif de la justice: ils seront rassasiés.
7 En avant les miséricordieux: il leur sera fait miséricorde.
8 En avant les cœurs purs: ils verront Dieu.
9 En avant ceux qui font œuvre de paix: ils seront appelés fils de Dieu.
10 En avant ceux qui sont persécutés pour la justice: le Royaume des cieux est à eux.
11 En avant lorsque l'on vous insulte, que l'on vous persécute et que l'on dit faussement contre vous toute sorte de mal à cause de moi.
12 Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux; c'est ainsi en effet qu'on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.
Les Béatitudes peuvent constituer une bulle où l’on se satisfait de se trouver entre gens humbles, affligés, doux, justes, miséricordieux, cœurs purs, pacifiques, persécutés promis au ciel.
Elles peuvent aussi susciter l’incompréhension et le rejet : c’est un refuge pour les faibles, un programme de perdants, de battus d’avance, une exhortation à la résignation, un repli loin de la vie, une suite de paradoxes destructeurs.
La version avec « en avant » ressemble, elle, à une feuille de route. La feuille de route donnée par Jésus à ses disciples.
Relisons chacune de ces exhortations :
les humbles : ni prétentieux, ni arrogants ou hautains, ni esprits forts, pas non plus des masochistes, des gens qui connaissent bien leur place et qui s’y tiennent. Le royaume des cieux est à eux déjà et pas encore, il leur est donné d’être ici et maintenant des témoins de ce Royaume (en comportements, par leur tournure d’esprit).
ceux qui pleurent : ne pas s’apitoyer sur soi-même, se mettre debout et en marche, ceux qui sont dans le peine sont les mieux placés pour aider et secourir ceux qui sont dans la peine. Nous ne pouvons être consolés si tous ne le sont pas, alors, en avant, aidons-les à retrouver le goût de la vie.
ceux qui sont doux : la douceur est-elle mièvrerie, est-elle ruse ? La sagesse po­pu­laire dit : « Qui terre a, guerre a », le philosophe Malebranche qualifiait les conquêtes d’A­lex­an­dre de « brigandages » : personne n’habite durablement et en paix une terre qui a été ravie à d’autres. La terre au sens juif du mot, c’est la terre promise, la terre qui est vraiment nôtre n’est ni conquise ni acquise, mais promise, donnée et reçue.
les miséricordieux : ceux qui exercent la miséricorde découvriront que le monde n’est pas si mauvais qu’on le dit : ils rencontreront des gens miséricordieux. Des gens, un monde de dévouement, de compassion, de relèvement qui leur rendront la pareille.
les cœurs purs : le cœur est un hublot qui donne sur l’essentiel, si ce hublot est sale ou encombré nous ne verrons pas l’essentiel, nous ne le verrons pas bien, nous ne verrons pas que c’est Dieu.
les artisans de paix, le Dieu que nous rencontrons dans la Bible n’est pas celui que l’on peut rencontrer ailleurs dans d’autres religions ou chez les athées, c’est un Dieu de paix, qui est Paix (Dieu saint, juste et miséricordieux, Vie, Paix), les artisans de paix sont bien dits « fils de Dieu » dans cette optique. (NB : l’expression biblique : « Dieu des armées » nous renvoie à « l’armée des cieux », aux étoiles ; la Bible en français courant traduit : « Dieu de l’univers »).
Les versets qui suivent montrent bien qu’il ne s’agit de rester dans sa bulle, mais d’af­fron­ter un monde qui ne nous attend pas du tout, qui n’est pas disposé à nous accueillir, qui peut être hostile. La feuille de route de Jésus apporte avec elle le courage de Jésus lui-même. En acceptant cette feuille de route, nous rejoignons Jésus sur son chemin, il n’y a pas de suivance de Jésus sans partager les épreuves qu’il a lui-même rencon­trées.
L’intérêt de cette feuille de route est que, tout en étant performative (c'est à dire réalisant ce qu’elle annonce), elle ne produit pas d’inertie, pas de dégâts collatéraux, pas de passif, elle est réellement porteuse d’un avenir.

Jacques Gruber

Février 2009
Islam
Une constatation : Le visage de nos sociétés occidentales est en train de changer, jusqu’où cela ira-t-il ?
Il change sous la poussée des démunis de notre monde. Nous les avons dans une large mesure créés, mais ils sont aussi victimes de leurs us et coutumes qu’ils ne voudraient abandonner pour rien au monde. Le système politico-économique mondial ne fait qu’ac­cen­tuer ce mouvement parce qu’il est respon­sable de la mauvaise redistri­b­u­tion des ri­chesses. Il change aussi sous l’effet de ressentiments, de désirs de revanche et encore d’opportunités présumées de conquête ou de reconquête.
La brouhaha médiatique : Nous baignons dans une nébuleuse d’informations : en Allemagne, Thilo Sarrazin dénonce une subver­sion de sa société, une déculturation de son pays, suite à l’afflux des Turcs ; les votations contre les minarets, pour l’extradition des étran­gers ayant commis des crimes sont des succès en Suisse ; aux Pays-Bas, le parti de Gerd Wilders, qui assimile le Coran à Mein Kampf , trouve de l’audience et fait des adhérents ; en Grande Bretagne les écoles coraniques enseignent en détail la Cha­riah aux enfants; cer­tains musulmans ne font pas mystère de leur désir de voir les chré­tiens s’exiler ; les alertes aux actions terroristes d’Al Qaïda font pé­rio­diq­ue­ment la une des informations ; des fatwas de mort sont pro­non­cées contre les musulmans ou non-musulmans qui critiquent le Prophète, le Coran, l’islam ; des agences de presse se font l’écho du sort réservé aux femmes (dont plusieurs condamnation à mort) ou de la con­di­tion des chrétiens dans plusieurs pays du Moyen Orient ; chez nous, des cimetières musul­mans ou juifs sont saccagés, voire pro­fanés ; le port de la bourka, du niqab ou même du foulard isla­miques dans l’espace public font problème chez nous. Et cette liste n’est pas complète.
Les avis des observateurs : Un auteur américain (Samuel Huntington) qui avait parlé d’un « choc des civilisations », s’est fait rabrouer. Si nous adoptons la théorie de l’historien Arnold Toynbee qui explique l’his­toire par une succession de défis, nous reconnaîtrons ici le défi que notre époque doit relever : deux dynamismes (la modernité et l'is­lam) s’affrontent.
Les spécialistes de la socio-politique, qui observent les phénomènes de l’extérieur, sans prendre parti, sont tentés d’accepter le fait ac­com­pli. Lors d’une émission de « C dans l’air »,, le 22 septembre dernier, les personnalités réunies se sont trouvées à peu près d’accord sur l’idée suivante : Nous devons nous préparer à une coexistence de cultures sans assimilation, avec l’islam.
D’autres, plus engagés, tiennent compte de deux réalités : a) que le jeu démocratique joue contre la démocratie. Il suffit qu’à un moment donné de l’histoire la masse musulmane en Occident atteigne un point critique où elle pourra accéder au pouvoir pour que sa loi et sa foi prévalent (en tout ou en partie ou concurremment) dans nos pays sur le mode de vie occidental (hélas, bien souvent réduit au bien vivre, au mieux vivre) devienne minoritaire ; b) que, pour tout musulman conscient et organisé, l’implantation de l’islam en Occident fait partie n non d’un complot ni d’un programme, mais d’une idéologie d’islamisation du monde.
Quelques uns prennent conscience que notre Occident laïcisé qui a réduit la religion à la sphère privée rencontre des populations pour lesquelles la religion a une dimension politique. Pour eux, nos diri­geants se trompent lorsqu’ils font comme si la séparation du théolo­gique et du politique (le renoncement par les religions au contrôle politique et social), qu’ils ont obtenue de haute lutte chez eux, allait de soi pour tous leurs interlocuteurs et n’importe quel vis-à-vis.
Les États occidentaux qui, au nom des Droits de l’homme, ont opté pour des sociétés multicuturalistes, se trouvent en porte-à-faux parce que la culture occidentale (famille, pensée, civisme) se trouve dans un état de crise ou de délabrement alors que l’islam n’est pas d’a­bord une culture, mais une foi (pour un musulman : La Foi)
Au pire, toute critique est considérée comme du racisme. Beaucoup sont obligés de refouler leur opinion ou leur appréciation parce que, tout en étant foncièrement non racistes, ils savent que s’ils émettent des doutes sur le parti-pris muticultutrel régnant, ils seront honnis.
Le fait est que, mis à part Min Hadj, aucun musulman ne proteste contre le terrorisme islamiste, comme si eux-mêmes vivaient dans la peur. Cela nous fait souvenir des analyses de l’historien Jean Delumeau qui caractérisait le christianisme, en une période de son histoire au Moyen âge, de « religion de la peur ». Y a-t-il une opinion publique islamique?
Remèdes : l’alphabétisation pour ceux qui en ont besoin; pour les européens comme pour les musulmans : l’instruction (l’esprit et les matières scientifiques, mais aussi les langues anciennes et mo­dernes, l’ouverture de l’esprit aux humanités), l’éduca­tion ci­vile (laï­ci­té, liberté religieuse). La conscientisation pour des projets com­muns : droits de l’homme, sauvegarde de la planète, redistribution des richesses, conquête spatiale, par exemple.
Du côté chrétien : La séparation du politique et du religieux n’est pas un acquis de pour tous les chrétiens : Orthodoxes Grecs, Russes, Irlande, intégristes catholique­s, fon­da­men­ta­listes protestants.
Des organismes de rencontre et d’échanges ont été mis en place et fonctionnent tant du côté catholique que protestant en Europe, mais atteignent-ils au-delà du petit cercle des élites tant chrétiennes que mu­sulmanes ? Alors même que l’oe­cu­ménisme intra-chrétien ne sort pas de son hiver.
Les relations interreligieuses sont à l'ordre du jour, les théologies de la religion qui tendent à remplacer la théologie chrétienne.
Il n’y a pas de conseils à donner en ce qui concerne nos relations personnelles avec les musul­mans, dans chaque cas particulier nous avons à nous poser la question : mon vis à vis est-il deman­deur d’un dialogue, que peut-il m’enseigner sur sa foi, que puis-je lui dire de la mienne*, en quoi puis-je l’aider ou recevoir son aide, quelles sont les limites qui lui sont imposées, celles que je m’impose à moi-même ?
* (je constate combien les membres de nos paroisses sont peu au courant de leur foi et de leur Église, combien ils sont peu ou mal préparés à les présenter simplement et exac­te­ment, avec les nuances vécues dans notre –assez relative- diversité),
Il serait intéressant de savoir les expériences des uns et des autres en ce qui concerne les contacts qu’ils ont avec des musulman-e-s dans la vie courante. Je recevrai volontiers vos témoignages.
Balayons devant notre porte : Avant de mettre des étiquettes sur les autres et afin d’être des témoins, demandons-nous quelle est notre situation face à la modernité. Modernité qui résonne essentiellement comme liberté.
Que signifie pour nous le mot de « liberté » ? Faisons-nous la différence entre l’in­dé­pen­dance et la liberté ? Entre la liberté et l’indiscipline ? Entre la recherche de notre originalité et la liberté ? Entre notre liberté et notre difficulté à vivre en société ?
Une liberté sans responsabilité directe ou indirecte et sans risque pour soi et pour les autres, n’existe pas.
Comme protestants, nous n’avons ni interdits ni obligations ni croyances ni décrets dogmatiques, ni direction de conscience, en revanche, nous avons une inspiration qui découle de notre écoute de la parole de Dieu, des exhortations qui nous sont délivrées par la prédication de cette Parole, des exemples tirés de l’Écriture, de l’histoire du christianisme, des informations que nous recevons sur les témoins (peut-être les martyrs) actuels de la foi chrétienne, même si c’est parfois de manière critique, nous partageons le patrimoine spirituel, intellec­tuel, artistique, de l’Église, son histoire est nôtre, depuis ses ori­gines, nous avons une éthique et une pensée théologique vivantes auxquelles nous aident les biblistes, les théologiens, les histo­riens du christianisme, nous bénéficions du soutien et du secours vivants de la communauté locale, régionale, na­tio­nale, mondiale à la vie spirituelle, l’ac­ti­vi­té caritative et le témoignage de laquelle nous participons activement.
Jacques Gruber

samedi 26 mars 2011, sur le 5, à propos de la mosquée de Cologne : l’islam exige l’intégration, mais refuse l’assimilation ; nous, nous demandons l’intégration de l’islam, mais pas l’envahissement par un mode de vie, des traditions, une mentalité qui nous ramènent cent cinquante ans et plus en arrière (J.G. 27 mars 2011).


Mars 2009
CLEMENT ET MISERICORDIEUX
Le lundi 20 mars, à la tribune de la Conférence contre le racisme qui se tenait au Palais des nations à Genève, M. Ahmadinejad, président de la République islamique d’Iran a prononcé un discours mettant gravement en cause le sionisme, l’État d’Israël et le peuple Juif.
Ce qui m’a frappé, c’est que l’orateur a fait précéder ses propos vindicatifs d’une invocation au Clément et Miséricordieux.
C’est de ce même Nom que le terrorisme islamiste se réclame.
Cette contradiction est incompréhensible.
On pourrait penser qu’elle relève de la schizophrénie.
C’est le reflet d’une situation qui, naguère, était celle de la chrétienté. Au Nom du Dieu d’amour, n’avons-nous pas conduit des croisades, mené des guerres (même entre nous), brûlé, exterminé ?
L’Occident en a tiré des leçons : la séparation du théologique et du politique, la séparation des pouvoirs (législatif, juridique, exécutif) allant de pair avec la division du travail, la laïcité définie et vécue différemment ici et là, mais considérée comme irréversible.
L’islam n’en est pas là et cette vision moderne va à l’encontre de la Charia.
Nous n’avons pas de leçon à donner, mais nous ne devons pas non plus nous décourager du dialogue.
Nous avons plusieurs choses en commun : les roses (celles d’Ispahan, celles de Mandres), la Clémence et la Miséricorde divines.
La clémence parle le langage du pardon, la miséricorde parle le langage du cœur.
Nous demandons la clémence pour le pécheur repenti, pour les mauvaises pensées, les paroles blessantes, les injustices, les violences dont nous nous sommes rendus coupables.
La miséricorde s’exerce pour les malchanceux, les laissés pour compte. Elle guérit des frustrations et du ressentiment, du mépris dont sommes l’objet. Elle éloigne de nous la tentation de la supériorité.
Mais il y a des nuances : la Clémence est plus proche de la condescendance que de la compassion (bouddhiste, biblique) et la Miséricorde n’est pas encore l’amour au sens de la charité : l’amour de celui qui donne sa vie pour d’autres.
Clémence pour le fautif.
Miséricorde pour les blessés de la vie.
La Clémence et la Miséricorde sont des Voix prophétiques qui ouvrent des Voies de salut, elles nous parlent de Dieu comme de Celui qui ouvre les chemins de la réconciliation.
Or, dans la réconciliation personne n’est perdant, nous ne sommes pas obligés d’abandonner notre identité, au contraire, la personnalité de chacun, celle de Dieu, la nôtre, celle de tous les autres, Juifs, musulmans, chrétiens, hindouistes, bouddhistes, animistes, incroyants, s’y épanouit et, en même temps, aucun de nous ne peut se satisfaire de ce qu’il est, nous ne nous jalousons plus, nous éprouvons une émulation réciproque.
Jacques Gruber

Avril 2009

Sur Jean 15,12-17
Il y a une condition (« si vous faites ce que je vous commande, v. 14) et une promesse (Je vous appelle amis parce que tout ce que j’ai entendu auprès de mon Père, je vous l’ai fait connaître » v. 15). Le commandement c’est « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (v. 12).
Commandement qui est plutôt un exemple : « Si vous suivez mon exemple, vous serez mes amis ».
Promesse qui établit une double intimité : entre le Père et Jésus, entre Jésus et nous. C’est la médiation.
Élection : Cela ne vient pas de nous « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous a choisis » (v. 16) : le seul moyen est la grâce, il n’y a pas de raison. Comme dans le Premier Testament, l’élection est en vue d’une charge dans l’œuvre de Dieu.
Conséquence concrète : « Pour que vous alliez et que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure (v. 16). Ceux qui suivent l’exemple de Jésus portent du fruit. Nous en portons, vous en portez, mais nous ne les voyons pas parce que nous avançons sans nous retourner. Les autres les voient, les cueillent et s’en nourrissent. Parfois, si l’occasion s’en présente, ils nous remercient : « En ces moments cruciaux, vous m’avez écouté, parlé, embrassé, donné un verre d’eau, un sandwich, une couverture… ». Nous sommes alors les plus étonnés. Le souvenir de la rencontre nous revient bien, peut être même l’acte que nous avons accompli, mais jamais nous n’aurions pensé qu’il aurait eu une si grande conséquence.
Jacques Gruber

Mai 2009

À propos de deux maladies actuelles du protestantisme
Le christianisme est bien malade.
Chacune de ses branches a ses maladies propres.
Parmi celles dont souffre le protestantisme, je suis sensible à deux, en particulier : le fondamentalisme et l’exégétisme.
Le principe du protestantisme n’est pas sola scriptura, mais, ensemble, sola gracia, sola fide, sola scriptura : en latin trois ablatifs par trois façons d’être agis : par la seule grâce, par la seule foi, par la seule Écriture. Il s’agit « du » sola scriptura », pas « de la » sola scriptura .
Quand Dieu a agi par la grâce, il a, en même temps, agi par la foi et par l’Écriture et ainsi, pour chacune de ces trois affirmations.
L’Écriture, seule a être pourvue d’une majuscule, se détache des autres et les supplante.
De deux façons :
le fondamentalisme qui consiste à prendre le texte biblique à la lettre, considérer les événe­ments de l’histoire sainte comme appelés à se reproduire copie conforme, le texte se récrit dans le contexte d’aujourd'hui ;
l’exégétisme, l’exégèse, qui consiste à expliquer les textes, voire les décoder, est une excellente discipline, sauf si elle remplace le message. Le texte ne nous met plus en question, il est mis en question.
Prendre le sola scriptura comme une affirmation se suffisant et non comme un « être agi par » avec la foi et avec la grâce n’apporte pas la salut, mais remplit deux de nos aspirations humaines primaires : le simplisme (qui confond la Parole avec le texte) et la curiosité (qui met la Parole en question et non soi par la Parole).

Juin 2009
Se souvenir et apprendre
Devoir de mémoire, purification de la mémoire, débats et loi sur le niqab et la burka
Dans ses Mémoires d’outre-tombe, Chateaubriand disait en parlant des anciens émigrés auxquels les lois de Napoléon et de la Restauration avaient permis de rentrer en France : « Ils n’ont rien oublié et rien appris ».
Déportation : anniversaire de la fin des camps : sachons ne rien oublier et sachons apprendre quelque chose de ce qui s’est passé.
Niqab : la fidélité au Coran et à la Tradition exclut-elle d’apprendre qu’une civilisation ouverte, un pays choisi, une terre d’accueil, ne sont pas des nations conquises, que l’Europe a des valeurs propres qui sont non seulement respectables, mais d’avenir pour l’être humain ?
Nous souffrons encore aujourd'hui des séquelles du nazisme et du stalinisme, de la perma­nence des intégrismes, du fanatisme religieux. Nous avons souffert ou même nous souffrons dans notre corps, dans notre esprit, dans notre coeur. Notre Europe a traversé l’absolutisme royal, la Réformation, les Lumières, les révolutions, l’essor scientifique, le colonialisme, trois guerres suicidaires, elle a connu les humanismes athées, les théologies de la libération, les crises financières, économiques et sociales.
Qu’est-ce que cela nous a appris ? Est-ce la haine, l’égoïsme, la vanité de toutes choses, le relativisme, le nihilisme, le repli sur nous-mêmes, le libéralisme inconsistant, le laisser-aller moral, la préférence donnée à l’informel, la veulerie, la lâcheté ? Ou est-ce la lucidité spirituelle, le courage de protester et de résister au prix de nos biens, de nos affections et de notre tran­quillité ?
Pensons-nous en être quittes avec un culte du souvenir ? Avons-nous la nostalgie des temps passés, de la chrétienté constantinienne ? Nos comporte­ments extérieurs, très libres, peuvent habiller des menta­li­tés anciennes : médiévale, antique, barbare, patriarcale, archa­ïque.
Si nous n’avons rien appris, à quoi sert de se souvenir ? |A entretenir des ressentiments ? À nous conforter dans la bonne conscience .
Rappelons-nous l’histoire racontée par Martin Niemöller (pasteur allemand antinazi déporté au camp de Dachau dès les années 30) : « Ils sont venus arrêter les Juifs, mais je n’étais pas Juif, cela ne me concernait pas. Ils sont venus arrêter les communistes, mais je n’étais pas communiste, cela ne me concernait pas. Ils sont venus arrêter les tziganes et les homosexuels, mais je n’en étais pas, cela ne me concernait pas. Enfin, ils sont venus m’arrêter moi-même, et il n’y avait plus personne pour me venir en aide ».
Croire que Dieu a été (est) sourd et inactif, c’est la victoire posthume d’Hitler. et de Staline.
Avoir peur des fanatiques, c’est la victoire à venir des terroristes actuels.
Qu’avons-nous à apprendre de la Choah : une mémoire sans ressentiment, une leçon de vigilance. Qu’avons-nous à apprendre du niqab ou de la burka : à retrouver les racines vivantes de notre foi, à vivre d’une parole de Dieu qui ne soit pas transformée en traditions humaines.
« Il n’y a plus de paix pour personne » Jé12, 12, hors de l’Alliance de paix : Jé 34, 25, 37, 26.
Jacques Gruber
Juillet 2009

« Ceux-là sont fils de Dieu qui sont conduits par l’Esprit de Dieu. »
Le lundi 1er juin 2009, le vol AF 447 Rio-Paris s’est écrasé dans l’Atlantique, le dimanche suivant nous étions appelés à élire les députés européens. L’un des textes proposés pour ce dimanche était Romains 8, 14-16, j’ai trouvé qu’il convenait à la situation.
« Ceux-là sont fils de Dieu qui sont conduits par l’Esprit de Dieu : vous n’avez pas reçu un esprit qui vous rende esclaves et vous ramène à la peur, mais un Esprit qui fait de vous dans fils adoptifs et par lequel nous crions Abba, Père. Cet Esprit lui-même atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu » Romains 8, 14-16.
La vie conduite par l’Esprit est marquée par les repères que constituent le baptême et la cène. Ces deux moments ont un même contenu : l’union au Christ, mais le premier n’a lieu qu’une seule fois, il correspond à la décision (en principe personnelle) d’entrer dans la vie chrétienne, l’autre se répète tout au long de cette vie, ce sont des étapes, des reprises, des ressourcements. D’autre part, le baptême et la cène peuvent rester formels si nous n’avons pas de contacts réguliers avec la parole de Dieu et avec la communauté des autres chrétiens. Ils peuvent même être cause de scandale lorsqu’ils sont motivés par le seul désir de faire une fête, de recevoir des cadeaux, de faire comme tout le monde et surtout lorsqu’ils sont imposés par toutes espèces de pressions. Hitler et Staline, les nazis et les staliniens, étaient des baptisés, avaient participé à la cène, ils n’en ont pas moins été des fléaux pour notre humanité, des négateurs de la foi, des destruc­teurs du christianisme. On comprend pourquoi nos sœurs et frères pentecôtistes ou charisma­tiques en sont venus à re­qua­li­fier le baptême avec le « baptême de l’Esprit » : une effusion caractérisée pour eux par des dons exceptionnels comme de « parler en langues », de guérir, de recevoir des révélations, d’obtenir des miracles, de convertir.
Plus modestement et en toute vérité aussi, nous pouvons témoigner de la vie conduite par l’Esprit comme d’une vie élargie et affermie sur la base de la justice et de la miséricorde.
Une vie élargie parce que cet Esprit est « Dieu au-dedans de nous », parce qu’il s’agit de l’Esprit qui a présidé à la Création (Ge 1, 1-2). Il n’est ni l’esprit de l’Église, ni celui de quelque autre groupe humain que ce soit ni celui de la mondialisation. La vie conduite par l’Esprit n’est pas une vie conduite par l’Église, mais constitue l’Église. La vie conduite par l’Esprit nous situe dans les dimensions d’un monde et d’un univers ouverts. C’est un esprit de curiosité, d’inventivité, de générosité. En ce jour d’élections européennes, nous nous sentons à l’aise devant de nouvelles dimensions aussi bien spatiales que temporelles.
Une vie affermie : le Saint Esprit n’est pas une garantie contre les accidents, mais elle nous affermit, nous fortifie lorsque les accidents se produisent. Nous ne devenons pas indiffé­rents, stoïques, seulement, si nous sommes affligés, ce n’est pas comme des gens sans espé­rance (1 Thé 4, 13). Tout est dans la manière (nouvelle) que nous avons de recevoir ce que le destin nous envoie. À moins d’une semaine de l’accidente du vol AF 447, ces remarques prennent toute leur importance, aussi bien pour celles et ceux qui ont vécu ce drame (l‘éclair de l’Esprit soutenant nos esprits est plus rapide que la catastrophe) que pour ceux et celles qui se trouvent confronté-es à une (ou plusieurs) disparition brutale(s) d’êtres chers.
Sur la base de la justice et de la miséricorde : nos vies peuvent être élargies et affermies sur diverses bases : l’argent, le succès, la science, la confiance en soi ou dans l’Homme, la sagesse, la justice. Ici, la base est la justice et la miséricorde (la compassion et le pardon) puisque l’Esprit qui conduit nos vies est celui du Dieu de la Bible qui est Saint, c'est à dire justice et miséricorde. Il ne s’agit donc pas plus de la justice sans la miséricorde que d’une miséricorde sans justice. Chacun appréciera la solidité de cette base par compa­ra­i­son avec les autres bases.
La vie conduite par l’Esprit n’est pas un commandement (tu dois faire cela si tu veux être sauvé), ce n’est pas un avertissement (tu cours un risque majeur si tu ne choisis une autre voie), ce n’est pas une exhortation (dépêchez-vous de vous engager sur ce chemin avant qu’il soit trop tard), c’est un don que nous saisissons avec joie, un don qui ne fait pas de nous des obligés. Le Premier Testament parle d’Israël comme d’un serviteur (esclave) et d’un fils (Ex 4, 22-23a ; Lé 25,55), les évangiles parlent d’un maître (un entraîneur, un exemple) et de disciples (Mt 28, 16-20), Paul parle des enfants de Dieu, enfantés et dotés d’un avenir par l’Esprit d’adoption.
Jacques Gruber,

Septembre 2009
Pour une rentrée
Il y a deux mille ans, dans le peuple Juif, sur la terre d’Israël, naissait un homme à qui ses parents avaient donné le nom de Yéchoûha (ce qui signifie : « Celui que le Seigneur sauve » en araméen, la langue de l’époque, et correspond en hébreu à Yéhôchoua –Josué-). À la manière de l’époque, en Orient, il s’appelle Jésus fils de Joseph, ou de Joseph et de Marie ou encore Jésus de Nazareth, du nom de la ville où il a grandi. Vers la trentaine, adulte et mature, il va vivre une année qui va s’inscrire comme une traînée de lumière à travers toute l’histoire de l’humanité (trois années suivant le iv ème évangile). Pendant cette année, ses comportements et ses paroles vont susciter des réactions opposées.
Les uns voyaient en lui un rabbi, un maître qui parlait du royaume de Dieu comme on parlerait de sa terre natale, qui mettait en œuvre ce qu’il disait, qui accueillait aussi bien les Cananéens et les Samaritains (avec qui les Juifs avaient rompu toute relation) que les Romains (pourtant puissance occupante d’alors), qui avait avec Dieu (à qui il s’adressait comme à son Père) une relation immédiate. Si bien que certains disaient même de lui qu’il était un prophète, voire l’un des anciens prophètes ressuscité (Élie ou Jérémie, par exemple). Un jour, sur le chemin menant à la ville de Césarée de Philippe, Pierre est allé beaucoup plus loin, il lui a dit que, pour lui, il était le Messie (le Christ), le Fils de Dieu, mais Jésus lui a intimé l’ordre de ne pas répandre cette idée.
D’autres, en revanche, voyaient en lui un juif galiléen quelconque dont on connaissait les parents, les frères et les sœurs, ou encore un impie qui prenai des libertés par rapport à la loi, qui ne pouvait guérir que par la puissance de Béel-Zeboub (Satan), un agitateur qui compromettait la paix publique.
Lui-même se disait « Fils de l’Homme ». Il tirait cette expression du livre de Daniel où le prophète présentait sous cette appellation une figure de la fin des temps, un personnage annonciateur des catastrophes finales.
Il réunissait autour de lui un groupe de femmes et d’hommes au sein desquels il avait choisi douze disciples dont les trois plus proches se nommaient Pierre, Jacques et Jean. C’était sa communauté, sa secte si l’on veut.
Il arriva que ceux qu’ils dérangeaient, qui étaient du côté du pouvoir religieux, social et politique, ont eu raison de lui et ont obtenu du procurateur romain de l’époque sa condamnation à la mort par crucifixion (le supplice réservé aux esclaves). Alors qu’il agonisait sur la croix, les spectateurs ironisaient : « Il en a sauvé d’autres et il ne peut se sauver lui-même ».
Jésus n’a jamais rien écrit et, s’il est évident qu’il savait lire, peut être ne savait-il pas écrire. On ne lit nulle part qu’il fût un scribe. Or, petit à petit, après sa mort, des témoins de sa vie et de son enseignement vont réunir leurs souvenirs dans des textes de témoignage.
Ils le faisaient à la suite de la découverte, le troisième jour après son ensevelissement, au matin de Pâques de l’an trente environ, que la tombe de Jésus était vide et de quarante jours au cours desquels il s’était présenté à eux à plusieurs reprises et sous la poussée d’une force qu’ils identifiaient comme le Saint Esprit reçu cinquante jours plus tard par le groupe des disciples, mais qui étendait ses effets bien au-delà. Saint Esprit qui scellait en eux la certitude qu’ils puisaient de sa résurrection.
La récolte de ces témoignages, leur tri, leur interpréta­­tion parfois au sein de groupes, leur mise par écrit, et leur recueil sous forme de livre ont nécessité près de quarante ans. Pour le premier de ces témoignages (l’évangile selon Marc, dont la rédaction remonte peu avant l’année 70), Jésus est le Messie (le Christ), le Fils de Dieu, mais c’est à chacun, personnellement, de faire cette découverte, Jésus, lui-même, a toujours tenue secrète cette vérité.
Le second témoignage (l’évangile selon Matthieu, terminé vers l’année 80) présente Jésus comme le Sauveur du peuple d’Israël et des autres peuples, le troisième (l’évangile selon Luc, rédigé peu après) insiste sur l’aspect du Sauveur de tous les peuples.
Mais avant cela, dans les années cinquante, avaient circulé des lettres, écrite par un Juif qui n’avait pas connu Jésus de son vivant, mais à qui Jésus ressuscité était apparu, sur le chemin de Damas, où il se rendait avec le mandat d’arrêter les disciples de Jésus qui s’y trouvaient : Saul natif de la ville de Tarse (actuellement en Turquie) qui, aprè sa conversion se fera appeler Paul. Ces lettres rendent témoignage à Jésus comme le Ressuscité, le Christ.
Plus tard, à la limite du second siècle (autour de 100), Jean, l’un des douze disciples, rédige un évangile (le quatrième) qui témoigne de Jésus comme Dieu (le Créateur) fait homme. Dans cet évangile, Jésus parle beaucoup de lui-même : je suis la lumière du monde, le pain de vie, le chemin, la résurrection et la vie. Nous comprenons que Jean met dans la bouche de Jésus ce qu’il a, lui-même, découvert au contact de Jésus. Plus tard encore, paraîtra le texte de l’Apocalypse que l’on attribuera à Jean, exilé par la persécution de Domitien sur l’île grecque de Patmos. C’est un livre qui parle d’un Christ céleste (l’Agneau, l’Alpha et l’Ôméga) dévoilant la punition que Dieu va infliger à la puissance zigsmaine persécutrice présentée sous le nom de Grande Babylone, de Grande Prostituée.
Ces deux derniers témoignages sont plus éloignés, plus élaboélaborés et dans les trois premiers évangiles d’ailleurs ont été introduits de textes qui veulent déjà accréditer des thèses dogmatiques à propos de la naissance de Jésus, de son baptême, de sa transfiguration, de certains de ses miracles, de ses apparitions post mortem.
Plusieurs autres témoignages ont été écartés. On en a retrouvé quelques uns (Evangile des Hébreux ou des Nazôréens, de Pierre, de Philippe, de Thomas, Actes de Pilates, etc.). Ce qu’on peut dire à leur endroit, c’est qu’ils exagèrent l’une des lignes des textes précédemment cité et, par là, déforment le message, le comportement, la personne de Jésus, lui enlèvent sa complexité, suppriment les questions qui se posent à son sujet. Il fallait faire un tri, cela a été le travail des gens qui ont défini la liste (le canon) des écrits chrétiens ayant autorité. Travail qui ne se terminera qu’au iv ème siècle, parallèle à celui des rabbins sélectionnant les textes de la Bible juive sur une période plus longue encore (jusqu’au ? siècle).
Mon histoire s’arrête là, mais elle n’est pas achevée, elle continue et ce sont des gens comme nous qui, depuis des siècles, continuent de l’écrire à travers leurs témoignages. Prendre contact avec le comportement et le message de Jésus.

Jacques Gruber

Octobre 2009
CHÂTIER ou SAUVER ?
(annotations)
Le père châtie l’enfant qu’il aime, la médecine guérit le malade, le maître punit l’élève indiscipliné, le vengeur réintègre les victimes dans leurs droits et leurs biens, les dieux rétribuent les humains, le libérateur apporte la libéra­tion, le Ciel anéantit les impies, les sauveteurs viennent au secours des accidentésle juge applique la loi, condamne ou réhabilite, le policier verbalise le contrevenant, l’éducateur augmente les chances de chacunla morale sanctionne ceux qui enfreignent la coutume, la vertu mérite l’honneur
et la foi ?
Elle sauve ? (Il n’y a que la foi qui sauve, mais de quoi, comment, pour quoi ?)
Réconciliation, rédemption (rachat), régénération
Non pas prévenir plutôt que guérir, mai sauver.
L’interprétation basique est : le mal est un châtiment (divin) :
voir l’expression « qu’ai-je fait au Bon Dieu pour mériter ce qui m’arrive »
certains Juifs ont soutenu que la Choah était une punition pour les infidélités de son peuple.
Pour l’évêque de Linz, en 2009 : le tsunami était est une punition de Dieu pour les indonésiens et les touristes qui fréquentaient ces rivages.
Le sida est le châtiment de Dieu tombant à juste raison sur les homosexuels.
On trouve cette interprétation jusque dans la Bible : la maladie vient du péché Ps 38, 3-5 ; mais aussi Dieu guérit et pardonne, Ps 103, 1-5; Jn 9, 1-7 par exemple.
Nous y trouvons surtout la rupture du lien entre mal, malheur et punition : Ézéchiel : les enfants ne seront plus punis pour les fautes de leurs parents, Job 1, 20-22 et dans l’ensemble ; És 53, 3-5 (celui qui est humilié et souffrant est le serviteur du Seigneur, c’est à notre place qu’il porte ce fardeau), Hé 2,14-18 (il a souffert parce qu’il s’est entièrement mis à notre place, fin de pouvoir nous aider réellement) ; Jn 9, 1-7 : l’aveugle né est pour faire éclater la gloire de Dieu la gloire que Dieu met dans la guérison ;
Jn 8, 18-25 et les douleurs de l’enfantement.
Le problème aujourd'hui est qu’il n’y a plus de conscience universelle du bien et du mal, il y a une Déclaration des droits de l’homme, à côté de laquelle chacun définit le bien et le mal en fonction de son groupe, son église, son parti, ou soi-même
Mc 2, 1-12 : il n’en demeure pas moins que Jésus place le pardon des péché avant la guérison du paralytique. Je vois cela comme la paix avec Dieu : faire la paix avec Dieu avant l’opération pleine de risques, cette paix nous reste après notre guérison complète, mais la médecine ne donne que la guérison, pas la paix avec Dieu. nous pouvons nous retrouver guéris dans notre corps et toujours chargés de nos rancunes, rancoeurs, ressentiments, haines, animosités … en quelque sorte : guéris et néanmoins punis.
Péché originel : nos relations avec le Saint sont brouillées, perturbées, très mauvaises, reniées, le péché originel n’est pas la sexualité, c’est de vouloir etre Dieu , être comme Dieu
Pour les catholiques, la loi naturelle concerne l’ordre de la nature [ ??] considéré comme établi par Dieu, pour Calvin, la loi naturelle était la conscience universelle du bien et du mal, Jean-Jacques Rousseau pensait que ce dictamen de la conscience était universel (la Loi inscrite dans le cœur de chacun selon Jé 31,31), mais il a été compris au sens d’un dictamen subjectif. Pour Kant, l’impératif moral est universel été inné.
Jacques Gruber

Novembre 2009

LES FOURBERIES DE LA MARELLE
Le mercredi 21 octobre, la Compagnie lausannoise La Marelle a donné à la salle des Fêtes de Boissy-Saint-Léger un spectacle intitulé Les fourberies de Calvin
Cent trente personnes ont assisté à ce spectacle très bien joué et remarquablement mis en scène. J’y étais et je suis reconnaissant à La Marelle de m’avoir ouvert les yeux sur les fourberies de Calvin.
Sa première fourberie est de nous avoir fait croire qu’il s’appelait Calvin alors que son nom de famille est Cauvin. Dans la foulée, il a caché sa fourberie en prenant pour devise « Le cœur sur la main », et en avançant à visage découvert pour mieux cacher ses ruses.
La deuxième fourberie est de nous avoir laissé penser qu’après cette vie, nous pouvions espérer un séjour de paix entre humains pardonnés. Mais c’est tout autre chose. C’est un lieu où des justes se re­laient pour rappeler leurs fautes aux injustes. Les justes que sont Noé, Michel Servet ou l’abbé Pierre ne s’en font pas faute à l’égard du réformateur. Et ils ont bien raison puisque Noé était le seul juste à son époque, que Michel Servet était médecin et théologien alors que Calvin n’était qu’un pasteur, que l’on ne saurait reprocher à l’abbé Pierre quelques autres bûchers très catholiques et que tous les discours se valent du moment qu’ils sont sincères.
La troisième fourberie est de nous avoir fait croire que l’Église s’était réformée. Les acteurs nous ont très bien montré que c’est aujourd'hui bien pire que dans toutes les autres Églises. Je connaissais quelque exemples de la misère de nos églises locales, mais les acteurs nous en ont montré toute la gravité du mal : les conseils d’Église ridicules, la prédication prétentieuse et vide, le dévotion des publicités remplaçant le culte des reliques. On en a bien ri.
Le pire est que Calvin a réussi à nous faire croire qu’il possédait une dimension universelle sur les plans théologique, social, écono­mique, politique alors que son bilan est nuisible.
Dernière fourberie : Calvin, après avoir découvert, grâce à une vision, que Dieu était une femme et qu’elle était noire, veut retourner sur terre pour dire qu’il a eu tout faux. On ne le lui a pas permis de peur qu’il ne fasse pire encore. Et puis, ce n’est pas nécessaire puisque notre exégèse l’a bien corrigé sur ce point comme sur ceux de la prédestination et de du témoignage intérieur du Saint Esprit, de la sanctification qui ne sont, au mieux, que mômeries. D’ailleurs, les Juifs, les orthodoxes et les catholiques et même les musulmans sont là pour rectifier la fausse image que Jean Cauvin alias Jean Calvin nous a donnée de Dieu. Eux, ils savent depuis longtemps que Dieu est noir et que c’est une femme. Ils plaignent bien les protestants de demeurer seuls dans une si grande erreur, à cause de Calvin.
D’habitude, dans un procès, on a droit à un avocat et on peut produire des témoins à décharge. Si La Marelle n’a pas pu en trouver, c’est que Calvin est indéfen­dable. Pour­tant, quand même, il a créé une marque de sous-vêtements pour hommes qui est inter­na­tio­na­le­­ment appréciée.
Heureusement que nous avons La Marelle. Nous pouvons être fiers de cette troupe qui est l’ambassadrice de notre protestantisme. Nous lui souhaitons bon voyage et une suite méri­tée de francs succès auprès des gogos protestants et autres. Mais, surtout, qu’ils fassent atten­tion de ne pas rouler à contre sens (sur l’autoroute).
votre bon Entendeur (alias Jacques Gruber)

Décembre 2009
Rome-Cantorbery
Que s’est-il passé en novembre 2009 entre Rome et Cantorbery ?
Mgr Rowan Williams, primat anglican a rencontré le pape Benoît xvi au Vatican.
Les deux chefs d’Église ont signé un acte permettant aux fidèles et membres du clergé anglican qui contestent l’actuelle orientation de leur Église d’être accueillis dans l’Église romaine.
Dans l’Église anglicane, la contestation porte sur l’accès des femmes à la prêtrise et à l’épiscopat, sur certaines initiatives de mariages d’homosexuels qui ont eu lieu dans l’Église anglicane, sur l’accession à l’épiscopat d’un prêtre publiquement homosexuel (Mgr Robinson) aux États-Unis.
On évalue à cinq cent mille le nombre d’anglicans qui quitteraient ainsi leur Église pour devenir membres de l’Église catholique.
Dans un article paru dans le Monde en novembre 2009, le théologien Hans Küng a présenté les choses comme une instrumentalisation de l’Église anglicane par le Saint Siège. Benoît xvi y est accusé de procéder à des débauchages, de vouloir créer des uniates anglicans.
Je vois les choses autrement, Rowan Williams, et l’Église qu’il représente, ont semble-t-il pris les devants pour régler un problème interne récurrent de contestataires qui se sont mis en-dehors de la Communion anglicane en refusant d’appliquer les décisions prises synodalement.
Dans la Communion anglicane, les archevêques et évêques ne gouvernent pas directement, ils appliquent les décisions prises par des synodes réguliers.
Ainsi, l’Église anglicane, en la personne de son primat, a entériné pragmatiquement les conséquences de la situation créée par les contestataires.
Le pape a-t-il fait une pêche miraculeuse ou le primat anglican a-t-il procédé à une ablation chirurgicale indispensable ?
Sans doute un peu des deux. L’avenir dira si cette opération a été bénéfique pour chacune des deux Églises.
Jacques Gruber

       Du même auteur : « La Représentation de Dorothée Sölle, Revue d’histoire et de philosophie religieuse, Strasbourg, 66ème année, 1986, n° 2 et 3 ;
Entendre la Parole. Le témoignage intérieur du Saint Esprit, Paris, Édi­tions du Cerf, 2003,
« Vous serez mes témoins ». Pour un temps de confusion et de mutations, Paris, Éditions du Cerf, 2009.

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